S.C. Bonjour Mamadou Sène. Vous êtes gambien et vous vivez en Suède, vous produisant avec le groupe d’Ale Moller. Depuis combien de temps vivez vous en Suède ?
Mamadou Sène . Je vis en suède depuis 34 ans , je travaille comme artiste et agence culturelle. On fait cela ensemble. Je me suis installé en Suède par amour. J’aime ce côté interculturel. Je suis un spécialiste du riti, un violon peul. La première année où j’étais en Suède, j’allais à l’école, les gens ne savaient pas qui j’étais mais moi, je savais qui j’étais. Après l’école, je m’installais dans la gare centrale de Stockolm ,dans le metro et je commençais à jouer là pour montrer qui j’étais. C’est comme ça que j’ai rencontré Ale.
A.M. Quand j’ai écouté pour la première fois le riti, j’ai trouvé le son fantastique. Et Mamadou a une voix inspirée, très soul, C’est un chanteur magnifique. Je passais dans le métro et j’ai entendu cette voix et je me suis dit, cette voix est fantastique. Alors on s’est rencontré, on est devenus amis et on voulait voir ce qui allait se passer musicalement.
S.C. Ale Moller, vous êtres un fervent supporter du Dialaw festival, cela fait cinq ans que vous vous y produisez . Pourquoi ?
A.M. Je viens régulièrement à cause de Mamadou. Ici, on a fini par me donner le surnom de Ali Moller (rires) . Je suis compositeur, j’enseigne la musique à l’université. Mon groupe est composé de musiciens de diverses parties du monde (Afrique, Grâce, Mexique, Turquie). Notre musique est une fusion de rythmes du monde. Ma passion est de combiner divers instruments du monde . Chacun doit garder son son propre et moi, en tant que compositeur, mon rôle est trouver un moyen de les harmoniser. Et puis, les identités sont mouvantes. Si tu es de telle région, on pense que tu dois jouer toujours de la même manière. Le monde est vase.
S.C. C’est plus que de la musique, c’est une philosophie
A.M. La musique est une philosophie , mélanger les sons tout en conservant les identités, c’est ma philosophie
S.C. Qu’est-ce que ça vous apporte de croiser les notes et les émotions , par exemple Mamadou de jouer en duo avec un violon européen ?
Mamadou : J’ai étudié trois ans université de Stockholm pour comprendre la culture suédoise et mixer les deux. Avec Ali, c’est plutôt facile de s’accorder mais avec le groupe, parfois, c’est compliqué. Je travaille essentiellement avec les violonistes. Nous avons un morceau avec le riti et le violon où je chante en peul, wolof, sérère, suédois,
S.C. Comment faites vous techniquement pour harmoniser tous ces instruments ? Ce n’est pas toujours simple.
Ali : je jour beaucoup d’instruments moi-même et j’ai tourné pendant plus de 50 ans. J’ai voyagé à travers le monde. J’ai été au Japon de nombreuses fois. J’ai fait 20 tournées aux USA. Chaque fois que je vais dans un pays, je cherche à découvrir les sons des instruments. Je les ramène à la maison et j’essaie de les jouer à ma manière. Et surtout, j’ai des amis qui jouent de ces différents instruments.
A.C. Ils ne sont pas réglés sur les mêmes gammes ?
Ali. Tu dois apprendre et beaucoup travailler pour comprendre les différents modes. Les gammes et les rythmes du monde. Tu dois apprendre tout cela. Cela prend du temps : ce n’est pas un simple groupe jouant avec un africain, tu as besoin de te plonger dans la musique de l’autre. Avoir une compréhension profonde de ce que fait l’autre.
Mamadou : On a tourné beaucoup depuis qu’on est ensemble. Japon, Chine, inde. Europe, c’est comme Sénégal pour moi. On est parti partout.
Ali : En fait, il n’y a qu’un seul monde, cela parait romantique mais c’est ainsi. Tu as des amis partout et une fois que tu comprends différentes cultures, tu arrêtes de penser en terme de pays, de frontières. Je suis intéressé par l’amitié et la musique. Tu peux de retrouver partout chez toi dans le monde. Prendre le temps, apprendre et être humble. Prendre son temps.
Mamadou. la musique n’a pas de frontière.
Interview : Sylvie Clerfeuille
Photo scène : Willy Vainqueur
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