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“Musicologue, pianiste classique et ancienne Ministre de la Culture, l’auteure évoque à travers cette étude pointue la dimension à la fois sociale, politique et religieuse de la musique malgache. ”

Madagascar, la musique dans l’histoire

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En trois chapitres – les sources non écrites, les périodes musicales et les musiques dans la société actuelle – l’ouvrage analyse la complexité de la musique malgache, son ancienneté et surtout la place fondamentale de cette dernière dans la société. Enrichi de diagrammes démontrant l’importance de certains styles (les musiques des Hauts Plateaux) et de instruments (les cordophones et les voix), le texte est également illustré par d‘inestimables photos d’archives nous donnant à voir la variété des groupes musicaux (groupes de musique bara, fanfares ou Mpibeko dépositaires de la mémoire collective). L’ensemble est complété par des cartes nous offrant un aperçu des zones musicales de l’île.

Dans le premier chapitre, l’universitaire précise l’approche ethnomusicologique des spécialistes de la musique malgache et énumère les études produites sur les musiques de la Grande Ile. On découvre ainsi avec étonnement que les premières sources écrites sont l’eouvre de des chercheurs hollandais et datent du XVI° siècle, que la plupart des études sont organologiques et que de nombreuses œuvres malgaches ont été transcrites. Un seul regret : les études comparatives sont rares – un manque certain pour une île qui s’est construite musicalement à travers des sources aussi bien asiatiques, qu’africaines, européennes et arabes. Ce chapitre se clôt enfin sur trois facteurs essentiels de la musique malgache : la transmission de la connaissance – essentiellement familiale et secrète – la dimension collective de cette musique et son importance comme outil de communication entre les vivants et les morts. « Le musicien, écrit Mireille Mialy Rakotomalala a le pouvoir de matérialiser l’irréel et dans les funérailles, le musicien célèbre la mort comme renaissance à la vie – celle du monde des esprits et des ancêtres ».

Le second chapitre porte sur l’histoire de la musique malgache. S’appuyant sur les fouilles archéologiques et les sources orales, l’auteure propose une chronologie instrumentale liée à l’arrivée des différentes populations sur l’île. Ainsi découvrons nous que l’hypothèse la plus souvent émise, l’origine bantoue de la population malgache, expliquerait la présence de tambours sacrés (hazolahimbazimba). L’île de Madagascar, précise la musicologue est aujourd’hui soumise à plusieurs influences : islamique et comorienne dans le Nord Ouest, réunionnaise dans les danses de la Côte et afro-islamique sur la Côte sud-ouest. L’essentiel du chapitre porte en fait sur l’étude de l’antsa (chant de louange) et la contribution des divers souverains à l’évolution musicale de l’île : l’introduction des fanfares par Ranavalona III, la modernisation de la musique malgache par Radama I°, l’institutionnalisation de l’antsa et la création d’un statut professionnel des musiciens par Ranavalona Ière, la naissance des hymnes inspirés par la musique traditionnelle imerina par Radama II. Les religieux joueront également un rôle majeur dans le syncrétisme musical existant dans certains genres comme le chant zafindraona utilisé par les missionnaires pour la propagation du message biblique.

Le dernier chapitre, assez bref, se penche sur la musique malgache dans la société actuelle et souligne l’influence des musiques occidentales sur l’île, le retour aux sources opéré dans les années 1970 par le régime marxiste de Ratsiraka puis évoque l’émergence de genres nouveaux dans les années 1980/90 avec des artistes comme Rossy ou Jaojoby.

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À propos de l'auteur

Sylvie Clerfeuille

Sylvie Clerfeuille