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“1.865~km² - 1.240.827~h - Capitale : Port-Louis”

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La terre du sega

Que serait L’Ile Maurice sans Ti Frère, Fanfan et Serge Lebrasse ? Une île sans mémoire. La légende du séga traditionnel, le plus africain, celui des ravanes, ces grands tambours que l’on bat d’un rythme à trois temps et qui va en s’accélérant à mesure que la nuit avance, la voix éraillée de Ti Frère éteinte en 1999 a pu revivre grâce à l’album « Hommage à Ti Frère » enregistré par la maison de disques Ocora peu de temps avant sa disparition. Admirateur inconditionnel de Ti Frère, conteur autant que musicien, qu’il écoutait, adolescent, officier sous la varangue de sa boutique, Serge Lebrasse a suivi la lignée de son idole et a pu imposer en 1995, à Londres, après quarante ans de carrière, ces classiques des années 1976/1970 dont le célèbre « Madame Eugène ». « Il n’y a pas eu d’intellectuels pour chanter le séga. Tu sera donc le premier », lui disait Philippe Ohsan, directeur de l’orchestre de la police qui l’accompagnait pour la circonstance. Chanteur engagé, compositeur de plus d’une cinquantaine de titres, Fanfan vit lui-aussi à l’heure du laser après avoir vécu à celle du 78 tours. Cinquante ans séparent en effet son premier succès « Ma Bolema » sorti en 1949 et « Ki to lev Néné » (Ballerina Music) pressé en 1999.

Célèbre pour sa verve et sa maîtrise du ravane, Fanfan est un des vieux ségatiers les plus piratés de Maurice. Cette constatation, désolante s’il en est, prouve l’intérêt que suscitent les œuvres et le style des précurseurs, une voie qu’a emprunté Menwar, un jeune chanteur créole de Cassis qui a lancé son propre style, le sagaï, un sega fusion acoustique, et a ouvert une école de ravane pour les enfants du quartier et vient de mettre au point la première méthode d’enseignement de l’instrument.

La nouvelle génération du sega

Même si de nouvelles tendances se font jour, les adeptes du séga pur et dur sont encore légion. Marie-Josée Couronne et Roger Clency évitent le piège de l’usure d’un genre en privilégiant le remix et la qualité des arrangements. Découverte par le chanteur Babalé, Marie-Josée Couronne est une des voix populaire du séga, un genre longtemps misogyne (les danseuses de séga étaient considérées comme des filles de mauvaise vie). Carino, la nouvelle révélation de la scène mauricienne s’est fait connaître avec son tube « Alimé difé » qui fait fureur dans les mariages et les bals de l’île. e groupe Cassiya est le groupe phare du sega électrique depuis les années 1990.

Kaya : l’âme du seggae

Dans les années 1990, le sega se fusionne au reggae pour donner le seggae, un genre lancé par le groupe Racinetatane et son leader Kaya surnommé « le Bob Marley des Mascareignes » et mort en prison en 1999. Métis hindou-africain-européen, Kaya, fondateur du groupe Racinetatane qui porte le nom du prince malgache Ratsitatane qui se rebella contre son oncle trafiquant d’esclaves, a remplacé le ravane par les percussions (bongos, congas, djembés) et adopté la philosophie rasta pour « dépasser le sectarisme ethnique » de son île.

Adopté par de nombreux groupes comme Natty Baby, Racine Seggae, Perdition, Natty Jah, Natty Rebels, Reynald Collet et bien d’autres encore, le seggae est devenu dans les années 1990/2000 le rythme commun de la jeunesse mauricienne. « Revolisyon Dan Lwes » offre une variante en proposant un mélange de seggae, de séga-jazz et de musique africaine.

Reggae / Dancehall

Dans les années 1990/2000, avec l’influence de certains genres musicaux jamaïcains (ragga et dancehall), le seggae est détrôné par le sega/dancehall et le sega/raggapopularisé par des artistes comme Blakayo, Dagger Killa, Don Panik, Nasty Dja des genres dont les DJs de l’île s’emparent pour leurs mixtapes.

Mais le séga connaît d’autres variantes : associé au rock et au jazz et électrifié par Clency Mortimer, il se marie à la musique bhojpuri (créole indien) chez les Bhojpuri Boys qui lui apportent les sonorités instrumentales indiennes (tablas, dholaks), Meera Mohun, qui s’est offerte une collaboration avec le chanteur réunionnais Dominique Barré et Neshen Teeroovengadum qui fusionne nu jazz et sega.

Le sega rencontre maloya réunionnais, jazz et les rythmes afro-cubains chez Métisaz, un groupe qui a décroché le prix Afrique en Créations en 1994. Il se frotte également au blues avec des artistes comme Eric Triton qui a fait la première partie de Ayo en 2009.

Autre phénomène musical, le groupe Abaim un groupe d’enfants (entourés des quelques animateurs) qui s’est rendu célèbre à Maurice en 2002 avec un méga tube de chanson créole “Ti marmit ».

Années 2010 : émergence d’une scène acoustique et bollywood

Depuis 2011, une scène jazz/musique acoustique commence à s’organiser avec le premier concours de jazz organisé par Tropical Jazz avec le soutien de l’institut Francais de Maurice et d’Eric Triton, parrain de l’évènement et le lancement en 2012 du Ernest Wiehe Jazz festival (gérant de l’hôtel Tamarin à Rosehill). Cette scène acoustique (jazz/blues/musique créole) voit s’imposer des artistes comme le groupe Etaé, Jason Lily, Yoan Catherine, Richard Beaugendre et Nicholas Larché.
La musique bollywood prend de l’ampleur dans les boites de nuit de Maurice.

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À propos de l'auteur

Sylvie Clerfeuille

Sylvie Clerfeuille

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