Këne bougoul
Lauréat de la Semaine Nationale de la Jeunesse en 1999 où Kilifeu est sacré « Meilleur Rappeur », puis en 2000, Keur Gui sort la même année leur album « 1ère mi-temps » censuré à l’époque par le régime socialiste. Leur dénonciation de la politique gouvernementale et leur engagement sans faille leur avaient valu un séjour en prison. Suivent « 2ème mi-temps » et, en 2002, « Këne bougoul » qui signifie « personne n’en veut » en wolof, une confirmation de leur engagement politique.
Liye Raam
Paru en 2004, leur second opus, « Liye Raam » (« ce qui rampe », « ce qui se trame » ou « si on ne prend garde » en wolof), traite de divers thèmes : les politiciens véreux (« Beaux parleurs »), l’Unité Africaine, la colonisation mentale et la domination Européenne (« Coup de fil à l’Occident »), la décentralisation du rap qu’ils trouvent n’être concentré qu’au niveau de la capitale Dakar (« Meukdôm Connect Gang », « Pinku Side ») ou encore la diversité des Confréries Musulmanes et leur divergence (« Liye Raam »).
Nos connes doléances
En 2008, Keur Gui sort « Nos connes doléances », l’album de la confirmation réalisé avec Mollah Morgun aka Weundeung MC et relatant ce qui s’est passé depuis l’indépendance jusqu’à nos jours. Cet opus d’une incroyable richesse d’écriture leur vaut plusieurs récompenses : « Meilleur groupe », « Meilleur album », « Meilleure vente » et « Meilleure prestation scénique » en 2008 au Sénégal, une nomination aux African Hip Hop Awards en 2010, une participation au Festival Music RFI Découverte et une tournée nationale et internationale.
Coup de gueule
En 2010, Keur Gui lance « Coup de gueule », un single dénonçant la corruption et le mal-développement du Sénégal qui s’est longtemps reposé sur ses lauriers de première démocratie d’Afrique francophone tout en laissant se développer une misère urbaine considérable. « Coup de gueule » connaît un réel succès sur les plateformes de téléchargement, avec plus de 270.000 vues sur youtube.
Thiat, le rebelle
Citant souvent le groupe de rap américain Public Enemy parmi ses références musicales, Thiat aka Mass 36 dérange les autorités. Il est coutumier des gardes à vue et intimidations. Dernière péripétie en date, son passage à la Division des Investigations Criminelles (DIC) les 25 et 26 juillet 2011, suite à une manifestation au cours de laquelle il aurait tenu des propos diffamatoires envers le chef de l’Etat. « En ce moment, nous préférons geler notre carrière musicale pour donner la priorité à l’engagement citoyen jusqu’à la fin des élections de 2012. Mais ça ne veut pas dire que nous ne travaillons pas. D’ailleurs, juste après les élections, nous avons prévu de sortir notre prochain album Encyclopédie », dit-il.
Kel Dette
Très investi pour le développement de leur pays, Keur Gui travaille également dans la réinsertion sociale des détenus et a organisé des concerts en prison. Ils ont aussi animé des ateliers et des conférences hip hop en milieu carcéral (Cent Mètres Carrés Fort B, Camp pénal de Liberté VI, Maison d’arrêt de Kaolack, etc).
En Février 2011, ils participent au Forum Social Mondial à Dakar, et produisent « Prise de conscience collective », une compilation réunissant 19 groupes de rap sénégalais pour l’annulation de la dette, contre l’oppression et le capitalisme. Réalisé en partenariat avec Le Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers-Monde (CADTM) de Belgique et le label Youkoungkoung Productions, l’album est mis en avant avec le single « Kel Dette » (« Quelle dette » en français ou « Bann det » en wolof).
Ils ont également participé au festival « Asalaamalékum HH » en Mauritanie et ont été les guests de Star Hip Hop Awards.
Kilifeu et Thiat sont régulièrement invités en tant que conférenciers à travers le continent africain mais aussi en Europe ou encore aux USA, pour aborder les questions sociales et politiques contemporaines.
Encyclopédie
En 2014, Keur Gui revient sur le devant de la scène avec le single « Nothing To Prove » (feat. Kokayi), et « Encyclopédie », le premier livre audio qui englobe toutes les sciences du hip hop, composé de 2 tomes de 13 titres chacun.
Le premier tome, « Opinion Public », est une réflexion poussée sur l’état et le devenir du pays et du continent. Une contestation artistique sans précédent avec sa clarté des couplets sur des musiques très métissées qui restent hip hop à la base. Il est le miroir qui reflète à la société sa propre image, son vrai visage. Aucune de ses couches ou composantes n’est laissée en rade. Même les conditions des détenus y sont relatées. Kilifeu et Thiat, fidèles à leur ABCD, n’ont pas mis de gants pour pointer du doigt les maux qui gangrènent la société sénégalaise.
Avec le second tome, « Règlement de compte », qui traite de l’art de la rue avec tous les skills (compétences) requises, du flow en passant par la technique des sonorités choisies, des beats du clash à l’égotripe, et des variantes du rap sans quoi un opus perdrait de sa valeur. Keur Gui met la barre très haute après cinq mois de laboratoire pour concocter une bombe musicale.
Mouvement Y’en a marre
Engagés socialement, Kilifeu et Thiat le sont aussi politiquement, en étant les initiateurs du mouvement « Y’en a marre », un collectif de contestation pacifique sénégalais créé en janvier 2011 par des rappeurs et des journalistes.
« Y’en a marre » est un mouvement de veille et de conscientisation, sentinelle de la démocratie au Sénégal formés pour contester la tentative de coup d’Etat de la Constitution sénégalaise par le président sortant Abdoulaye Wade qui tentait de modifier la constitution du pays afin de lui permettre de briguer un troisième mandat et baisser le nombre de voix nécessaires pour ainsi s’assurer de remporter la présidence. Abdoulaye Wade fut président du Sénégal du 1ᵉʳ avril 2000 au 2 avril 2012.
« Y’en a marre » prône des valeurs autour de l’engagement individuel dans une communauté civique, de la moralisation du politique, de l’acte de citoyenneté exercé dans les canaux traditionnels de l’institution. Les revendications du mouvement ne s’arrêtent pas au champ politique. Ils ont lancé le concept du « Nouveau Type de Sénégalais » (NTS), un concept large qui veut changer les habitudes de la société sénégalaise. Le NTS, c’est le Sénégalais qui ne pisse plus et ne jette plus d’ordures dans la rue, le Sénégalais qui va refuser de monter dans un bus déjà plein, qui ne va pas accepter que le chauffeur puisse corrompre le policier au carrefour, qui va respecter l’heure des rendez-vous.
Ce mouvement fort et spontané a joué sa partition lors des dernières élections présidentielles au Sénégal en 2012, jugées démocratiques par la Communauté Internationale. Ils animent des conférences dans le cadre de Y’en a marre aux États-Unis et au Burkina Faso.
*Sources:
https://www.myspace.com/keurgui2kaolack/
https://www.kingsize.no/
https://www.rapwolof.com/
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