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“475.439~km² - 27.744.989~h - Capitale : Yaoundé”

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L’ambas-bay

Dans les années 1920/1930, une danse et un rythme, l’ambas-bay, originaire de la Baie d’Ambas, dans le Golfe de Guinée au large de Douala, se répand dans tout le pays : un guitariste fait circuler sa musique dans les villages, accompagné par le public qui donne la rythmique à l’aide de bouteilles frappées au moyen de baguettes ou de fourchettes. Les artistes qui popularisent le son ambas-bay seront Lobé Ramaud (dont beaucoup de titres seront repris par les générations futures) et Belmond M’Packo. L’arrivée du « son cubano » dans le bassin de Guinée influence de manière marquante les musiciens du pays.

Douala : creuset musical

Vers les années 1935/1940, l’ambas-bay évolue et prend le nom d’ashiko ou assiko tandis que les danses venues du Ghana (highlife), du Congo (rumba) et de tout le Cameroun se fondent dans le creuset musical que représente Douala. Dans les années 1950, apparaît le disque, support essentiel des nouveaux courants qui rythment des danses portant le nom de leur année de naissance : « la 53 », « la 54 », etc. Trois artistes initieront la fusion ambas-bay, rumba cubaine : Elie M’Boge auteur du tube « Elie A Mea Nyango » (Elie pleure sa mère), Mouelle Guillaume ou encore Nelle Eyoum et Los Calvinos, un des premiers groupes de makossa moderne.

Epée d’Or Mbende

Le makossa qui naît en 1958, coiffe divers genres (ambas-baie / son cubano / highlife / rumba congolaise / tchamassy et mangambeu des Bamilékés). Il est popularisé par Richard Épée Mbende aka Epée Mbende ou Epée d’Or Mbende.

Francis Bebey et Idiba

Francis Bebey y apportera sa touche particulière avec son tube « Idiba », fameux morceau composé en 1970 et qui a largement contribué à l’internationalisation du makossa. “Idiba” sera repris dans diverses versions par de nombreux artistes, dont Manu Dibango ou encore Guy Lobé.

Manu Dibango et Soul Makossa

Mais c’est avec Manu Dibango que le makossa connaît une popularité planétaire avec son Soul Makossa (1973). Mélange explosif de makossa, de soul music et de pop, « Soul makossa » est vendu à plusieurs millions d’exemplaires à travers le monde. Pont culturel entre l’Afrique, l’Europe et l’Amérique, « Soul Makossa » (disque d’or en France) lui ouvre les portes de l’Europe et de l’Amérique. Suivent une version afro-cubaine de « Soul makossa » jouée avec Fania All Stars devant 40.000 personnes au Yankee Stadium de New York en 1973, une nomination aux Oscars à Hollywood en 1974 dans la catégorie « Meilleur album », un concert devant 35.000 personnes au Madison Square Garden de New-York, 10 soirées, en 1ère partie des Temptations, à l’Apollo Theatre à Harlem en présence de plusieurs vedettes dont le boxeur Mohamed Ali. Ce succès de « Soul makossa » aux Etats-Unis coïncide avec l’apparition d’une nouvelle danse américaine, le « bump ». En effet le beat de « Soul Makossa » correspond parfaitement à la rythmique des chansons accompagnant le « bump ».

Tchamassi et Bend skin

A la même période, André-Marie Tala, dont le tube « Hot Koki » (1973) est plagié par James Brown, développe une fusion tchamassi-funk. C’est aussi cet artiste non-voyant qui popularise le bend skin (ou ben skin), une danse et musique des peuples Bamiléké dans l’ouest du Cameroun, en Afrique centrale. Le bend skin qui signifie  »se courber » (vers l’avant) serait tiré du mangambeu, autre style et danse des Bamilékés. Il se joue avec des tambours et des maracas souvent fabriqués à partir de canettes de soda, avec un accompagnement vocal.

Bikutsi et musique peule

A la même période, Messi Martin modernise le bikutsi, « frappons le sol » pour désigner cette musique tirée des rythmes du peuple « Nvele », une des composantes du monde Beti. Anne Marie Nzié diffuse cette même musique en y intégrant des musiques antillaise et congolaise.

Autres styles et musique peule

Dans les années 1980, Sam Fan Thomas exploite les voix makossa, les transposant dans un style mis en valeur par des guitares congolaises, une rythmique et des cuivres funky. Tandis que de nombreux artistes perpétuent l’héritage du makossa à la même période sans malheureusement grande originalité, le bikutsi revient sur le devant de la scène dans les années 1990 avec les Têtes Brûlées au look et aux couleurs punk, Anne Marie Nzié rebaptisée « la reine du bikutsi » et l’ex Zap Mama Sally Nyolo au style acoustique et métissé. Lapiro de Mbanga s’impose comme le porte-parole des Sans Voix, Krysto Numpuby revalorise l’assiko et Henri Dikongué adopte un afro-folk marqué par le makossa d’ Eboa Lottin et de Charles Lembé tandis que le saxophoniste Roger Kom opte pour l’afro-beat. L’humoriste Donny Elwood est un adepte des « chants à penser » et Coco MBassy impose ses textes en douala dans un style aux confluents de la soul, du jazz, de la salsa et du folk camerounais.

D’autres comme le groupe Isnebo et Faadah Kawtal a popularisé sur la scène internationale le versant « goumba balewa » de la musique peule (fufuldé) de Garoua, la capitale de la région du Nord du Cameroun

Influencés par trois pionniers de la basse camerounaise, Jean Dikoto Mandengue, Vicky Edimo et Manfred Long, un grand nombre de bassistes se taillent une réputation internationale : Francis Mbappé, les frères Roger et Armand Sabal Lecco, Etienne Mbappé, Richard Bona, Raymond Doumbé, et bien d’autres…

 

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À propos de l'auteur

Sylvie Clerfeuille

Sylvie Clerfeuille

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