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“Nicholas G.J. Ballanta (1893–1962) est un musicien, compositeur et éducateur sierra-léonais qui a mené des recherches sur les musiques d’Afrique de l’Ouest au début du 20e siècle. Sa formation à la musique classique européenne a influencé ses compositions musicales mais son collectage de plusieurs années des  musiques traditionnelles d’Afrique de l’Ouest  l’a amené à composer des pièces musicales ou des opéras marqués par les sonorités africaines. Ses oeuvres sont le croisement de ces deux influences.  ”

Influences familiales 

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Nicholas George Julius Taylor est né de parents Krio le 14 mars 1893 à Kissy, près de la ville de Freetown en Sierra Leone. Sa mère, Sarian Ade Wray,  une chrétienne pratiquante lui a fait suivre le chant dans la chorale de l’église anglicane St. Patrick. Son père, Gustavus Taylor, employé comme ingénieur sur un navire, joue du violon et de l’orgue, donnant des concerts sur la côte ouest africaine. En 1905, Nicholas se forme à la clarinette  à la CMS Grammar School de Freetown et rejoint la fanfare de l’école. L’année suivante, il remporte également le premier prix de musique à la Government school exhibition et s’initie à l’orgue.

Formation

En  1911, Nicholas devient organiste à l’église St. Patrick et, jusqu’en 1917, étudie des livres sur l’harmonie, la forme, le contrepoint et la fugue, année où  il décroche son baccalauréat. . En 1917, Nicholas George Julius Taylor  réussit le premier examen pour le diplôme de baccalauréat en musique à l’Université de Durham, mais ne peut décrocher le diplôme final, un voyage en Angleterre aurait été nécessaire pour valider ce diplôme.

Carrière américaine 

Devenu directeur musical de la société chorale de Freetown, Nicholas collabore  avec l’Américaine Adelaïde Caseley Hayford, compose une œuvre chorale, Belshazzar’s Feast, sur un texte de Felicia Hemans,  qui sera jouée à Freetown en 1919. A son retour aux Etats-Unis, cette dernière lève des fonds pour le faire venir en Amérique : Il produit avec elle  des concours africains à Boston et à Philadelphie, puis se rend  à New York, où il écrit deux articles pour le Musical Courier : « Jazz Music and its Relation to African Music » (1 juin 1922), et « An African Scale » (29 juin 1922). A New-York,  Il fait la connaissance de  Walter Damrosch et du Dr. Frank Damrosch , reçoit  une bourse à l’Institut d’art musical (devenu la Juilliard School of Music) et décroche  son diplôme en 1924. Sa thèse s’intitule Une œuvre symphonique sur des thèmes africains intitulée La musique d’Afrique.

George Foster Peabody persuade bientôt le jeune homme de visiter l’Alabama, la Géorgie et la Caroline du Sud pour mieux comprendre la musique des afro-américains. En visitant la Penn School en Caroline du Sud, il démontre sa grande facilité à transcrire rapidement et avec précision les Spirituals qu’il entend chanter par les élèves.  La collection de 103 spirituals de Ballanta sera publiée par G. Schirmer en 1925 sous le nom de Saint Helena Island Spirituals.

Recherches africaines 

George Foster Peabody financera les recherches du jeune sierra-léonais sur le terrain (Gambie, Sierra Leone, Gold Coast (Ghana),  Nigeria)  de 1924 à 1926 en . En 1926, il revient aux États-Unis, rapportant « J’ai parcouru environ 7000 miles de pays en Afrique de l’Ouest pour des travaux de recherche, au cours desquels j’ai collecté plus de 2000 exemples de chansons africaines». En qualité de compositeur, Ballanta s’est intéressé aux aspects techniques de la musique, gammes, mélodie, rythme, harmonie, forme, relation entre les tons de parole et les contours mélodiques, ainsi qu’à la prosodie et aux instruments de musique. Il a observé l’effet du changement social sur les musiques d’Afrique de l’Ouest, et a cherché à monter une classification des régions en fonction de la présence ou de l’absence d’« influence occidentale ou orientale ».  En 1925, il a reçu une bourse Guggenheim pour poursuivre les études scientifiques sur les conceptions musicales des peuples africains et comparer ces idées avec les conceptions musicales des Musiques européennes. En 1927, Ballanta a obtenu une seconde subvention pour poursuivre ses recherches sur les conceptions musicales des peuples africains. Des années 1940 à 1960, Ballanta a enseigné à la CMS Grammar School de Freetown. Il serait mort à Kissy en 1962.  La date exacte de sa mort n’a pas encore été vérifiée.

Opéras

Les  partitions de trois opéras folkloriques ou pièces musicales ont été retrouvées : Afiwa, Efua et Boima. Ballanta y utilise des éléments de la musique européenne et africaine, qui, explique-t-il,  « tout en étant dans la tradition de la musique classique occidentale était reconnaissable comme africaine« .

La musique d’Afiwa se présente sous trois formes : une partition orchestrale complète datée de 1937, une autre partition orchestrale de l’ouverture plus deux pièces et une partition vocale pour piano sans ouverture. Le texte de la pièce est complet. Le texte d’Efua a été retrouvé et la partition comprend l’ouverture et seulement neuf des dix-neuf pièces. Boima se présente sous forme de pièces instrumentales individuelles. Il n’y a pas de texte de la pièce, pas de partition vocale et pas de partition du chef d’orchestre. Pour les premières représentations à Freetown, les acteurs étaient des membres de « l’Old Girls Association de l’école commémorative Annie Walsh ».

J.H. Kwabena Nketia a décrit  en ces termes la place de Ballanta dans l’histoire de la musique africaine :

« Bien que les observations de Ballanta n’étaient pas toujours exactes, son approche de la musique africaine était plus théorique et systématique que celle de la plupart des écrivains de son temps, car il croyait que sa mission était d’entreprendre « des études scientifiques sur les conceptions musicales » des peuples africains et « pour les comparer avec ceux de l’Occident. » Son importance dans l’histoire de la recherche musicale en Afrique réside donc dans (1) son accent sur un travail de terrain étendu ;  son approche théorique et descriptive de la musique africaine ; et  son approche régionale et comparative de la musique africaine (maintenant favorisé par de nombreux musiciens africains)« .

Ballanta Academy

En 1995, la Ballanta Music Academy a été créée à Freetown, en Sierra Leone, pour honorer  la vie et à l’œuvre de Ballanta.

Ses oeuvres : 

Ses œuvres publiées

  • « Andante », Op. 1. New York: G. Schirmer, 1915. Organ work. Print.
  • Saint Helena Island SpiritualsRecorded and transcribed at Penn Normal, Industrial and Agricultural School, Saint Helena Island, Beaufort County, South Carolina. New York: G. Schirmer, 1925.

Ses manuscrits

Les manuscrits sont la propriété de  la famille Logie Wright à Freetown, Sierra Leone and sont conservés de 2002 à 2025 aux Archives du Cottey College au Nevada, Missouri, États-Unis. Ils sont maintenant  conservés par le professeur émérite Cottey, le Dr Dyke

Afiwa. Comédie musicale. 1936. Inédite.

    • Produite en Novembre  1936 à Keta, Gold Coast [aujourd’hui Ghana]. Non vérifié.
    • Produite avec la même troupe en Décembre 1936 à Lomé, au Togo. Non vérifié..
    • Créée à Freetown, Sierra Leone en novembre et décembre 1937.
    • Jouée le 24‑25 novembre 1941 à Freetown.
    • Jouée à Freetown dans les années 1950.  Non vérifié.
    • Jouée en 1996  à Freetown. Non vérifié.
    • Jouée en 1997 à Freetown. Non vérifié.
    • Spectacles programmés au Cottey College le 16‑17 avril 2010.
  • Boima. Comédie musicale. Joué en 1938. Inédit.
  • Efua.Comédie musicale. Joué en 1938. Inédit.
  • The Fanti Spirituals. Manuscrit de 3 chansons par le révérend Gaddiel R. Acquaah et Isaac D. Riverson. Inédit.
  • Sing Aloud to God Our Strength. Hymne pour chœur et orgue. Inédit.

 

Inédits 

  • Africa and the Africans. Ouverture. 1924.
  • Among the Palm Trees. Ouverture. 1922.
  • The Answer. Music for the Pageant. Joué à Boston, Massachusetts vers 1922.
  • Asheeko. Music for the Pageant. Joué à Philadelphie, Pennsylvanie vers 1922.
  • Bangura King of Sandalla. Comédie musicale. 1933. Aurait été produite à Onitsha, Nigeria. Non vérifié.
  • Belshazzar’s Feast. Cantata. 1919.
  • Fatmata. Comédie musicale. 1944.
  • Feri Chine. Comédie musicale. 1932. Aurait été produite à  Lagos, Nigeria. Non vérifié.
  • The Music of Africa. Symphonie. 1924.
  • Prelude for Organ. 1917.
  • Tewo. Comédie musicale créée dans la région Mandé. 1940.

Ses écrits

  • The Aesthetics of African Music. 1934. Traité non publié. Propriété de Ballanta Academy of Music; conservé au Cottey College.
  • « Music of the African Races« . N. G. J. Ballanta. West Africa: A Weekly Newspaper and Review. 14 June 1930. 752–3.
  • The Philosophy of African Music. Traité perdu. probablement écrit après 1934.

 

 

 

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À propos de l'auteur

Sylvie Clerfeuille

Sylvie Clerfeuille

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