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Née le 27 juin 1959 au Burundi, Khadja Nin s'illustre en 1995 avec “Sambolera mayi son”, un gros tube mondial, faisant d'elle l'une des chanteuses africaines les plus célèbres. Two years after the successful release of Sambolera, Khadja Nin is back on the scene with her fourth album YA. Full of mysterious charms, more introspective and captivating than her previous releases, this new album feels like the last summer sunrays breaking through a cloudy autumn sky and confirms that she is a unique and sincere artist. ”

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Aux sources du fleuve

Il est des existences qui se sculptent dans ce bois dont rêverait tout écrivain pour accoucher du livre de sa vie. Celle de Khadja Nin s’y apparente aussi simplement qu’elle la raconte.

Elle naît et grandit au Burundi, petit pays d’Afrique tenaillé entre les deux monstres gullivériens que sont la République Démocratique du Congo (RDC) et la Tanzanie. Elle y passe une enfance paisible au sein d’une famille de huit enfants. Elle y fait ses premiers apprentissages musicaux. “La musique comme un passe-temps de jeunesse” dit-elle, bien qu’elle rêve déjà d’être Miriam Makeba.

A seize ans, Khadja Nin quitte son foyer pour rejoindre la R.D.C. et poursuivre ses études secondaires. A dix-sept, elle rencontre celui qui deviendra son mari et part avec lui dans la forêt s’occuper de “lodges” pour touristes avides de sensations. Elle y donne également la vie, et croit qu’elle délaisse la musique pour toujours.

En 1980, alors que tout semblait lui sourire, sa vie prend un tournant radical. Elle quitte l’Afrique pour l’Europe avec sa nouvelle famille. Mais le vieux continent ne lui réserve pas sa clémence. Après la perte de plusieurs proches, son mari décède subitement. “Je me suis retrouvée seule avec un enfant dans un pays où je ne connaissais personne. J’ai commencé à travailler en faisant parfois des petits boulots ingrats afin de subvenir à nos besoins.” dit-elle sans sourciller.

Khadja Nin et Nicolas Fiszman

1985 sera une année charnière. Elle rencontre Nicolas Fiszman. Musicien surdoué et réputé, il s’éprend artistiquement de cette princesse surgie de nulle part. Ensemble, ils décident de s’atteler à la tâche et travaillent sans relâche sur leurs premières démos. Elle dit de lui : “Nicolas est le Nin de Khadja Nin.

Il faudra attendre 1991 pour trouver preneur, en la personne de BMG qui signe sur-le-champ, séduit par ce duo réalisant une musique atypique, métissage de résonances africaines et de sonorités européennes. La World n’est pas encore à la mode mais ils en tissent les prémices. Khadja Nin est leur premier album, dont “Leo Leya” sur l’unité africaine. Il connaît un succès d’estime précise l’intéressée malgré tout suffisamment important pour lui permettre de se consacrer uniquement à son art.

En 1994 suivra un second disque Ya Pili, et d’innombrables concerts, “indispensables à l’harmonie de ce métier. Car les concerts sont les seuls lieux où l’on peut à la fois s’améliorer, se mettre en danger et remercier son public” qui assoient sa notoriété et son statut d’artiste à part entière.

Sambolera

1996 marque sa célébration. TF1 qui cherche à s’acheter une réelle crédibilité artistique la remarque et décide avec son troisième album “Sambolera” d’en faire l’artiste de l’été pour rompre avec ses produits préfabriqués. Si le pari est audacieux pour la chaîne, il est autant plus risqué pour Khadja Nin. “On m’a beaucoup interrogée sur cette opération. En gros la question était « Khadja Nin va-t-elle se faire manger par TF1 ? », et la réponse fut « non, je ne suis pas comestible ». Cette opportunité m’a juste permis de me faire mieux connaître et d’aller plus vite. A partir du moment où je savais exactement où aller, je n’avais aucune crainte à avoir pour mon intégrité artistique.

Et la suite de lui donner raison. Car si son parcours et sa musique ne laissent aucune place au doute sur sa crédibilité en tant qu’artiste, “Sambolera” se vend alors à plus de 420.000 exemplaires. Un succès pour ses partenaires et une reconnaissance de l’Europe entière qui se décide enfin à lui faire un accueil à la hauteur de son talent.

Khadja Nin y rend homage à Battling Siki aka Amadou M’Barick Fall dit Baye Fall, né le 16 septembre 1897 à Saint-Louis, au Sénégal, et mort le 15 décembre 1925 à New York, aux Etats-Unis. À 25 ans, il fut le premier Africain à devenir champion du monde (1922). Entre novembre 1919 et 1922, il remportera 43 victoires, 2 nuls et 1 défaite.

Il fut également Champion de France et Champion d’Europe, et reçut la Croix de guerre et la Médaille militaire en France.

Aux portes du delta

C’est en Octobre 1998 que paraît Ya…, le quatrième album de Khadja Nin. Conçu avec la même passion et la même force que les précédents, porté par son indéfectible compagnon-de-route-homme-orchestre-producteur Nicolas Fiszman, son ossature tend néanmoins vers une forme plus affinée qui découle inexorablement de leur complicité devenue presque osmotique.

Nous avons enregistré “Ya…” dans des conditions idéales. Nous nous sommes installés au Sud de Londres dans une maison de campagne que nous avons équipé d’un studio mobile. Là, j’ai pu recevoir mes musiciens et mes invités comme I Muvrini, et les accueillir en maîtresse de maison. En plus de la convivialité très stimulante qui se dégageait de cet endroit, cela m’a également permis d’approfondir ma relation de travail avec Nicolas. Lui écrit la plupart des musiques et moi les textes, mais nous parlons le même langage. Et après tant d’années passées à travailler ensemble, notre style s’affirme et trouve peu à peu sa propre harmonie”, nous confie Khadja Nin.

Et si ce style reconnaissable entre mille peut s’amender, il est clair qu’il trouve avec Ya… son eurythmie la plus probante et surtout la plus émouvante.

Jeanne Moreau réalisera le clip de la chanson “Mama” de l’opus Ya…

Car au-delà des orchestrations luxuriantes de simplicité, des arrangements hypnotiques et des mélodies conçues comme de véritables invitations au voyage, Khadja Nin a mis dans ses textes une dose d’humanité rarement atteinte qui se mélange avec des expériences vécues auxquelles on ne peut rester insensible. Et même si Khadja Nin chante en Swahili ou en Kirundi, la prouesse est elle que la force émotive qui se dégage des textes accolés à leur musique presque onirique ainsi qu’à la puissance lumineuse de sa voix nous contamine dès la première écoute attentive du disque. Un pari qui s’explique mieux lorsque l’on sait dans quel état d’esprit cette chanteuse de cœur a créé son album. “ Ya… est un peu différent des autres disques, car il marque une étape importante de ma vie. J’ai vécu vingt années magnifiques dont je garde un souvenir très ancré en moi. Puis ont suivi vingt années très difficiles durant lesquelles j’ai connu de nombreuses disparitions, des guerres ou la galère, fait l’expérience de la solitude tout en élevant mon enfant. Aussi, j’espère que les vingt années à venir seront des années de renaissance, de pure liberté. Car sur cet album, je délaisse ma peau des années laborieuses, je tourne la page. Avec ce disque je salue une époque avec décence et respect mais en quittant définitivement mon habit de deuil.

Une déclaration qui sans jamais sombrer dans la complainte ou la compassion, témoigne par contre de toute son authenticité artistique et de la noble idée qu’elle se fait de son art…

Source : www.khadja-nin.com At the source of the river

Some people’s lives are so amazing that they could easily inspire any novelist to write a masterpiece. Chad’s life is such a story that deserves to be told. She was born and raised in Burundi, a small African country squeezed in between two gigantic territories, Zaire and Tanzania. She grew up peacefully in a family of eight children, where she made her first steps into music. « Music was always there, » she confesses, though she already wished to be Myriam Makeba.

When she turned 16, she left her family and home and went to Zaire to pursue her studies. At the age of 17, she met her future husband and moved with him into the forest, where they ran some lodges for tourists in search of big thrills. She also gave birth to her son and thought that music, for her, was a dream that would never come true.

In 1980, while everything seemed to flow happily, her life changed dramatically. She left Africa for Europe with her new family, a move which proved very tough. She first lost some of her close relatives. Then her husband suddenly died. « I was left alone with my child in a foreign country and I didn’t know anybody, » she remembers. « I applied for jobs, sometimes the lowest ones in order to make a living, » Khadja says almost casually.

In 1985, she met the well-known and talented musician Nicolas Fiszman, which proved to be a turning point in her life. Nicolas fell artistically in love with « this princess from out of the blue » and soon they started to write songs together. Khadja says about him, « Nicolas is the Nin of Khadja Nin. »

They had to wait until 1991 to sign their first recording contract. Immediately seduced by this duet with a unique blend of African and European sounds, BMG signed them on the spot. There was no hype on World music at the time, so they contributed to its blossoming. Their eponymous debut album was « critically acclaimed, » as Khadja says and commercially, it was a relative success too, motivating her decision to dedicate herself exclusively to music from then on.

In 1994, she releases her second album, « Ya Pili » was released in 1994, and performed live continually – « Something essential in one’s musical career. Being on stage is the only way to improve, take risks and directly thank your fans, » she says. It was also a good way to prove that she was a complete artist.

Real fame came in 1996. In an attempt to buy itself some cultural credibility and to make a break from previous fake projects, the most powerful French TV channel TFI, selected Khadja Nin as its « summer act » with her third album « Sambolera, » (which consisted of broadcasting one of the artist’s videos several times a day during the summer). It could have been a risky choice for the channel, as well as for Khadja herself. « People often asked if I was not afraid of being swallowed up by TF1. The answer is – I’m not edible. This opportunity just helped me to reach a larger audience and to move faster. As I knew exactly where I stood, I did not fear anything for my own credibility. »

The future proved her right. Her career and her music kept the same level of credibility after she had sold more than 420,000 copies of « Sambolera » worldwide; a huge success for her partners and a big acknowledgement from France and the rest of Europe.

Reach the delta of the river

In 1998, Khadja – for whom bitterness and denouncement seem not to exist – is so eager to live and to try out new things that she is arriving at the same step of her career. YA was released. Nurtured with more passion and strength than ever in collaboration with her faithful multi-instrumentalist/partner/producer Nicolas Fiszman, the main quality of this new album is that it is more defined and stripped down than her previous work. This is the result of their long creative partnership, which is a true osmosis now.

« The whole set up for the recording of YA… was great. We moved to South London and stayed in a country house where we installed a mobile studio. Thus, I could invite my musicians and guests, such as I Muvrini (from Corsica), as if I was at home. Besides the friendly spirit of the place, it gave us a chance with Nicolas to develop our working relationship much further. He writes most of the music and I concentrate on the lyrics, but we speak the same language. After so many years together, our style gets sharper and finds its own harmony, » Khadja says. Indeed, their immediately recognizable style found in YA… is most convincing and moving eurythmics so far. Beyond the amazingly simple backing track full of hypnotic arrangements and dreamy melodies, Khadja Nin instills in her lyrics such an uncommon touch of humanity, mixed with her own experiences, that the listener cannot avoid being affected. Even when she sings in Swahili and Kirundi, her performance is so outstanding that the emotional power of those lyrics, sung in such a bright and strong voice on top of a dreamy kind of music, is immediately infectious. Being a soulful singer Khadja’s spirit during the recording sessions explains it all: « YA… is a bit different from my previous albums as it marks a big change in my life. The first twenty years of my life were wonderful and I will always keep them in my mind. The following twenty years were tough with the loss of very close people and my experience of war, hard times and loneliness, with a child to raise. So I hope that the next twenty years will be a rebirth, a new freedom. With this record, I cast off my old skin for a new one. I treat the former era with a lot of respect and decency but I definitely get rid of my mourning dress. »

There is neither pity nor lament in this statement. It rather testifies her integrity and the profound love and respect she has for her art. Humble as ever, Khadja Nin adds almost apologetically, « But you know, I try to stay very calm with it because I came to music rather late in my life and by accident. Actually, music came to me like a gift from God. »

Khadja Nin could not have come up with a better offering than her new album YA… .

Source : www.khadja-nin.com

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À propos de l'auteur

Sylvie Clerfeuille

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