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Pourquoi ce titre Emocionalmente ?

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C’est un peu le résumé de l’album, et aussi l’esprit de la musique capverdienne, une musique remplie de sodade, de mélancolie, de gens qui partent et qui reviennent. C’est une musique qui parle avant tout au cœur.

Votre album et surtout le titre « Serenata pa nha mãe » fait référence à l’enfance. Vous dites « J’y parle de mon enfance à Sao Vicente, de mon envie de revivre une sérénade au claire de lune, quand les gens défilaient de maison en maison pour jouer du crépuscule à l’aube, une tradition aujourd’hui disparue… ». Pourquoi l’enfance est-elle si importante ?

J’ai vécu mon enfance au Cap-Vert, j’ai été élevé par mes grands-parents. C’était une période dure. Il y avait beaucoup de difficultés mais aussi des moments de bonheur et de fête qui m’ont nourri. Mon oncle était guitariste, mes grands-parents partaient faire la fête et recevaient tout le monde au petit matin. Il y avait des sérénades, des aubades en fait. Les hommes séduisaient leurs belles en musique. Je ne sais pas si ça existe toujours mais à l’époque, c’était très courant.

Vous parlez dans deux de vos titres , « Beijo di sociedad » et « Futuro d’evoluçao » de la jeunesse capverdienne, de ses problèmes. Comment voyez-vous cette jeunesse ?

Le monde aujourd’hui est plus dur et les jeunes, en dépit de ces obstacles, essaient de s’en sortir. Et nous essayons de leur faire profiter de notre expérience. « Futuro d’evoluçao » était à l’origine composé pour Cesaria Evora. L’idée dans ce titre était qu’elle puisse transmettre pour permettre cette évolution.

Comment voyez-vous la jeune scène capverdienne ?

Il y a beaucoup d’artistes et c’est une scène très dynamique. Je pense par exemple à trois chanteuses qui ont su préserver le patrimoine tout en donnant des couleurs actuelles. Elida Almeida, Lucibela et Ceuzany

Dans le titre « Tchoron », vous collaborez avec Tito Paris. Pouvez-vous parler de cette collaboration ?

« Tchoron » qui signifie « pleureur » est une morna et exprime l’âme capverdienne : « Danser tout en pleurant ». Tito Paris est de la même génération que moi et nous nous sommes retrouvé au Cap-Vert par hasard dans le studio de Jose Da Silva. Je lui alors proposé de chanter avec moi sur ce morceau et il a accepté.  

L’album a été enregistré au Cap-Vert ?

 Presque entièrement, à part les cordes, l’accordéon  et le mixage qui a été réalisé à Paris. C’était inspirant d’enregistrer au Cap-Vert. Il y avait toute cette ambiance, les musiciens qui passaient.

Dans l’album, vous avez deux titres en français et vous travaillez avec Marc Estève qui a écrit pour Henri Salvador, Art Mengo, Enrico Macias. Ce n’est pas la première fois que vous travaillez ensemble.

Non, nous nous sommes connus en 2004 par le biais de nos éditeurs respectifs. Nous avons collaboré précédemment sur le titre « Des bleuets dans les blés » et cette fois-ci sur les titres « Quand on a le cœur à l’ouest » et « Ma petite musique » . Nous partons de ses textes et ensuite j’adapte les rythmes et les phrasés à ses paroles. J’adapte en fait le français à la musique capverdienne.

Quels sont les prochains projets ?

Le concert au studio de l’Ermitage à Paris le 31 janvier 2025 pour le lancement de l’album et en février 2025, une tournée est prévue aux Etats-Unis et au Canada avec mon groupe, « Césaria Evora Formation ». C’est un groupe à géométrie variable avec des musiciens et des chanteuses qui le rejoignent en fonction de leurs disponibilités. L’idée est bien évidemment de transmettre l’héritage de Cize qui a ouvert la voie à toute la musique capverdienne sur la scène internationale.

 

Propos recueillis par Sylvie Clerfeuille

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À propos de l'auteur

Sylvie Clerfeuille

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