Sharp Wood Productions ou SWP est un petit label créé par Michael Baird, musicien anglais vivant à Utrecht. Percussionniste, passionné de musiques africaines, il collecta lui-même en Afrique puis décida de produire en CD les enregistrements réalisés par Hugh Tracey dans les années 50. Comme l’écrit Baird, SWP est un petit label indépendant qui touche aux musiques que les labels courants ne considèrent même pas. Et effectivement, pendant que le monde s’agite autour de productions africaines ou autres s’éloignant de plus en plus des traditions pour se ressembler de plus en plus entre elles, Sharp Wood sort tranquillement, discrètement, quelques disques qui s’imposent d’emblée comme parmi les productions les plus importantes pour entrer au cœur des musiques d’Afrique. Personne ne me contredira à l’écoute de ces enregistrements. Hugh Tracey a découvert la musique africaine en Rhodésie du Sud ; il y réalisa, en travaillant dans les plantations avec des Africains, que leurs remarquables chants n’intéressaient personne. Il a décidé d’y consacrer sa vie et de parcourir l’Afrique à la rencontre de ses sons. Il fonda en 1954 la International Library of African Music (ILAM) qui publia ses enregistrements rassemblés dans une série intitulée “Sound of Africa”. Un total de 210 disques microsillon virent le jour mais restèrent confinés dans les universités et autres bibliothèques spécialisées. Sharp Wood, en collaboration avec le ILAM, a décidé de rééditer une partie de ce trésor en CD. Un travail unique et irremplaçable, une trace essentielle de l’histoire des musiques de tradition, d’autant plus que des dizaines de peuples sont concernés. La série s’est terminée en 2006 avec trois nouveaux titres qui portent cette collection à un total de 21 disques. Soit une série magistrale, incontournable. Ne prétendez pas avoir écouté les musiques africaines si vous ignorez ces enregistrements. C’est l’occasion de se plonger dans l’histoire, de comprendre des mouvements, des naissances de styles, des évolutions. C’est l’occasion surtout d’écouter les musiques jouées en Afrique dans les années cinquante, le tout avec une documentation parfaite dans chaque livret.
Il y a dans cette collection une présence, une force du son ; les voix et instruments sont tangibles. Les répertoires, quant à eux, sont totalement bouleversants. On est dans l’Afrique profonde dont les expressions musicales ponctuent les gestes et les faits quotidiens. Bien sûr, on a déjà entendu certaines épopées de l’Ouganda, les polyphonies des Pygmées, les lamellophones du Zimbabwe, les ensembles de trompes des uns ou de tambours des autres. Mais on revient à la source, avec des chanteurs et musiciens remarquables, à une époque où ces musiques jouaient encore un rôle prépondérant, sans doute plus ancrées qu’aujourd’hui dans une tradition quotidienne. Les jeux de xylophones des Ganda, les tambours royaux de la cour du dernier mwami du Rwanda, les polyphonies de trompes des Nyoro d’Ouganda, tout cela déferle comme un raz-de-marée sur nos “certitudes musicales”. Vingt quatre ethnies étaient déjà présentées sur les cinq premiers disques. Source : mediatheque.be
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