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“236.040~km² - 41.487.965~h - Capitale : Kampala”

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Un pays au carrefour des cultures bantoue, nilotique et soudanaise

Situé dans la région des Grands Lacs qui donne sa source au Nil, l’Ouganda est un carrefour de trois grandes aires culturelles et musicales : bantoue, nilotique et soudanaise. Ce pays qui tire son nom du peuple banda dont le dernier roi Kabaka est mort en exil en 1967, dispose d’une grande variété de rythmes et d’instruments : on trouve notamment des flûtes et trompes (trompes agwara de Nebbi, bila de la région acholi), des arc musicaux (sekitulege), des harpes adungu (région de Nebbi) et aryedo et tum ( régions acholi et lango), des cithares nanga (Kigezi), des lyres (ndongo), des violons (endingidi), des xylophones (madinda des Buganda), des sanzas (lukeme des régions Busoga et Baganda), des hochets (nseege) sans oublier une multitude de tambours (mbutu, pungi, ngalabi, mankasa).

Cette richesse instrumentale s’explique également par les vagues récentes d’immigration depuis les pays frontaliers (Soudan du Sud, Congo, Kenya, Tanzanie, Rwanda) qui ont contribué à alimenter un répertoire allant des musiques à base de percussions comme celles rythmant les cérémonies de circoncision de la région Est, aux ballades des peuples nilotiques bercées par les harpes en passant par les orchestres de trompes agwara de l’Ouest du pays.

La musique ougandaise se décline donc en différents genres dans sa forme traditionnelle : on trouve ainsi la musique religieuse, les chants de cérémonie, les chants de guerre, de réjouissance, de travail, les musiques de danse (Amaggunju, Bakisimba, Dingi Dingi et Entogoro) et les poèmes récitatifs.

Musique de cour

Dans les musiques de cour, les plus connues sont les musiques de louanges des cours des rois Ganda, Nyora et Ankole enregistrées dans les années 1950 par le musicologue sud-africain Hugh Tracey. Très variées, ces musiques pouvaient être à base de flûtes et de harpes ennanga, jouées en solo ou accompagnant les chanteurs. Existaient également des pièces pour madinda accompagnées ou non de tambours, des trios à base de lyre, de violon et de percussion accompagnant le chanteur.

Dans cette musique de cour, on trouvait également des ensembles de trompes Nyoro. Les musiques de cour baganda ont été redécouvertes et enregistrées à l’Université d’Edinbourg en 1988 par le musicien et musicologue ougandais Albert Ssempeke qui a reconstitué un orchestre de cour, Aboluganda Kwagalana. D’autres artistes perpétuent cette musique comme Evalisto Muyinda, Annet Nanduja and the planets et les ensembles Sulayiti Kalungi de Kampala & Kanyanya Muyinda de Kanyanya. Parmi les artistes qui perpétuent les musiques traditionnelles, on trouve également la troupe Ndere Kikwabanga, artistes résidents du Théâtre National, qui diffuse les chants et les danses du pays Ngaali.

Musiques chorales

L’Ouganda est un pays de chorales essentiellement religieuses qui se produisent dans les fêtes communautaires, les théâtres et bien sûr les cérémonies chrétiennes. Elles sont souvent accompagnées d’instruments occidentaux et ougandais et tournent parfois au niveau international comme les chorales d’orphelins victimes de la guerre, African Children’s Choir et Watoto Children’s Choir ou The Mass Choir, une formation d’adultes populaire au niveau national.

Kadongo kamu, version ougandaise de la rumba congolaise

La scène musicale ougandaise contemporaine a mis longtemps à trouver son identité et à s’imposer du fait du manque de structures de production et de distribution. En 1956, une usine de pressage montée par un industriel allemand s’installe à Kampala mais dépose le bilan quelques années plus tard et les artistes partent enregistrer à Nairobi. Dans les années 1960, les artistes ougandais subissent l’influence de la rumba congolaise et kenyane, reprenant notamment les techniques de guitares tournantes et accueillent dans les clubs de Kampala de nombreux artistes de ces pays. Le genre acoustique et à base de guitare influencé par la musique buganda s’appelle le Kadongo Kamu et sera popularisé à cette période par Fred Masagazi et Elly Wamala. Les principaux acteurs de la rumba des années 1960 et de sa version ougandaise, le kadongo kamu, sont Charles Sonko et sa sœur Frida accompagnés de l’Equator Sound, Philip Wamala, Billy Mbowa et les AGS Boys sans oublier Fred Masagazi chantant au sein du King Jazz d’Equator et bien sûr Freddie Kigozi alors membre de The Hodi Boys (il fera plus tard partie de l’Afrigo Band). Cette influence persistera jusque dans les années 1970/80.

Le régime de terreur imposé par Idi Amin Dada contribue tragiquement à cet appauvrissement de la vie nocturne et de la création musicale. Certains artistes percent malgré tout pendant cette période difficile comme Peterson Mutebi and The Tames, Freddy Kanyike and The Rwenzoris et Jimmy Katumba and The Ebonies et The Afrigo Band, un des groupes leaders du pays à ce jour.

Renaissance de la scène nationale, Kidandali , reggaeton/dancehall et folk revival

Il faudra attendre 1986 pour que la scène musicale renaisse de ses cendres, les grands hôtels accueillant essentiellement des groupes congolais. Les radios privées naissent, diffusant du rap et du ragga, deux genres très populaires auprès de la jeune génération, un succès renforcé par la venue en 1998 à Kampala du chanteur jamaicain de reggae Red Rat et par des artistes comme Shabba Ranks et Buju Banton qui vont inspiré Shanks Vivi D, Ragga Dee, Menton Krono, Rasta Rob mais surtout Chameleone, Bebe Cool et Bobi Wine, les stars du genre.

Cette influence du dancehall et du reggaeton entraîne la fusion de la rumba ou du soukouss congolais et de ces deux genres dans un style baptisé kidandali et popularisé par l’Afrigo Band puis des artistes comme David Lutalo et plus tard Papa Cidy and Chris Evans. La scène des années 1990/2000 sera marquée par des artistes comme Minsuseera, Ssegamwenge, Fred Prossy Sebatta & Alice Nabatta, Etaala y’obafumbo, F.Namusoke , Fred Sebaale & Irene Nakitto et The Nantalibika United Singers.

Quatre artistes exilés vont s’imposer au niveau international dans les années 1980/1990 : Philly Lutaaya, Achilla Orru, Geoffrey Oryema et Samite optant pour un folk valorisant les musiques et les styles traditionnels du pays.

Un folk revival incarné au pays par des artistes comme Bernard Kabanda.

*Sources :
Jaquettes des CD « The Kampala Sound » de John Storm Roberts et « Ouganda, aux sources du Nil » (Ocora)
Sites : www.africaonline, www.ugandahouse.com et www.ugandamusic.com.

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À propos de l'auteur

Sylvie Clerfeuille

Sylvie Clerfeuille

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