Le don, la grâce, la beauté. Le chant de Bella Bellow charmait son auditoire d’emblée.
Installé au Bénin, l’enquêteur amateur part sur les traces de la chanteuse togolaise de légende, morte très jeune en 1973. Par chance, deux ou trois rencontres décisives ont lieu, tandis qu’un dialogue à distance se noue avec un vénérable écrivain (Olympe Bhêly-Quenum), appelé ici l’Ancien, chantre de « l’Afrique des profondeurs ».
Le roman entrelace, très librement, éclats de mémoire, d’une époque à l’autre, intermèdes comiques ou tendres et réminiscences venues de l’enfance. À l’atelier du peintre Zinkpè, les rêves eux-mêmes s’approfondissent, teintés de vodoun – ou non. Bientôt, des paroles plus secrètes affleurent. De nouvelles figures apparaissent dont deux jeunes amoureux en partance, une grande psychanalyste d’ascendance royale et, toujours, des musiciens.
Des pires tragédies de l’Histoire peut surgir la plus intense des musiques. Une vraie puissance libératrice.
365p
« Je suis arrivé au Bénin saisi par un impérieux désir, quoique obscur car lié à la mort. » De fait, beaucoup de fantômes hantent les pages de Grand Souffle (le grand-père de l’auteur, John Coltrane, Bob Denard, Fela, André Breton et bien d’autres encore parmi lesquels, central, celui de Bella Bellow, « légende togolaise aux douze ou treize chansons » morte le 10 décembre 1973 d’un accident de voiture, dont le sourire d’ange illumine – splendide – la couverture du livre) mais y apparaissent aussi bon nombre de vivants (Angélique Kidjo, l’artiste plasticien Dominique Zinkpé, l’écrivain et vieux maître Olympe Bhêly-Quenum…) et toutes ces figures aux destins chatoyants et leurs évocations (savantes et épiques) et mises en relation (historico-socio-ethno-géographiques) souvent acrobatiques (même l’auteur en convient) mais toujours signifiantes (ou drôles ou tragiques) sont comme autant de portes, l’auteur étant passeur (le yovo fasciné et quelque peu largué (comment faire autrement ?) mais guidé par l’Ancien (Olympe Bhêly-Quenum) mutant en griot blanc) et son livre interface entre Afrique et ici, rêve et réalité, hier et aujourd’hui, magies et raison pure, anecdotes et mythes, errances coloniales et situation actuelle guère plus reluisante (« Aujourd’hui, les Morts sont en grand danger puisque tous les Vivants le sont également »), tout cela propulsé par une langue vive, mélodique, rythmée, sensuelle, habitée, toute en oralité (« les vagues ont des oreilles, le souffle peut circuler »), qui fait de cet ouvrage encore plus qu’une ode (à l’Afrique éternelle) une vraie épopée, et en-soi un voyage, et un bonheur à lire (juste se laisser porter). »
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