*Le 9 juillet 2011, le nouvel Etat du Soudan du Sud est devenu indépendant, avec pour capitale Djouba (Juba). Certains artistes qui étaient classés dans le Soudan se retrouvent aujourd’hui au Soudan du Sud.
Un carrefour culturel
Le Soudan est le plus vaste pays d’Afrique. Frontalier d’une dizaine de pays, il est riche de 43 millions d’habitants et sa culture a été marquée par celle de ses voisins. Mosaïque de peuples issus de la Méditerranée, d’Arabie, d’Asie et d’Afrique, c’est un carrefour de civilisations originales qui se sont rencontrées et fécondées. Les musiques populaires sont variées et souvent collectives. Associées à la danse, elles sont dominées par le chant porteur de la mémoire orale des différentes régions.
Le tanbûr de Kordofan
Au Nord, dans les populations nubiennes, le tambour est l’instrument majeur, annonciateur des grands évènements, symbole du pouvoir royal notamment dans la région de Darfour comme de celui de la république mahdienne d’Ali Dinar. Dans la région dite du Nil Bleu, la musique centrale est le wâzâ, un ensemble de musiciens jouant des trompes, un style enrichi au fil des siècles de la rythmique et des chants nubiens. A Kordofan, on trouve le tanbûr ou lyre soudanaise, qui accompagne les chants psalmodiant le coran. Les trois peuples musiciens de la scène soudanaise sont les Dinka, les Azande et les Shilluk.
Influence égyptienne
Les musiques urbaines voit le jour dans les années 1920 avec des artistes comme Khalil Farah (qui introduit le piano dans l’orchestration) et Ibrahim El Kashif. Tous deux seront influencés par la scène musicale égyptienne qui vit avec des artistes comme Sayyed Darwish puis Mohamed Abdelwahab cette fusion de styles cubains, européens et arabes popularisée par les comédies musicales. Dans les cafés de Khartoum, à l’instar de ceux très célèbres du Caire, on s’arrache les disques vendus par des marchands égyptiens, arméniens, grecs, indiens ou syro-libanais.
Radio Onderman
Le second choc culturel se produit en 1940 lorsque les britanniques installent Radio Onderman pour faire valoir leur voix face à l’influence de l’Allemagne nazie. Le jazz, le mambo et la variété occidentale sont diffusées sur tout le pays à partir de la ville d’Onderman alors phare culturel du pays. Dans les années 1950, c’est autour de l’Institute of Music and Drama de Khartoum que les musiques soudanaises essentiellement rurales vont s’urbaniser. L’introduction d’instruments occidentaux comme l’accordéon, le violon et le saxophone bouleversent l’orchestration traditionnelle.
Al mambo sudani
Dans les cabarets, naît alors le terme de jazz pour définir ce melting-pot musical. En 1964, Sayed Khalifa lance dans un film égyptien d’Abdel Halim Hafez, le titre clé, « al mambo sudani ». Symbole de la nouvelle chanson citadine, il sera popularisé par ses chefs de file, Abdel Karim El Kabli, Abdel Gadir Salim et Abdelaziz El Mubarak et sera même repris par la star du monde arabe, Farid el Attrache.
Chacun d’entre eux va apporter sa pierre à l’édifice du jazz soudanais. Abdel Karim El Kabli se rend populaire par son style bluesy au carrefour du jazz, du mambo, de la rumba, des rythmes nubiens et arabes mais aussi par ses textes poétiques évoquant par métaphores l’émancipation de la femme et les problèmes sociaux. Formé à la musique classique arabe, Abdel Gadir Salim fusionne rythmes orientaux, rumba et mardoum, un rythme 6/8 de la région de Kordofan, au centre du pays. Abdelaziz El Mubarak opte pour le reggae qu’il fusionne avec des rythmes du pays et de la rumba.
Dans les années 1990, des femmes s’imposent sur la scène internationale comme Rasha qui pose sa voix soul sur des styles bluesy, folk ou un canevas de rythmes soudanais, de reggae et d’afro-cubain.
Pour en savoir plus, voir aussi les bios des artistes :
tableau chronologique
le jazz soudanais
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