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“ Auteur, compositeur, chanteur, guitariste et joueur de kabosy (guitare malgache), Jean Emilien se distingue par son jeu étonnant d'harmonica qui lui a valu d'être comparé à Robert Johnson, le père du blues et référence de John Lee Hooker et d'Eric Clapton. En 1991, cet artiste né en septembre 1963 à Fianarantsoa, au sud des hauts plateaux de Madagascar, a obtenu le Prix Hohner (médaille d'or) à Detroit aux Etats Unis... Son jeu étonnant d'harmonica lui a valu d'être comparé à Robert Johnson, le père du blues. En 1991, il a obtenu le Prix Holmer à Detroit aux USA.”

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Vako-drazana

Jean Emilien est remarqué à cinq ans dans un concours de chants d’écoliers par le chef de canton qui lui donne la pièce en douce pour qu’il continue à vocaliser. Mais sa première initiation de Jean Emilien lui vient de son grand-père, enterré avec son “jejy vaotavo” (mandoline). Mélomane forcené, Jean Emilien se passionne pour le kabosy (guitare malgache) qu’il joue en gardant les zébus pendant les vacances et découvre l’harmonica avec François, un musicien qui accompagne les élèves de son père en jouant des airs du folklore malgache. Après une incursion dans la musique occidentale et le reggae, Jean Emilien se plonge dans le patrimoine national, s’intéressant notamment au “vako-drazana”, chant des ancêtres, et au “rija”, un style de sa région. Son goût immodéré de la musique contrarie son père qui lui brise à dix-sept ans son kabosy sur la tête, provoquant sa fuite et sa vocation.

Le succès au Kanto

Un jour de 1982, un chauffeur de taxi-brousse, séduit par sa musique, l’emmène à Antananarivo pour qu’il enregistre à la Radio Nationale. Ses chansons sont immédiatement utilisées comme indicatifs d’émission et Jean Emilien se produit dans les grands hôtels de la capitale, les concerts et les bals. “Lors de mon premier grand concert à Tana, j’étais tellement intimidé que je n’ai pas osé chanter. J’ai joué seulement de l’harmonica et du kabosy puis soudain, j’ai reçu quelque chose sur la tête et j’ai cru que des ennemis m’attaquaient, mais j’ai réalisé que c’étaient les pièces enveloppées dans les billets de banque que le public me lançaient”.

Jean Emilien se voit réellement consacré au niveau national en 1983, au Kanto, lorsque le public lui lance des pièces enveloppées de billets, signe dans l’île de respect et d’estime. Son approche très inventive des styles de la Grande Ile, la structure de ses chants, sa voix très spéciale (nasale et aiguë) ainsi que ses dialogues entre un harmonica jouant à la fois mélodie et rythme (parfois syncopé, parfois glissant à la manière du blues) et un kabosy répondant par une ligne de basse (il a rajouté une corde de basse à l’instrument) laisse le public sans voix.

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Hohner 1991, Detroit, Etats Unis

A Paris, fin 1989, Jean Emilien enregistre en une nuit son premier album Hey Madagascar qui mêle le séga, musique phare de l’Océan Indien (Maurice, Réunion…), à divers rythmes de l’île, néanmoins l’arrangement fait en son absence ne le satisfait pas. Au concours Hohner 1991 d’harmonica à Détroit (USA), il obtient la médaille d’or et le diplôme de Champion du Monde d’Harmonica : son style plonge aux racines du blues et le fait comparer aux Etats-Unis, à Robert Johnson, le père du blues et la référence de John Lee Hooker et d’Eric Clapton. Après une tournée américaine dans les années 1990, il assure les premières parties de Bernard Lavilliers, Charlélie Couture, Carlos Santana… Ses textes évoquent la forêt menacée, le massacre des lémuriens et les valeurs familiales.

En 1997, Jean Emilien sort son second album, Ezaka, suivi un an plus tard de Miandraza.

Jean Emilien décède dans la matinée du 5 avril 2017  des suites d’un arrêt cardiaque. Il avait 54 ans.

* Crédit photo : http://madagascartribune2.vahiny.com

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À propos de l'auteur

Nago Seck

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Jocelyn Maillé

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