A Pointe Noire, la musique est interdite aux femmes, un tabou qu’a décidé de lever Simbou Vili en choisissant de signer son premier album, Mame en 2002. Pochette de toute beauté signée par un grand du design Jean Luc Lamarque, musique passant de la rumba lente au reggae et au zebola chantée en trois langues (punu, vili et lingala), la première œuvre de Simbou mérite le détour. De son vrai nom Marie Hélène Loembé, Simbou Vili a choisi son prénom en souvenir de son arrière grand-mère et son nom en référence à la fois à son ethnie issue du royaume loango et aux deux mots chers à son cœur : vi pour victoire, li pour liberté, symboles de ses choix de vie, la musique et la danse. Ancienne choriste de So Kalmery et de Nzongo Soul, celle qui fit la Une du quotidien Libération en rejoignant Couleur Carnaval en 1994 chante d’une voix profonde des thèmes qui lui sont chers : l’égalité des chances dans « fumbu » – « quelque soit sa famille, on a tous une éducation, on est tous des princes et on a droit à sa chance » -, le respect de la nature et des esprits qui l’habitent (« Liyangue »)- « le lac loango a disparu et les esprits bakissi basi avec lui par la négligence des gens qui ne l’ont pas entretenu » -, l’omniprésence de Dieu et la recherche du sens de l’existence ( » Luzingu « ). N’oublions pas « Jaria », une reprise du titre de Dalienst qui bouleversa les deux Congos. Ce tube parlait d’amour et pas de n’importe lequel, de celui que l’artiste de Kin éprouvait pour une fille de Pointe Noire, la propre cousine de Simbou, une véritable révolution à l’époque.
Sylvie Clerfeuille
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