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“L'arrivée dans les années 1920 du disque (introduisant rythmes afro-américains et afro-antillais) ainsi que des guitares, des cuivres ou des orgues renforce une première amorce d’une musique urbaine dans les deux Congo (Congo Brazzaville et Congo Kinshasa (RDC)), la rumba congolaise...
Le mardi 14 décembre 2021, la rumba congolaise est inscrite par l'Unesco sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité. ”

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Les débuts

Après avoir exploité les musiques d’importation, les artistes se tournent à cette période de plus en plus vers la rumba cubaine, un genre musical très proche de leur sensation culturelle. Apparaissent alors plusieurs groupes qui commencent à enregistrer pour des maisons de disques appartenant pour la plupart à des Grecs. En 1938, le musicien antillais Jean Réal signe, avec la création du groupe Congo Rumba, les prémices de la rumba congolaise. L’année suivante, Bernard Massamba fonde le groupe Jazz Bohême. Mais c’est véritablement Paul Kamba qui initie la rumba en 1942 avec son groupe Victoria Brazza (Brazzaville). Son succès est tel que son ami Antoine Kolosoy dit « Wendo Kolosoy » ou « Wendo Sor » fonde à Léopoldville en 1948 un groupe au nom similaire : Victoria Kinshasa. La rumba sera électrifiée en 1953 par L’African Jazz de l’auteur, compositeur et chanteur Joseph Kabasélé dit « Grand Kallé Jeff » et du compositeur et guitariste aux riffs rock, Nicolas Kassanda dit « Docteur Nico« .

Guitar Heroes

Parmi les premières vedettes de la guitare, il y a le Centrafricain Zacharie Elenga aka Jhimmy Banguissois dit « Jhimmy-à-la-guitare-hawaïenne« , les Angolais Tino Baroza et Manuel d’Oliveira, le Congolais Dewayon Ebengo Isenge, Manoka Souleymane de Sadio et les « Doualamen » (Camerounais de Douala). Les premières fanfares de Brazzaville et de Léopoldville qui se produisent dans les bars, déversent leur lot de polka piquée et de jazz. Plusieurs musiques de l’époque, chantées en lingala, en tshiluba ou en swahili, étaient jouées avec la sanza ou likembe (piano à pouce), la guitare acoustique et une bouteille frappée avec une fourchette comme percussion.

Plus tard, elles sont jouées avec de l’accordéon chromatique, de la guitare, de l’orgue ou de l’harmonica intégrant d’autres musiques traditionnelles : le mutuashi du Kasaï, le makuandungu du Bandundu, le zambele ngingo de Kinshasa (danse et rythme des jeunes Kinois) ou le zebola de l’Équateur. Dans la seconde moitié des années 1930, débarque au Congo Léopoldville le groupe angolais San Salvador, introduisant le genre « matiniqué » (déformation de martiniquais) fortement inspiré de la mazurka, de la cadence et de la biguine des Antilles.

Dès 1936, les « Coastmen », marchands et marins originaires du Dahomey (actuel Bénin), du Ghana et du Nigeria font danser Léopoldville et Brazzaville aux sons du highlife ghanéen. Naissent les premiers ensembles vocaux congolais, synthèse des polyphonies traditionnelles et du chant choral chrétien. On assiste alors à la création des premiers orchestres utilisant des instruments à vent. Cuivres et flûtes émergent ainsi que les musiciens qui martèlent la grosse caisse ou qui soufflent avec aisance dans le baryton ou le soprano.

Wendo Kolosoy et Paul Kamba, les initiateurs de la rumba

Après avoir exploité les musiques d’importation, les artistes se tournent de plus en plus vers la rumba cubaine, un genre musical très proche de leur sensation culturelle. Apparaissent alors plusieurs groupes qui commencent à enregistrer pour des maisons de disques appartenant pour la plupart à des Grecs. En 1938, le musicien antillais Jean Réal signe, avec la création du groupe Congo Rumba, les prémices de la rumba. L’année suivante, Bernard Massamba fonde le groupe Jazz Bohême. Mais c’est véritablement Paul Kamba qui initie la rumba en 1942 avec son groupe Victoria Brazza (Brazzaville). Son succès est tel que son ami Antoine Kolosoyi dit « Wendo Kolosoy » ou « Wendo Sor » fonde à Léopoldville en 1948 un groupe au nom similaire : Victoria Kinshasa.

Poète populaire, batelier, chanteur-guitariste originaire de Kisangani (région de l’Equateur), Wendo Kolosoy opère la première fusion entre rythme traditionnel (zebola), latin (rumba cubaine) et antillais (matiniqué). Ses compositions, « Marie Louise » et « Paul Kamba atiki biso », enregistrées en 1948 pour Ngoma signent les débuts de la rumba congolaise et lui valent les surnoms de « maître de la chanson » et de « père de la rumba congolaise ». Ce courant modernisateur sera aussi incarné par des artistes comme les joueurs de sanza Antoine Mundanda et Papa Kourand, les guitaristes Paul Kamba, Léon Bukasa, Henri Bowané, Jean-Bosco Mwenda, auteur du célèbre « Masanga » en 1951 ou encore la chanteuse Lucie Eyenga.

Grand Kalé & l’African Jazz

La rumba sera électrifiée en 1953 par L’African Jazz de l’auteur-compositeur et chanteur Joseph Kabasélé dit « Grand Kallé Jeff » et du compositeur et guitariste aux riffs rock, Nicolas Kassanda dit « Docteur Nico« . Leur gros tube, « Indépendance cha cha », écrit en 1960 lors de la table ronde pour l’indépendance du Congo-Léopolville (à l’époque), sera l’hymne à la liberté pour tous les pays d’Afrique francophone accédant à l’indépendance.

Ce concept musical sera développé par divers groupes et artistes comme Les Bantous de la Capitale de Brazzaville (de Jean-Serge Essous, Edo Nganga, Nino Malapet, Célestin « Célio Kouka »…), Franco (François Luambo Makiadi) et l’OK Jazz devenu TP OK Jazz, Tabu Ley « Rochereau » et l’Afrisa International, Mbilia bel, Faya Tess, Papa Noel, Bana Loningisa, et bien d’autres…

Plusieurs autres artistes et groupes apporteront leurs couleurs à ce genre musical : Johnny Bokelo, Zaïko Langa Langa, Bozi Boziana, Papa Wemba, Pépé Kallé, Madilu System, Mpongo Love, Abéti Masikini, Tshala Muana, Bana OK, Kékélé, Diblo Dibala, Dally Kimoko, Fally Ipupa, Yolande Masikini, Noëlla Ngoyi, Mis Blandine ou encore le grand maître de la guitare congolaise Dino Vangu et sa compagne et excellente chanteuse Lo Benel…

La rumba congolaise inscrite au patrimoine immatériel de l’humanité

Le mardi 14 décembre 2021, la rumba congolaise est inscrite par l’Unesco sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

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Nago Seck

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