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“4.033~km² - 583.255~h - Capitale : Praia”

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L’archipel du Cap-Vert

L’archipel du Cap-Vert se divise en deux séries d’îles : au sud les îles de Sotavento (Brava, Fogo, Santiago et Maio) et au nord les îles de Barlavento (Boa Vista, Sal, São Nicolau, Santa Luzia, São Vicente et Santo Antão). Santiago comprend à elle seule plus de la moitié de la population du pays, dont la capitale Praia, située à 644 km de la presqu’île du Cap-Vert, au Sénégal.

Un entrepôt d’esclaves

Colonisé par les Portugais pendant six siècles, le Cap-Vert, utilisé comme entrepôt d’esclaves, est une terre de métissage. Dans les îles de Sotavento s’installèrent des esclaves parmi lesquels des Guinéens devenus plus tard cultivateurs. Ils apportèrent leurs talking-drums (tama (tambours d’appel)), empruntèrent les tumbas aux Portugais et imposèrent leurs rythmes d’origine : le batuque de Santiago joué par les femmes, le funana (dont le nom est tiré du fun gaga) et la tabanca (deux expressions emmenées par les esclaves venus de Guinée).

Morna et coladeira

Née dans l’île de Boa Vista, la morna installée ensuite à Boa Vista se chante pour la partida (sentiment de départ). Très nostalgique, elle se chante dans les années 1950 avec les « violas » (guitares à 10 cordes), la nuit au clair de lune pour donner la sérénade à sa belle. Le plus grand chanteur de cette époque est Lela de Maninha. De grands compositeurs de morna emprunteront sa voie, dont Eugenio Tavares et Francisco Xavier da Cruz aka B. Leza considéré comme l’une des figures emblématiques du genre.

La coladeira de Sao Vicente vient du mot « cola » (collé serré), une danse exécutée pour la fête de Sao Joao (la Saint-Jean). Extraite de la morna et accélérée, elle devient une musique de danse. Dans les années 1950, des groupes amateurs animent les bals, jouant une musique acoustique (guitare, cavaquinho, pandeiro et cuivres). Radio Club Mindelo et Radio Barlovento diffusent alors des musiques du Portugal et du Brésil reprises par les musiciens de l’archipel.

Les capverdiens à la conquête du monde

Après la Seconde Guerre mondiale, des Capverdiens s’exilent au Sénégal, en Europe et aux Etats-Unis. Luis Vieira Da Fonseca aka Fonseca crée dans les années 1950 à Bruxelles, en Belgique, Les Anges Noirs, un groupe dans lequel joue Manu Dibango. Afro-cubain, highlife, Cha-cha-cha, coladeira, morna, bolero, merengue feront sa popularité en Belgique, en Afrique et aux Antilles.

Voz di Cabo Verde et Bulimundo

A partir des années 1960, ces exilés rapportent l’instrumentation électrique (guitare, orgue, batterie) : la coladeira renaît avec l’album « Damsando com Voz di Cabo Verde » du groupe Voz di Cabo Verde de Luis Morais, Morgadinho, Djosinha, Toy d’Bibia aka Toy Ramos, Frank Cavaquinho et Chico Serra.

Dans les années 1970, le groupe Bulimundo de Katchass et des frères Zeca di Nha Reinhalda et Zeze di Nha Reinhalda relance le funana, musique rurale longtemps méprisée tandis que Os Tubaroes, spécialiste de coladeira triomphe grâce à son chanteur de morna Ildo Lobo. A la même période, la formation Cabo Verde Show popularise tous ces genres en Occident.

Cesaria Evora l’internationale

Les années 1980 voient l’apparition du groupe Finaçon (nom d’un chant improvisé de l’île de Santiago) qui crée la funacola, mélange de funana et de coladeira alors que la morna s’impose au niveau international avec des chanteurs tels Bana, Celina Pereira, Titina, Gardeinha Benros et surtout Cesaria Evora dont la voix séduit la planète entière.

Le retour du funana

Dans les années 1990, revient en force avec Ferro Gaita, funana des frères Zeca di Nha Reinhalda et Zeze di Nha Reinhalda, les compositeurs Orlando Pantera, Ze Henrique, Norberto Tavares, Beto Dias, Kaka Barbosa ou encore Kino, artiste basé à Rotterdam (Hollande) et le mêle à la house music.

Tandis que Tito Paris impose sa morna symphonique, Vasco Martins propose une intéressante symbiose entre divers styles capverdiens et musiques électroniques.

Cabo-zouk, Cola-zouk et Creole Rap

D’autres styles s’imposent dans les communautés de l’immigration (Etats Unis, Hollande) : le cola-zouk ou cabo-zouk, la coladance, notamment avec des artistes comme Calu Bana, Beto Dias, Djedje, Roger, Philip Monteiro, etc.

Le rap fait son entrée avec des jeunes capverdiens de France : Ize MC qui le mâtine de ragga, de funana et de morna (donnés par la gaïta), Elizio, Philip M et Jacky Brown. Basé à New Bedford, aux Etats-Unis, Djedje lance le hip hop créole. Trois jeunes groupes percent sur la scène hollandaise : The Real Vibe qui décroche un concours de free style en 1991 ou Black Side de Rotterdam mêlent rap, ragga et zouk.

Dans les années 1980/2000, de nouvelles voix féminines s’imposent, comme Ana Firmino, Fantcha, Maria de Barros, Maria Alice, Karin Mensah, Mayra Andrade, Jenifer Solidade, Sara Tavares, Lura, Elida Almeida

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À propos de l'auteur

Sylvie Clerfeuille

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