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“2.236~km² - 892.182~h - Capitale : Moroni”

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Une terre plurielle

L’archipel des Comores a un peuplement très ancien et très divers lié à son histoire politique et économique. Il se situe dans le canal du Mozambique à égale distance de la Côte orientale d’Afrique et de la côte nord-ouest de Madagascar. Il est constitué de quatre îles, la Grande Comore (Ngazidja), Moheli (Mwali), Anjouan (Ndzuani) et Mayotte (Maore).

Selon certaines théories, le peuple originel, d’origine mélano-polynésienne, se serait installé au VIe siècle (d’autres affirment que les proto-malgaches seraient les premiers habitants). En 1600, soit mille ans plus tard, les Comores se trouvant sur la route des Indes, une multitude d’immigrants venus de Perse (les shirasiens), d’Indonésie, du Golfe Persique, de Madagascar, d’Afrique de l’Est, ainsi que des Européens (Portugais, Français, Hollandais) et même des Chinois et des Indiens en font leur terre d’adoption.

Mélange de swahili et d’arabe, la langue comorienne est à l’image de ce métissage tout comme les instruments, le gambus, un luth yéménite, la ganza (guitare orientale), le ndzedzi (cithare proche du valiha malgache), les percussions négro-africaines – patsu (cymbale), ngoma (tambour bantou, mbius (castagnettes) – les tablas indiennes, l’accordéon, la guitare et l’harmonica occidentaux… Ces instruments accompagnent des rythmes africains (sambe, djalika, zifafa), orientaux (tari la nzia, shigoma) malgaches (mgodro proche du salegy) et le taarab de Zanzibar.

Les mambwahamwé, griots des sultans du golfe persique

Les premiers artistes seront les mambwahamwés, griots des sultans du golfe persique qui dominent les îles jusqu’à l’arrivée des français à la fin du XIXe siècle. Porte-paroles des sultans, ils développent parallèlement une forme de satire sociale comme Ibedi Boungala qui se fait connaître dès la fin du XIXe siècle et complote contre l’ancien sultan de la Grande Comore avant d’échapper aux gardes de ce dernier puis de résister en 1916 au pouvoir colonial français qui le déporte à Madagascar : ses chansons feront état de la souffrance des déportés. Les héritiers de ces artistes disparus avec l’apparition du pouvoir colonial seront Tanchiki qui, dans les années 1950, va s’affirmer comme un véritable chroniqueur social qui s’accompagne au oud. De nos jours, Vouvouni Msafara Dafiné, connu pour sa belle voix et ses talents d’improvisateurs, perpétue cette tradition dans une version modernisée intégrant le twarab.

Les nrema bandakomé et le twarab

Ils seront remplacés jusqu’à l’arrivée de la radio par les nrema bandakomé, sorte d’annonceurs qui soufflent dans une corne de buffle. Dans les années 50 et surtout à partir de 1964, date du retour de la communauté comorienne de Zanzibar expulsée à la suite de la création de la Tanzanie (qui réunit le Tanganyika et Zanzibar), le taarab devient très populaire. Les artistes comoriens vont lui donner une touche personnelle en le chantant en comorien et en le jouant avec une technique particulière : Mohamed Hassan utilise le gamboussy (oud comorien) mais utilise une gamme différente. Originaire de Zanzibar, Saïd Youssouf se spécialise dans le répertoire de Farid El Atrache. Mohamed Hassan de Tsaweni joue la twarab en s’accompagnant d’un gambous. Said Mohamed Turki y infuse des airs occidentaux et cubains et chante en comorien.

Le folkomor Océan d’Abou Chiabi

Marqué par le folk, le RnB et le rock, Abou Chiabi lance en 1968 un véritable courant musical, le « folkomor ocean ». En 1976, le président Ali Soilih lui demande de composer l’hymne national. Il devient une star nationale. A la chute de ce dernier en 1978, Abou Chihabi voit son hymne interdit et doit fuir le pays.

En 1980, il s’installe en France et son style fait école, une flopée de jeunes artistes approfondissant sa démarche comme Maalesh, Chebli, Laher, Bako ou encore Nawal Mlanao.

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À propos de l'auteur

Sylvie Clerfeuille

Sylvie Clerfeuille

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