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“Née le 27 août 1941 à Mindelo (Cap Vert), Cesaria Evora surnommée “la diva aux pieds nus” a imposé son timbre exceptionnel sur toutes les scènes du monde, révélée par ses hits de morna comme “Sodade”, “Mar Azul” et “Cize”. Prix de l'Académie Charles Cros 1995, Grammy Award (USA) et Victoires de la Musique 2004, la voix d'or du Cap Vert est faite, le 10 février 2009, Chevalier dans l'ordre de la Légion d’honneur française par Christine Albanel, ministre de la Culture... ”

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L’héritière spirituelle de Maria Barba

Héritière spirituelle de Maria Barba (chanteuse des années 1930) et fan d’Angela Maria, chanteuse brésilienne adulée dans les années 1960/1970, Cize (son surnom) est est née le 27 août 1941 à Mindelo sur l’île de São Vicente. Elle est la fille d’un violoniste et la cousine de B. Leza, le célèbre compositeur de mornas auquel elle a emprunté de nombreux titres dont “Mar Azul”. “La reine de la morna” comme on la surnomme dans l’archipel, repérée à 15 ans par le compositeur Gregorio Gonçalves aka Ti Goy, s’est lancée dans la chanson à 17 ans imposant rapidement sa voix bluesy et chargée d’émotion dans les fêtes familiales et les riches demeures des gouverneurs portugais. A 20 ans, elles est la coqueluche de la radio nationale mais survit tout juste grâce aux quelques petits billets que lui glissent les clients dans les cafés concerts de Mindelo où le verre toujours plein, elle chante accompagnée de Luis Moraïs, compositeur de cumbia et clarinettiste virtuose. N’ayant pas de quoi s’offrir des chaussures, elle sera alors baptisée “la diva aux pieds nus”.

La reine de la morna chante Papa Joaquin Paris

En 1985, Elle s’exile au Portugal, enregistre “Tchitchi Roti” puis deux plus tard, à Paris, “Bia Lulutcha”. Influencée par le style du groupe Cabo Verde Show, elle se cantonne alors à une musique électrique et dansante qui mêle coladeira, rumba cubaine, mazurka et mbalax. Distino di Belita (1990) très électrique est son second album enregistré en France. Mar Azul (1991), totalement acoustique, la révèle au public français. Suit en 1993 Miss Perfumado (La demoiselle parfumée), vendu à plus de 300.000 exemplaires. La chanson phare Sodade, une morna (sentiment d’exil, du départ, la nostalgie, le mal du pays) devient un énorme tube international. Abusivement attribué à Amandio Cabral, la paternité de “Sodade” à Frac Frine de Braia Branca de Sao Nicolau a été depuis 2006 officiellement reconnue par le gouvernement capverdien. Ce grand classique fait allusion au travail forcé organisé à l’abolition de l’esclavage entraînant les capverdiens pauvres à travailler dans les plantations de São Tome : “Qui t’a montré ce chemin si lointain, cette route vers Sao Tomé…”. Quant à Cesaria (1995), comprenant le langoureux et mythique “Papa Joaquin Paris” (une morna très célèbre du Cap Vert), il est enregistré avec deux compositeurs et instrumentistes capverdiens majeurs, Tito Paris (guitare, piano, voix) et Luis Morais (cuivres). Cet album éponyme couronné par un Disque d’or, un prix de l’Académie Charles Cros en France et nominé aux Grammy Awards aux Etats Unis la consacre, avec une première américaine la même année 1995.

Café Atlantico et Carnaval de Sao Vicente

Son retour à l’acoustique, son choix d’un registre nostalgique fait surtout de mornas et marqué par sa voix profonde et rauque lui offre un style et une identité musicale où explose son impressionnante puissance émotionnelle. Puisant dans le répertoire national et travaillant avec tous les grands compositeurs du pays (Paulino Vieira, Teofilo Chantre, Luis Moraïs ou Tito Paris), Cesaria Evora fait courir le monde entier et des stars comme Madonna, une de ses plus ferventes groupies.

Dans les années 1990, elle enchaîne les albums, Cabo Verde qui voit le remplacement de Paulino Vieira par Bau, Best of Cesaria Evora où elle interprète des titres des années 1950, puis en 1999 Café Atlantico, dont le festif “Carnaval de Sao Vicente”, un opus couronné aux Victoires de la musique (France) et qui marque un virage musical majeur : elle s’entoure d’une section de musiciens brésiliens et cubains et offre une musique marquée par les rythmes cubains, brésiliens et une puissante section de violons.

Voz d’Amor, la consécration internationale

La décennie suivante sera marquée par la sortie en 2001 de Sao Vicente di longe (confirmation de son virage cubano-brésilien), d’un concert au Zénith à Paris (France), d’une tournée internationale, d’une participation à l’album Moffou de Salif Keïta, un magnifique duo vocal mandingo-lusophone dans le titre “Yamore”, et enfin d’une anthologie réunissant de grands classiques de morna et coladeira . Voz d’Amor paru en 2003 est lancé en avril 2004 au Grand Rex à Paris, en France, lors d’un concert mémorable intitulé “Live d’Amor”. La consécration a lieu la même année avec un couronnement aux Grammy Award (USA) dans la catégorie “Meilleur album World Music” ainsi qu’une récompense aux Victoires de la Musique 2004 au Zénith à Paris et un titre de chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres en février 2004 en France. En janvier 2006, Cesaria Evora sort Petit Pays, intitulé de l’album écrit par Nando da Cruz, un des auteurs fétiches de la diva. On y retrouve également quelques uns de ses grands classiques comme “Mar Azul” de B. Leza, “Papa Joaquin Paris”, une morna du XIX° siècle, et “Cize”, une composition de Morgadinho. Suit Rogamar, un opus réunissant des compositions de Manuel de Novas et Teofilo Chantre. Début 2008, Cesaria Evora entreprend une tournée australienne, portant encore plus loin les accents de la morna. Le 10 février 2009, la diva aux pieds nus, âgée de 67 ans, est faite chevalier dans l’ordre de la Légion d’honneur française par la ministre de la Culture Christine Albanel.

L’origine de “Cize”

“J’avais écrit “Cize” à l’intention d’une jeune fille du Cap Vert mais Cesaria Evora la chantait si bien que je lui ai offert le morceau. C’est ainsi que le surnom “Cize” lui est resté”, raconte Morgadinho, auteur, compositeur, trompettiste et interprète du fameux groupe Voz di Cabo Verde.

Adieu la diva aux pieds nus

Cesaria Evora, la diva aux pieds nus, a rendu son dernier souffle à Mindelo, sa ville natale, le 17 Décembre 2011. Elle venait d’avoir 70 ans. Atteinte de diabète depuis plusieurs, elle fut opérée à coeur ouvert en 2010…Un public nombreux l’accompagna à sa dernière demeure et le gouvernement capverdien décréta un deuil national de deux jours…

En mars 2013, sa maison de disques, Lusafrica, sort Mãe Carinhosa, un double album posthume de 32 titres, dont 13 inédits (CD1), des chansons de morna ou de coladeira enregistrées entre 1997 et 2005 mais jamais publiées. On y entend aussi certains de ses gros hits, comme “Angola”, “Petit pays”, “Besame mucho”, “Sodade” ou encore “Papa Joachim Paris”. Parmi les morceaux présents ici, certains sont écrits par de talentueux compositeurs, tels que Teofilo Chantre, Jon Luz, Nando da Cruz ou Constantino Cardoso.

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À propos de l'auteur

Sylvie Clerfeuille

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