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“Apparu à la fin des années 1960 aux Etats-Unis, le jazz-fusion ou jazz-rock naît du croisement entre l'énergie du rock, le climat du funk et l'approche harmonique du jazz. Miles Davis en est le précurseur.”

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À la fin des années 1960 et au début des années 1970, le rêve hippie se désagrège : concert désastreux des Rolling Stones à Altamont, près de San Francisco (1969), séparation des Beatles (1970), disparition de grandes figures comme Jimi Hendrix (1970) ou Jim Morrison, chanteur et parolier des Doors (1971)…

Les groupes Lifetime du batteur prodige Tony Williams, Blood, Sweat and Tears, dans lequel sont passés les frères Michael et Randy Brecker, ou Soft Machine introduisent dans la musique improvisée des éléments empruntés au langage de la pop music, parmi lesquels l’utilisation d’instruments amplifiés.

Mais le véritable point de départ du jazz-fusion ou jazz-rock, est l’album de Miles Davis, « Bitches Brew » (1969). Le contexte est propice à une ouverture du jazz sur des voix plus éclectiques et électriques. Le jazz-rock accorde une importance grandissante à la rythmique binaire au détriment du swing, avec, par exemple, le batteur Steve Gadd ou Herbie Hancock (Headhunters, 1973), ce qui lui permet de conquérir un nouveau public avec, à la clé, des ventes d’albums jamais atteintes par le jazz.

L’esthétique de cette nouvelle voix met en valeur les solos, avec un goût prononcé pour la vélocité (John McLaughlin) mais aussi pour des changements de climat, avec le passage d’arrangements très « écrits » à des phases d’improvisations collectives (Chick Corea). L’apport de nouveaux timbres est systématique : piano électromécanique de la marque Fender Rhodes, synthétiseurs, qui ne sont au départ que monophoniques, clavinet, instruments « ethniques » (Weather Report), pléthore de pédales d’effets, comme la pédale wa wa sur la trompette de Miles Davis. L’enregistrement multipiste permet plus de précision et la production se rapproche de celle des disques de rock par l’utilisation fréquente du rerecording (Return to Forever, de Chick Corea, ou Steps Ahead). La basse électrique s’émancipe grâce à l’apport de virtuoses comme Stanley Clarke (technique du slap) ou Jaco Pastorius (basse sans frette), qui enrichit le jeu de l’instrument : approche contrapuntique, notes mortes et glissandos expressifs, « répétition-mutation » sur les patterns d’accompagnement… Les conceptions harmoniques s’élargissent avec de nombreuses extensions d’accords, ou se resserrent en référence à la modalité du funk.

Cette période a laissé des traces durables dans la mosaïque postmoderne du jazz actuel.

* Source : https://www.universalis.fr/classification/
Eugène LLEDO
(auteur-compositeur, musicologue et designer sonore)

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Nago Seck

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