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“La juju music ou juju du Nigeria repose traditionnellement sur les tambours dunduns ou gangans et les formes vocales apala, sakara et waka. Puisant sa source dans la musique de vin de palme, la juju est à l'origine liée à la vie sociale et politique traditionnelle. Confrontée au monde urbain, elle devient alors un outil de socialisation pour les populations nouvellement installées dans les cités et un véhicule de valeurs comme la religion, l'argent, la jalousie, la glorification du «~self made man~». Très présente dans la vie spirituelle, la juju music tient également une place fondamentale dans le contexte politique et économique et son explosion des années 70 est favorisée par deux évènements majeurs. La guerre du Biafra et le boum pétrolier. Ebenezer Obey et King Sunny Ade vont faire de ce courant une musique sociale urbaine. Le texte ci-dessus est sous licence libre (CC-BY-SA)

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Les pionniers

Dès les années 20, Irewodele Denge et Baba Tunde King choisissent de s’orienter vers cette forme d’expression qui va devenir un courant national. A partir des années 30, HMV (la voix de son maître) grave plusieurs pionniers du genre tels Tunde King, Ojoge Daniel et J.O. Speedy dont les morceaux inspirent encore les stars d’aujourd’hui.

I.K. Dairo: le grand virage de la juju music

Enrichie au cours du siècle des éléments latins ramenés par les esclaves libérés de Cuba et du Brésil de retour sur le continent, la juju fut véritablement modernisée dans les années 40 par Tunde Nightingale puis plus tard par I.K. Dairo. La seconde guerre mondiale marque un tournant fondamental dans la vie musicale de Lagos, ville cosmopolite où se cotoient communautés sierra-léonaises, brésiliennes et marins et commerçants itinérants d’origine kru, fanti et Ewik du Liberia. Les techniques progressent, la musique s’électrifie et le talking-drum fait son apparition dans la juju, deux paramêtres qui vont favoriser l’émergence du «~roi de la juju~» : Chief Isaiah Kehinde «~I.K.~» Dairo.

Juju, politique et économie

Très présente dans la vie spirituelle, la juju music tient également une place fondamentale dans le contexte politique et économique et son explosion des années 70 est favorisée par deux évènements majeurs. La guerre du Biafra et le boum pétrolier. Ebenezer Obey et King Sunny Ade vont faire de ce courant une musique sociale urbaine.

Juju : la fusion

Les héritiers de la juju sont encore légion et maintiennent bien vivant ce versant chrétien de la culture yoruba. Tous marqués par le vieux I.K. Dairo, ils ont pourtant , sous l’influence d’une scène qui s’ouvre de plus en plus à l’extérieur, amorcé une véritable synthèse de pop, de highlife, de juju et même de fuji. Dans ce mouvement, on retrouve Prince Segun Adewale, Dele Taiwo et sa juju funky et surtout plusieurs filles, nouvelles venues sur la scène jusqu’alors très masculine de Lagos. Si la juju est avant tout le mode d’expression des musiciens yoruba, elle a été néanmoins adoptée par Dele Abiodun originaire de l’est du pays.

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À propos de l'auteur

Sylvie Clerfeuille

Sylvie Clerfeuille

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