«~Dès sa naissance, Présence Africaine accueillit des penseurs et écrivains qui faisaient autorité et passaient pour être les directeurs de conscience de la France. Mais ce fut pour les inviter à prolonger leur généreuse réflexion au nom de leur propre foi en l’égale dignité des hommes, de manière à faire face à la dignité africaine, dans l’univers sociale et humain exigés par leurs œuvres.~» (Alioune Diop)
En 1949, la Maison d’Edition ouvre ses portes. Elle est cet espace dans lequel, romanciers, nouvellistes, conteurs, essayistes, poètes et penseurs du Monde Noir peuvent enfin s’exprimer et voir circuler leurs œuvres. La Philosophie Bantoue, du Révérend Père Placide Tempels, qui suscite de nombreuses controverses, est le premier ouvrage publié par les Editions Présence Africaine.
La première période (1947-1949) se caractérise pour la Revue comme celle d’une investigation en profondeur de certains des aspects de la réalité africaine. Cette exigence prend la forme de Cahiers spéciaux consacrés à des thèmes tels que, le Travail en Afrique noire, Haïti, les Etudiants noirs, les Prêtres noirs s’interrogent. … «~Il fallait bien que la réflexion sur la personnalité africaine aboutît à exposer les conditions indispensables au développement et à la libération de cette personnalité.~» (J. Howlett)
Par le biais de la culture, Présence Africaine pose le problème de la colonisation dans son ampleur. A mesure qu’elle s’affirme et étend son audience, elle se sensibilise davantage à la vie publique africaine et subit tout naturellement l’influence de l’intelligentsia nègre et en particulier celle des étudiants, passionnés de politique.
L’art négro-africain n’est pas oublié. Le Cahier spécial qui lui est consacré est une contribution importante à la connaissance de l’esthétisme africain et de la vision que l’on pouvait en avoir à cette époque. En 1954, Alain Resnais et Chris Marker réalisent les statues meurent aussi. Le film, produit par la Revue Présence Africaine, est considéré par son contenu (images et commentaires) nettement «~anticolonialiste~», est interdit de diffusion et estampillé de censure, pendant 10 ans ! Enfin, la censure est levée et l’autorisation accordée en 1964, quatre ans après la plupart des indépendances des pays d’Afrique française…
A la fin de cette même année 1954, un ouvrage amplifie et affirme avec autorité les thèses de Cheikh Anta Diop : Nations nègres et Culture. Le chercheur y pose le problème de l’historicité africaine et singulièrement celle des origines de l’Afrique. Cheikh Anta Diop démontre qu’une langue nationale, comme le valaf (wolof), est capable d’exprimer les conceptions les plus abstraites de la pensée. Incontestablement Nations nègres et Culture est une œuvre majeure et doit être considérée «~comme un moment important dans le réveil de l’Afrique~», dira Aimé Césaire.
C’est dans ce climat que la voix d’Aimé Césaire s’élèvera à nouveau, forte et dénonciatrice, dans le Discours sur le colonialisme, que Présence Africaine édite en 1955.
Du 19 au 22 septembre 2006, Présence Africaine, la Communauté Africaine de Culture et le W.E.B. DuBois Institute for African and African-American Research (Harvard University) ont célébré à Paris, sous le haut patronage de Nelson Mandela, d’Aimé Césaire et de Wolé Soyinka, en collaboration avec l’UNESCO et l’Organisation Internationale de la Francophonie, le cinquantième anniversaire du 1er Congrès international des Écrivains et Artistes noirs, qui eut lieu du 19 au 22 septembre 1956 dans le mythique amphithéâtre Descartes de la Sorbonne.
Alioune Diop, initiateur de cette rencontre, et ses prestigieux compagnons parmi lesquels Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor, Jacques Rabemananjara, Cheikh Anta Diop, Richard Wright, Jean Price-Mars, Frantz Fanon, avaient su, sans appuis officiels, mettre en œuvre ce rendez-vous culturel international dont les principes régissent depuis lors, la place de la culture comme vecteur de dialogue entre les peuples.
Source : http://www.presenceafricaine.com
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