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“238.538~km² - 29.340.248~h - Capitale : Accra”

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Les prémisses du highlife

A l’aube du XXe siècle, les pays anglophones ouest-africains et plus particulièrement le Ghana et la Sierra Leone voient apparaître les premiers groupes orchestrés de la région. Fondé en 1914 à Accra et considéré comme le premier groupe d’Afrique de l’Ouest, l’Orchestre Excelsior de Frank Torto au Sierra Leone est suivi dans les années 1920 par les groupes ghanéens Jazz Kings, Cape Coast Sugar Babies, Winneba Orchestra, Cape Coast Light Orchestra qui vont annoncer les prémisses du highlife, un style incarné dans les années 1950 par des compositeurs phares comme E.T. Mensah, Koo Nimo et E.K. Nyame.

Le highlife : symbole du panafricanisme

Ces figures emblématiques d’un style qui va symboliser le panafricanisme vont marquer de leur empreinte tout le continent et influencer des générations de musiciens. Largement diffusé dès les années 40 dans les pays voisins (Nigeria, Sierra Leone) et même au Congo Belge (actuelle République Démocratique du Congo (RDC)) où il influence le jeu de guitare des artistes locaux, le highlife s’implante à partir des années 1950 dans toute l’Afrique de l’Ouest, soutenu par la plupart des gouvernements ghanéens. Cette influence décline dans les années 1950 lorsqu’il devient le porte-parole de la lutte anticoloniale.

Déclin culturel et exil des artistes

Les troubles politiques et économiques qui suivent la destitution, en 1966, de l’Osagyefo ou rédempteur (le surnom donné à Kwame Nkrumah) entraîne un affaiblissement de la vie artistique. Arrivé en 1969 au pouvoir, le Docteur Kofi Busia entraîne le pays dans une véritable catastrophe. Incapable de juguler la crise économique, il multiplie également les erreurs politiques, privilégiant systématiquement les membres du peuple ashanti dans la fonction publique et l’armée, établissant un dialogue avec le régime d’apartheid de l’Afrique du Sud et expulsant des dizaines de milliers d’Africains en promulguant « The Aliens Order » (La loi sur les étrangers). Ancien champion du panafricanisme sous Kwame Nkrumah, le Ghana se met alors à dos nombre de pays du continent. L’instabilité politique et économique entraîne la fermeture de nombreux night-clubs et pousse les musiciens privés de contrats à s’exiler au Nigeria, en Côte d’Ivoire, en Allemagne, aux Etats-Unis et surtout en Angleterre. C’est dans la ville de Londres où les artistes confrontent le style national aux musiques occidentales que s’opère l’internationalisation du highlife avec des artistes et groupes comme Osibisa. Fondé en 1968 à Londres (Angleterre) par Teddy Osei et Sol Amarfio, Osibisa, auteur du tube « Music For Gong Gong », a marqué dans les années 1970/1980 la scène internationale avec son highlife/pop relevé par les riffs de guitare rock et une magnifique section de cuivres.

Le courant « Ga »

La version cosmopolite du highlife offerte par Osibisa n’entame en rien le retour aux sources amorcé au Ghana à la même période. Le courant « Ga » qui réhabilite une musique donnée traditionnellement par des percussions et des chœurs féminins s’impose avec comme chefs de file le groupe acoustique Wulomei de Nii Ashitey invité par son inspirateur Kwaa Mensah à participer à une de ses tournées américaines et le maître-tambour Mustapha Tettey Addy.

Musique symphonique panafricaine

Fondé sous l’impulsion du maestro Nana Danso Abiam, Pan African Orchestra a édifié une musique symphonique panafricaine à base d’instruments du continent. Entre afro-jazz et musique classique africaine, ils ont revisité, à partir des années 1970, les œuvres de plusieurs grandes figures comme Osibisa, Fela Anikulapo Kuti ou certains airs du répertoire traditionnel de la musique mandingue de kora.

Soul, RnB, Funk et afro-cubain

Parallèlement à ce « roots revival » le pays connaît une irrésistible poussée des musiques importées. Soul, RnB, funk et afro-cubain font une percée remarquée sur la scène ghanéenne en 1971 à l’occasion de la venue de Wilson Picket, Ike & Tina Turner et Carlos Santana, invités du festival Soul To Soul à Accra. Inaugurée par le succès du guitariste sierra-léonais Geraldo Pino dont les prestations scéniques à la James Brown font aussi un tabac au Nigeria, la mode des musiques américaines branche de nombreux artistes dont Bunny Mack, promoteur du discocalypso, ou C.K. Mann à la fusion highlifesalsa ou highlifefunk diffusée en Angleterre et au Canada. L’installation à Accra de l’auteur-compositeur, guitariste virtuose et producteur originaire du Congo Kinshasa, Henry Bowane, attirant dans les années 1970 des groupes comme l’Orchestre Vévé et Zaïko Langa Langa ouvre également la porte à la rumba congolaise.

Renouveau du highlife

En dépit de ce bouillonnement musical, le highlife reprend ses droits dans les années suivantes avec Okukuseku, groupe majeur de « guitar-band » et le chanteur A.B. Crentsil. Le développement des initiatives privées face à la défaillance économique et structurelle de l’industrie musicale habituelle marque dans les années 1980 le retour en force des institutions religieuses dans la gestion comme dans l’évolution artistique du highlife. Les puissances financières que sont les églises apostoliques et évangélistes contribuent ainsi à soutenir matériellement certaines formations, favorisant l’éclosion d’un « gospelhighlife« . Soumis à des influences multiples, les artistes de la diaspora essaiment le highlife aux quatre coins de la planète dans les années 1980. On trouve Pat Thomas, George Darko ou encore Eugenia Assabia Cropper aka Assabia Cropper, ex-chanteuse des Sweet Talks et protégée de Koo Nimo.

L’adoption du reggae

Musique populaire depuis le succès planétaire de Bob Marley, la première star du Tiers-Monde, le reggae est devenu, dès la fin des années 1970, une couleur importante de la scène musicale ghanéenne avec des artistes comme Kojo Antwi, Black Prophet, Sheriff Ghale.

Sylvie Clerfeuille & Graeme Ewens

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Sylvie Clerfeuille

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