Le reggaeman scandaleux
La planète reggae a encore accouché d’un talent certain en la personne d’Ismaël Wonder, auteur de Toubi, un album concocté à Paris où il s’est installé à la fin des années 1990. Né en Côte d’Ivoire à Sakassou, le village de la Reine Pokou, d’origine malienne, Issimaïla Cissé de son vrai nom fait sensation en 1996 avec le titre provocateur » Tché Té Mousso Té » (ni homme ni femme) où il fustige avec humour les bruits qui courent sur ses penchants sexuels. » Comme j’ai un physique androgyne, les gens m’ont soupçonnés d’être homosexuel. J’ai répondu par un clip provocateur où je rentrais dans une chambre avec une fille. Ce fut un choc en Côte d’Ivoire. Tous les parents interdisaient à leurs enfants de le regarder ». Inspiré par Bob Marley et Alpha Blondy, aidé dans sa carrière par Oumou Sangaré, Ismaël Wonder s’est construit un reggae aérien imprégné de blues mandingue et de rythmes peuls servi par une brillante équipe de musiciens (J.P. Rykiel claviériste et directeur artistique de nombreuses productions africaines, Mao Otayeck, le guitariste d’Alpha Blondy et Wurie Moctar, l’arrangeur d’Ismaël Isaac. Ses textes inspirés de la philosophie de la rue où il échoue à l’âge de seize ans quand sa famille le chasse pour cause de vocation artistique parlent de Sida, de politique et de tolérance. « La rue vous met tout de suite face à la réalité. Dans la rue, il n’y a pas de tricheries. C’est la meilleure école ».
Sylvie Clerfeuille
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