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“A la croisée des cultures asiatiques, arabes, africaines et européennes, l’île rouge a toujours eu un penchant affirmé pour les cordes. Sur les côtes plus africaines ou sur les Hauts Plateaux du cœur de l’île où vivent les populations d’origine indonésienne, trois instruments clés de cette terre très métissée, la valiha, le kabossy et le marovany dominent depuis plusieurs siècles la vie musicale. ”

Les virtuoses des cordes malgaches

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Les plus célèbres joueurs de valiha sont Justin Vali et Rajery. Jouant aussi bien dans les groupes populaires que dans les groupes traditionnels, Justin Vali a transformé l’instrument diatonique en instrument chromatique.Son trio acoustique très swing qui explore nombre de styles de l’île avec Tao Ravao au kabossy et Dodo Tovoarimino (guitare, voix) remporte un franc succès aux Etats-Unis, au Canada et au Japon. Après avoir été amputé, enfant, d’une partie de sa main droite, Rajery s’initie au valiha et en devient au début des années 80 un des maîtres incontestés. Créateur d’une méthode et d’une école de valiha diatonique, auteur, compositeur, interprète, il propose une fusion de plusieurs musiques de l’île (Sakalava, Betsimisaraka et Betsileo).

Le virtuose incontesté du marovany, célèbre pour son lyrisme et aujourd’hui disparu, est Rakotozafy. Il a influencé nombres d’artistes dont Bekamby et Tombo Daniel. D’origine masikoro Bekamby vit aux alentours de Tuléar et pratique son art de manière traditionnelle accompagnant notamment les trombas. Daniel Tombo interprète une musique très syncopée propre à la région de Tamatave.

Le plus célèbre joueur de kabossy de Madagascar est sans aucun doute Jean Emilien. Il a modernisé le rija, un style originellement vocal de sa région, Fianarantsoa, et a adapté le kabossy auquel il rajoute une corde de basse puis s’est tourné plus tard vers le blues.

Des guitaristes sous influence

«~Tous les guitaristes de Madagascar ont été influencé par la technique du valiha,~» explique Solorazaf, guitariste international et directeur du label Musikela. «~Ils l’ont adapté mais n’ont gardé que la quintessence de cet instrument diatonique, à savoir l’accentuation, le côté mélodique, vide de sustain. Dans le style ba gasy des Hauts Plateaux, l’aspect fondamental, ce sont les polyphonies vocales et chaque instrument s’accorde à reproduire la ligne mélodique du chant~».

Guitariste vedette des années 1960; Freddy Ranarison valorise le salegy de la région centre de l’île. «~Il proposait alors un jeu extrêmement moderne, influencé par le valiha~», explique Solorazaf «~mais qui s’apparentait avant tout au jeu de Hank Marvin. Il a vraiment été le pionnier de la guitare électrique~». Créateur du tsensigat ou folk malgache né en 1972, Dama Mahaléo s’inspire du style de Crosby, Still, Nash & Young. dans la manière d’harmoniser les voix. et dans son jeu de kabossy et de guitare.

Les années 1980 sont marquées par le jazz avec les bassistes Toty et Sylvin Marc (qui mêle énergie funk et fébrilité malgache) et quelques guitaristes majeurs : Tao Ravao qui adapte au kabossy le jeu au blues en introduisant un slide pour faire des glissandos, (une technique ignorée des guitaristes malgaches amateurs du picking), Madagascar Slim qui joue un blues à partir de la guitare , des cuivres et de la valiha, Solorazaf marqué par Jimi Hendrix, la musique brésilienne et Elek Baczik qui marie dimensions rythmiques des machines et culture harmonique, Erick Manana qui avec Colbert Sakelidalana modernise le ba gasy en apportant de nouvelles richesses harmoniques et D’Gary formé à la technique du marovany par le maître Boloko dont il emprunte le style et une grande partie du répertoire.

En matière de musique classique reste Etienne Ramboatiana alias Bouboule, excellent pédagogue et formateur de toute une génération de guitaristes.

Pour en savoir plus consulter :
– les bios des artistes
– les fiches instruments
– les fiches styles
– l’histoire musicale de Madagascar.

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À propos de l'auteur

Sylvie Clerfeuille

Sylvie Clerfeuille

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