Bana

Bana et B. Leza

Né le 5 mars 1932 à Mindelo, sur l’île de São Vicente, au Cap-Vert, Bana commence à chanter à l’âge de 14 ans. Orphelin de mère deux ans plus tard, il accompagne ses cousin guitariste dans les rues de la capitale.

En 1953, sa rencontre avec le compositeur légendaire B. Leza est déterminante pour sa futur carrière : impressionné par « sa voix de taureau » (grave, rocailleuse, puissante), il lui demande bientôt d’interpréter ses compositions. Souffrant de problèmes respiratoires, ce dernier lui enseignera notamment des techniques vocales originales, des phrasés et des intonations particulières qui feront de lui un des plus grands chanteurs de morna.

Bana & Voz di Cabo Verde

A la mort de B. Leza en 1958, Bana s’installe à Dakar (Sénégal) où il enregistre en 1962, avec Luis Morais et son Orchestre du Saloum, Eternidade, un 45T de morna et de coladeira qui connaît un grand succès dans la communauté capverdienne du Sénégal – ce titre sera repris plus tard par sa compatriote Cesaria Evora. Bana émigre alors en France puis aux Pays-Bas où il enregistre deux nouveaux albums, Nha Terra et Pensamento e Segredo. Il chante bientôt au sein du groupe Voz di Cabo Verde, la formation référence de la scène capverdienne qui compte des musiciens références comme Luis Morais, Toy Ramos, Morgadinho, Jean Dalomba et Franck Cavaquim. En 1967, Bana, surnommé le « Roi de la morna », sort un album solo de morna enregistré en Fance, Bana à Paris.

Discos Monte Cara

Installé ensuite à Lisbonne, Bana effectue en 1968 une tournée triomphale en Angola jouant à guichets fermés pendant plus d’un mois. Après la Révolution des Œillets (les événements d’avril 1974 qui ont entraîné la chute du dictateur Salazar), il ouvre à Lisbonne un club-restaurant, Novo Mundo, puis un label, Discos Monte Cara (Disques Mont Visage), du nom d’un mont ressemblant à un visage d’un homme allongé, et situé dans sa ville natale, Mindelo, dans l’île de Sao Vicente au Cap Vert. Bientôt, il commence à produire et à travailler avec de nombreux musiciens capverdiens, dont les compositeurs et arrangeurs Dany Silva et Paulino Vieira.

Reconnaissance

Décoré à deux reprises (1992 et 1995) de l’Ordre National du Mérite pour sa contribution à la musique capverdienne, l’excellent chanteur de morna qu’est Bana est non seulement très populaire dans son pays natal, le Cap Vert, mais aussi dans les communautés capverdiennes d’Europe (Portugal Pays-Bas) et des Etats-Unis. Auteur d’une cinquantaine de 45 tours et de 33 tours, Bana est également un des compositeurs les plus prolifiques de la scène capverdienne.

Après une longue tournée, cet artiste élégant, grand par le talent et par la taille (2m10), surnommé « le monstre de la morna et de la chanson cap-verdienne », décide, en 1986, de faire ses adieux à la scène et de ne plus enregistrer de disque.

La voix rocailleuse de la morna s’est éteinte

Atteint par la maladie et dans un état critique, Bana est hospitalisé en mars 2008, soutenu financièrement par le gouvernement capverdien. Quelques mois plus tard, il est sur pied et donne même, en octobre, trois concerts au Cap Vert, dont un, mémorable, dans sa ville natale, Mindelo. Rattrapé malheureusement par la maladie, Bana est à nouveau hospitalisé à Lisbonne, au Portugal, où il s’éteint le vendredi 12 juillet 2013. Il avait 81 ans…