African Heritage Symphonic Series , Vol.1
Fils d’Emmanuel Sowande, un prêtre de l’Eglise d’Angleterre d’origine Egba, Fela fait ses débuts musicaux au sein de la chorale de Christ Church Cathedral, s’initie à l’orgue puis devient enseignant dans une mission. Sa passion pour Duke Ellington l’oriente vers le jazz et il intègre alors en qualité de pianiste deux formations de jazz, le Triumph Dance Club Orchestra et le Chocolate Dandies créé en 1927 à Lagos.
Les années londoniennes : jazz, composition et enseignement
Parti à Londres faire des études de travaux publics, l’étudiant gagne alors sa vie comme musicien. fonde un septuor de jazz avec des artistes caribéens et se lance dans des études musicales à l’Université de Londres et au Trinity College : il prend également des cours avec trois professeurs George D. Cunningham, George Oldroyd et Edmond Rubbra. Influencé par ses derniers, le futur compositeur entame une recherche vers les musiques du Nigeria dont il définira les grandes lignes en 1965 dans deux articles : « Le développement d’une tradition musicale nationale » et « La Langue dans la Musique africaine ».
Initié au piano jazz, il se lie d’amitié avec plusieurs jazzmen américains de passage à Londres comme Paul Robeson et Fats Waller et interprète « Rhapsody in Blue » de George Gershwin dans le spectacle « Black birds of 1936 » .
En 1940, Fela Sowande présente ses propres compositions au Service Afrique de la BBC, rejoint la Royal Air Force de Grande-Bretagne en qualité de directeur musical de la Colonial Film Unit où il compose alors les musiques de films projetés aux troupes africaines reprenant notamment une mélodie sacrée (Obangiji) composée par le Révérend Joshua Jesse Ransome-Kuti qui servira d’indicatif pour les émissions africaines de la BBC entre 1943 et 1960.
En 1943, il décroche plusieurs prix et diplômes : lFellow of the Royal College of Organists, Limas Prize en théorie musicale, Harding Prize pour son jeu d’orgue, Read Prize pour l’excellence générale de ses examens, diplôme de musique de l’Université de Londres.
African Suite
Nommé organiste et directeur de chœur de la Mission de l’Église Méthodiste de West London en 1945, Sowande se lance entre 1945 et 1952 dans la composition et écrit de nombreuses œuvres pour orgue basées sur des mélodies du patrimoine nigérian dont « Oyigiyigi », « Kyrie », « Prayer », « Obangiji », « Gloria » et « Ka Mura ».
Ses récitals du dimanche deviennent bien vite très populaires.
Il écrit notamment pour le Service Afrique de la BBC plusieurs œuvres originales, dont Six Sketches for Full Orchestra et African Suite (Decca Records, 1953) («African Suite » sera reprise et réenregistrée en 1994 par l’Orchestre CBC de Vancouver dirigé par Mario Bernardi). Écrite originellement en 1944, African Suite, combine des classiques d’Afrique de l’Ouest et des formes occidentales. Pour le mouvement d’ouverture intitulé ‘Jour d’allégresse’ et le quatrième mouvement : ‘Onipe’, Sowande utilise une mélodie écrite par le compositeur ghanéen Ephrain Amu. Dans ‘Nostalgie’, Sowande compose un lent mouvement pour exprimer sa nostalgie pour sa terre natale. Le final de la suite, ‘Akinla’, mêle un air populaire de l’Occident colonial et des éléments d’Afrique de l’Ouest . Diffusée à l’origine par la BBC dans les colonies britanniques africaines, African Suite deviendra le générique de l’émission de highlife de Clyde Gilmour sur la SRC.
Reconnaissance américaine et affirmation culturelle nationale
De retour au Nigeria en 1953, il prend la tête du Centre de recherche musicale de la Nigerian Broadcasting Corporation. Il est chargé de produire des émissions hebdomadaires sur le folklore, l’histoire orale et la mythologie yoruba.
Entre 1955 et 1958, Sowande écrit quatre chansons de negro-spiritual : « Roll de Ol’ Chariot », « My Way’s Cloudy », « De Ol’ Ark’s a-Moverin », et « De Angels are Watchin’ ». Durant cette période, il décroche une bourse du gouvernement américain, voyage à travers les États-Unis en 1957 où il donne des récitals d’orgue à Boston, Chicago et New York et fait également une conférence sur le résultats de ses recherches.
Composée en 1960 pour la célébration de l’Indépendance du Nigeria la Nigerian Folk Symphony intégrant des éléments de musique nigériane dont les mélodies inspirées du patrimoine, les rythmes et les échelles musicales, fut la première œuvre majeure de Sowande et une des premières œuvres d’affirmation culturelle nationale. . En 1964, Sowande est sollicité pour diriger L’Orchestre Philharmonique de New York dans l’exécution de la Nigerian Folk Symphony Au cours des premières années d’indépendance, Sowandé approfondira cette recherche musicale basée sur la réciprocité culturelle , en composant des œuvres intégrant mélodies africaines et formes occidentales .
Enseignement et recherche
Durant les années 1960/1970, Fela Sowande enseigne dans divers établissements tant au Nigeria (Université d’Ibadan, Institute of African Studies) qu’aux Etats-Unis (Anthropology Department of Northwestern University, Howard University in Washington, Pittsburg University) . Il réalise entre 1962 et 1965 pour la Fondation Ford une étude sur la religion yoruba puis, de 1968 à 1972, pour la Broadcasting Foundation of America, 48 enregistrements sur l’histoire, la langue, la littérature et la musique du Nigeria. Il finira sa carrière d’enseignant en 1982 au département panafricain de l’Université de Kent.
Une reconnaissance internationale
Disparu le 13 mars 1987 à l’âge de 82 ans, Fela Sowande a reçu de nombreuses distinctions : Fellow du Royal College of Organists en Grande-Bretagne en 1943, MBE (Member de le British Empire) en 1956 par la Reine Elisabeth II, Membre de la Federal Republic of Nigeria, Traditional Chief Award , docteur honoraire à l’Université d’Ibadan. En son honneur, le Département de Musique de l’Université de Nigeria-Nsukka a été renommé «~École de musique Sowande~».
Source : http://chevalierdesaintgeorges.homestead.com/Fela.html