Addadam Agofomma Ensemble
Après des études à Adisadel College à Cape Coast, dans la Région du Centre du Ghana, de 1947 à 1952, Koo Nimo part à l’université de Cambridge où il obtient son School Certificate (certificat d’étude). Ensuite il suit pendant un an des cours de technicien médical au Medical Research Institute (Institut de Recherches Médicales) à Korle Bu. En 1955, il trouve un emploi de technicien médical à l’hôpital Okomfo Anokye, tout en continuant à entretenir sa passion pour la musique. A l’indépendance du Ghana, proclamée officiellement le 6 mars 1957, il crée l’ensemble Addadam Agofomma (“Retour aux sources”), une formation acoustique à base de guitares folk, d’apentemma (tambour sur pied en forme de coupe, doté d’une seule peau), de donno (talking drum), de frikyiwa (castagnette métallique), de prempensua (sorte de likembe géant des Akan), de ntorwa (sorte de shekere en gorde avec des perles ou graines), de nnawatu (une paire de cloches en fer) ou encore de dawuro (double sonnette métallique ashanti frappée avec baguette). Ses chansons tirées de subtiles proverbes ou sur l’histoire du peuple ghanéen, chantées d’une voix à la fois nasale et chaude en langue Twi (un dialecte Akan) et soutenues par la musique de vin de palme ashanti, contribuent très vite à sa renommée nationale.
Koo Nimo et Joe Latham
En 1960, Koo Nimo quitte l’hôpital Okomfo Anokye (service du Ministère de la Santé) pour le Département de Chimie de l’UST (Université des Sciences et Technologies) de Kumasi. Soutenu financièrement par cette faculté, il part poursuivre des cours de technicien en chimie et biochimie à Paddington Technical College, et également aux Laboratoires de Chimie de l’Imperial College London, une université anglaise spécialisée dans les sciences et la médecine. Mais Koo Nimo ne perd pas de vue pour autant sa passion pour la musique et suit, trois ans durant, des cours au Centre de Guitare Classique de Len Williams.
En 1968, Koo Nimo rentre au Ghana où il est promu technicien supérieur au département de biochimie à l’Université des Sciences et Technologies. En 1969, il publie, avec son compatriote Paul Nimo Boampong et le Britannique Joe Latham, “Ashanti Ballads”, sa première œuvre majeure comprenant ses chansons sur l’histoire des Ashanti, écrites en langue Twi (dialecte Akan du Ghana) et traduites en anglais (il sera réédité en 1986 par Joe Latham sous l’intitulé “Stories from Ashanti”). Mais bientôt, il est à nouveau envoyé au Laboratory Instrumentation and Management (laboratoire d’instrumentation et de management) à l’Université de Salford à Manchester, en Angleterre, pour approfondir ses connaissances dans ces domaines. Là encore, il profite de l’occasion pour suivre, pendant un an, à temps partiel, des cours d’harmonie et de guitare classique à l’Ecole de Musique de Manchester. En 1970, Koo Nimo part reprendre son poste à l’UST (Université des Sciences et Technologies) de Kumasi, au Ghana où il sera promu, en 1975, technicien en chef, à l’obtention de son Brevet de technicien supérieur à l’A.I.S.T. (Institut des Sciences et technologies).
Les honneurs
En reconnaissance de son apport à la musique ghanéenne et de son amour et son respect pour la tradition, Koo Nimo devient, en 1979, le Président de la MUSIGA (Musicians’ Union of Ghana ou Union des musiciens Ghanéens). En 1985, il est nommé Président par intérim de la COSGA (Société des droits d’auteurs du Ghana) avant de devenir, plus tard, membre honoraire à vie de l’International Association for the Study of Popular Music (l’Association Internationale pour l’Etude de la Musique Populaire) aux côtés d’éminents compatriotes, comme Joseph Hanson Kwabena Nketia aka J.H.K. Nketia, compositeur et musicologue, ou encore John Collins, compositeur et professeur de musique à l’Université du Ghana, à Legon. Parallèlement à toutes ces occupations, Koo Nimo continue à composer des chansons de palm wine music (ancêtre du highlife) qui seront réunies en 1990 dans Osabarima (sur le Vendredi Saint et le sacrifice de Jésus Christ). Dans cet album marqué par son jeu de guitare spécifique, son style vocal à la fois medium, nasal et chaude et sa section rythmique traditionnelle, Koo Nimo parle aussi des problèmes que rencontrent les exilés (“Aburokkyire Abrabo”), de l’irrespect (“Owusu Se M’Amma”) ou encore de la vieillesse (“Onipa Behwe Yie”).
Dr. Agya Koo Nimo
Mais les récompenses ne s’arrêtent pas là. En février 1991, Koo Nimo reçoit le prestigieux Asanteman Award, un prix récompensant des personnages illustres de la communauté Asante (ou Ashanti), et en mars, le Flag Star Award de l’ECRAG (Entertainment Critics and Reviewers Association of Ghana), la récompense des Critiques du Spectacle et de l’Association des Critiques du Ghana). La même année, il est invité à rejoindre le National Folklore Board of Trustees (le Conseil d’administration du Folklore National). En janvier 1992, cette véritable icône de la musique ghanéenne est le sujet de la thèse d’Andrew L. Kaye à Columbia University à New York (USA) : “Koo Nimo et son cercle : Un musicien ghanéen dans la perspective ethnomusicologique”. La même année, lors de la cérémonie de la remise des diplômes, l’UST (The University Community in Kumasi), la Communauté Universitaire de Kumasi l’honore du titre de Docteur en Lettres pour son énorme travail de conservation de la culture Akan et de la mémoire ghanéenne. Un titre qui lui vaut d’être appelé Dr. Agya Koo Nimo.
Koo Nimo, le gardien de la tradition
A l’occasion du quarantième anniversaire de l’indépendance Ghana, le 6 mars 1997, Koo Nimo et 40 autres citoyens reçoivent la Médaille d’Or du gouvernement, un signe de reconnaissance pour leurs contributions à la préservation de la culture traditionnelle. Un mois plus tard, il le Konkoma Award pour son apport à la musique highlife ghanéenne. De 1998 à 2000, année de la parution de son opus Tete Wobi Ka, il est professeur d’ethnomusicologie à l’Université de Washignton aux Etats Unis, puis à l’Université du Michigan à Ann Arbor, avant de retourner vivre, en 2006, à Kumasi, au Ghana. Souvent drapé d’un pagne traditionnel akan sur scène, Koo Nimo continue de diffuser dans le monde la musique de vin de palme et son dérivé, le highlife classique, avec le Koo Nimo Palmwine Quartet ou l’ensemble Addadam Agofomma avec lequel il animé la soirée privée des finalistes et des membres du jury du CNN Multichoice African Journalist Awards 2008 à Accra, au Ghana.
Figure emblématique d’une période féconde en compositeurs, Koo Nimo a marqué profondément la vie musicale du Ghana qui demeure jusqu’à présent le pays de prédilection du highlife et a engendré plusieurs générations d’émules apportant chacun sa couleur.
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