Avez-vous déjà pensé à apprendre vos leçons grâce à la musique ? Desta Haïle, a fait de cette idée, le projet de toute une vie. Elle est ce qu’on pourrait appeler une poly-artiste et affirme qu’avec la musique, tout est possible : “Si tu connais 10 artistes de différents horizons sur le même pays, tu en sais déjà beaucoup sur l’histoire et la culture du territoire en question.”
Collaborations
La carrière musicale de Desta joue ses premières notes avec Zap Mama. Elle y explore, en tant que musicienne, un large éventail de genres musicaux, allant de l’afro-fusion aux chants polyphoniques, en passant par l’afro-reggae, a cappella, l’afro-pop ou hip-hop africain… Mais surtout, grâce à cette opportunité, elle prend goût au voyage. C’est ainsi qu’elle est en 2004 de Ancestry In Progress, un projet du groupe féminin belge où elle pose sa voix sur le titre « Sweet Melody » aux côtés de Chantal Willie.
En s’intéressant de plus près aux paroles qu’elle devait chanter, Desta réalise qu’elle a une capacité à retenir facilement les chants étrangers et leurs significations, grâce à la musique : “Je me suis rendu compte que j’ai appris le français et d’autres langues comme le portugais ou le turc grâce à ce job et non pas mes 12 ans d’école.
Outre Zap Mama, Desta Haïle a collaboré avec de nombreux autres artistes dont Andrew Ashong, Finley Quaye, Joe Baatan, Baloji, Michael Bublé ou encore Mylène Farmer comme choriste sur l’album « Point de suture » paru en 2008.
Entre mélodie et harmonie
Mais sa carrière ne s’arrête sûrement pas à cette étape: “Je disais toujours à maman que je voulais être chanteuse”, nous avoue-t-elle ; ainsi, elle fera les chœurs d’artistes comme Mylène Farmer, Baloji ou encore Joe Bataan. En 2012, elle enregistre « Black, Pink, Gold & White », un album de 4 titres comprenant, outre l’intitulé, « All Over Love », « Some Time Soon » et « Strong ».
L’histoire de « Strong »
Contacté par la société espagnole de bijoux Gayubo lui demandant de créer une chanson pour leur nouvelle collection dont l’égérie est Desta Haile, Yovanny Adant, compositeur et multi-instrumentiste Belgo-Colombien basé à Bruxelles, appelle trois de ses musiciens et ensemble ils créent le morceau « Strong », enregistré aux studios Red Led à Madrid (Espagne). Pour la promotion de l’événement, une annonce paraît dans les magazines Yo Dona et Vogue Espana, et des vinyles et CD sont édités avec cette mélodie ainsi que trois autres titres. La vidéo de « Strong » est réalisée par Laidback Radio & Sylvain Nouveau.
Enseignement et passion musicale
Desta avait-elle prévu une issue si la musique ne marchait finalement pas ? A priori, non, malgré qu’elle ait toujours combiné l’enseignement à sa passion – “Ma mère répondait qu’il fallait un emploi pour remplir le frigo ! ” se souvient-elle. Alors, à 18 ans elle passe un certificat pour être professeure, et commence à travailler pour une dizaines d’écoles, toujours dans le domaine des langues. Si elle aperçoit déjà le potentiel de la musique au cœur de l’enseignement, elle s’en tient pour l’instant à des “cours classiques”…
Languages through Music
Desta est la fondatrice et directrice créative de Languages through Music, une école de langues en ligne novatrice, et cofondatrice du Sisters Only Language Summit. En 2020, elle a remporté « To Speak Europe in Different Languages », un concours d’écriture hybride et collectif organisé par Specimen, Babel Review of Translations et le Festival littéraire Asmara-Addis (In Exile). Desta a publié son premier « Languages through Music », pour aider à apprendre des langues et des leçons grâce à la musique.
Très attachée à l’apprentissage des langues, Desta Haile, la globetrotteuse, est l’auteure de « Languages through Music » (« Les langues par la musique »), un manuel destiné à l’apprentissage des langues et des leçons grâce à la musique.
A travers cette œuvre, l’éducatrice et musicienne, qui après une bonne quinzaine d’années d’enseignement et de chant à travers le monde, a pensé combiner ses passions préférées en une plate-forme éducative savoureuse comme aucune autre.
Plus de 10.000 étudiants, près de 90 pays, nous voici arrivés à destination : un trésor de matériel d’apprentissage, un menu d’expériences éducatives et révélatrices, et des cours qui célèbrent le multilinguisme, l’éducation créative et indépendante.
A son retour à Londres en 2012, Desta est ébahie par le multiculturalisme. “À ce moment-là, il me tenait à cœur d’apprendre Tigrinya, langue nationale érythréenne, ma langue paternelle et malgré l’ouverture au monde, j’ai difficilement pu apprendre une langue pourtant assez répandue.”
In My Heart
En 2020, Desta lance « In My Heart », un projet aux influences diverses avec des riffs mélodiques, émouvants et des rythmes chargés de grooves, le tout soutenant une voix tout aussi enchanteresse. La sortie de ce projet lui offre l’occasion de performer avec son groupe à Hideaway, célèbre club de musique live et Comedy Club situé dans un hôtel cossu de Londres, en Angleterre. De ce concert est cette tirée cette vidéo ci-dessous réalisée par Hideaway.
L’engagement progressif dans l’enseignement
À l’âge de 20 ans, Desta déménage au Brésil avec la conviction que l’apprentissage de la langue, tout comme celui du français, se fera principalement à travers la musique et les discussions entre amis. Résultat ? “J’ai réussi à apprendre le portugais grâce à la musique. Tous les jours je prenais un morceau, je le décortiquais et j’apprenais les paroles par cœur. En deux mois, j’avais un niveau plus que convenable.”
Face à une telle révélation, Desta se cherche premièrement des excuses : “Je me suis dit que je travaillais dans le monde de la musique, donc que c’était plus facile pour moi”, mais dans les faits, la jeune artiste avait déjà appris beaucoup sur la culture brésilienne ; non seulement le vocabulaire, mais aussi la vie pratique : “J’ai fait des connexions, par exemple que la samba brésilienne – venait de la semba en Angola.”
Huit ans plus tard, la même chose se produit en Turquie, où la chanteuse a dû apprendre 20 morceaux à son arrivée. « Chaque fois, j’apprenais 4 minutes d’histoire et la musique m’enlevait le stress de l’apprentissage. »
a
Un parcours d’expatriée et 87 pays visités
À 39 ans, Desta a la tête bien sur les épaules. Elle se définit elle-même comme “une jongleuse entre différentes passions et engagements.” Au tout départ plongée dans la musique, elle traverse, durant son adolescence, diverses phases d’enseignement des langues. Mais c’est ce qui touche à l’humain qui passionne réellement l’artiste en devenir : “J’ai toujours été investie dans les questions de justice sociale, ayant travaillé pour la défense des opprimés au Brésil” notamment en commençant avec des stages dans les organisations comme Le Théâtre de l’Opprimé au Brésil, ou Radio for Peace Building & Search for Common Ground en Belgique.
*Source : https://lepetitjournal.com/londres/communaute/desta-haile-ou-quand-le-son-resonne-avec-lecon
Laissez un commentaire
Vous devez être logged in pour poster un commentaire.