" "
cd_allah.jpg
“Née en 1935 à Gbofia, sous-préfecture de Toumodi, en Côte d’Ivoire, la chanteuse Kouadio Thérèse Allah aka Allah Thérèse, appelée affectueusement "la diva ivoirienne aux pieds nus", est une figure emblématique de la musique traditionnelle baoulée, connue pour son style musical appelé "agbirô".
Allah Thérèse, décédée le 20 janvier 2020, c’était aussi 63 ans de complicité avec son époux et compagnon musical de tous les jours, Béhibro N'Goran dit N’Goran La loi, virtuose de l’accordéon, décédé le 20 mai 2018, à l'âge de 87 ans. ”

"
"

Allah Thérèse et N’Goran la Loi, le couple du folklore baoulé

Chanteuse préférée de  Félix Houphouët-Boigny, premier Président de la Côte d’Ivoire, Allah Thérèse a constitué un des duos les plus populaires de la musique tradi-moderne ivoirienne formé avec son mari Béhibro N’Goran dit N’Goran La loi, accordéoniste et chanteur, rencontré dans les années 1950 à l’occasion de manifestations funéraires. Tous deux originaires du même village sont les principaux lead vocaux d’un genre musical local dénommé Agbirô. Toujours accompagnée de son « colistier », N’Goran La loi surnommé « l’homme à l’accordéon », elle s’est rendue célèbre par ses prouesses vocales et ses textes émaillés de sagesse et de proverbes. Drapée de son pagne traditionnel Baoulé (une ethnie de centre de la côte d’ivoire),  coiffée dans le style « Akôrou Koffié’’ (la femme de l’araignée), imitant dans sa danse la  démarche de la perdrix de la savane, elle a écumé nu-pieds les scènes de grands rassemblements populaires sur toute l’étendue du territoire national, s’attirant un public de tous âges.

Allah  Thérèse a signé, avec son mari N’Goran La loi, quelques œuvres d’anthologie de la musique baoulée dont leur premier projet « Ahoumo N’Seli » (1956), accompagnée du percussionniste Faustin N’Guessan Kouadio. Ensemble, ils ont sorti par la suite plusieurs disques de folklore baoulé : « Assie N’taleho / Mangnan Goua », « Bla Tiké Kouékoué / Assoman », « Bekpogni bekoumin / Akuindili », « Commandant Bo Sodja / Stran Blé Baha Ablok », « Côte d’Ivoire Anouanzé Min », « Akissi Sikeyiblo / Ahou Mo N’Selio », « Allah Thérèse’ (LP éponyme), « Nanan Boigny Mô », « He foun’ vô sran », « Domi », etc.
En 2019, quelques  mois après la disparition de son époux, elle sort une dernière œuvre de 10 titres, « Bégnansou Moayé » (ce qui procure du bonheur). « J’ai demandé à Dieu de m’aider à réussir dans la chanson afin que n’ayant pas fait d’enfant, ce soit tous les enfants de Côte d’Ivoire qui me portent en terre le jour de ma mort », a-t-elle plaidé dans la chanson « Bégnansou Moayé ».

.

Distinction

Le 24 mai 2012, Allah Thérèse reçoit la distinction de chevalier dans l’Ordre du mérite ivoirien. En 2014, elle bénéficie d’une pension mensuelle de l’État ivoirien qui lui a également offert une maison. Le 20 mai 2018, son mari N’Goran la Loi décède à Konankokorékro, à 21 km de Toumodi, au centre de la Côte d’Ivoire, suivi deux ans plus tard de la diva baoulée. Allah Thérèse fait partie des monuments de la musique dite tradi-moderne ivoirienne. Elle a toujours prôné dans ses chansons, l’amour (entre les peuples, entre les conjoints), la sincérité des relations et la paix (« fondi »).

La voix de la diva baoulée s’est éteinte

Allah Thérèse décède le 19 janvier 2020, des suites d’une courte malade, à l’hôpital général de Djékanou, dans le département de Toumodi, en Côte d’Ivoire. Elle avait 84 ans.
A peine une année après le décès de son époux, et six mois après la sortie de l’album « Bégnansou Moayé » produit par Lucien N’dri Kouamé, la faucheuse, cruelle, est venue arracher Allah Thérèse à l’affection des siens. Et pourtant, rien ne présageait une telle issue. Elle fut admise, dans la matinée pour un mal bénin à la mâchoire, au soir du 19 janvier à 23H10 à l’Hôpital général de Djakanou.
Lors de la levée de corps à Treichville, à Abidjan, Allah Thérèse est faite, à titre posthume, Commandeur dans l’ordre du mérite culturel, en présence de plusieurs personnalités, cadres de la région du Bélier, chefs traditionnels et artistes.

"
"
"
"

À propos de l'auteur

Nago Seck

Nago Seck

À propos de l'auteur

Arthur Yao

Arthur Yao

Laissez un commentaire