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“Disparu en l’an 2000,Edmund Ntemi Piliso, surnommé "Bra Ntemi", était une mémoire vivante des musiques sud-africaines. Né à Alexandra en 1925, ce compositeur, arrangeur et multi-instrumentiste a vécu toutes les étapes de l’évolution du jazz sud-africain. Il s'est forgé un style original mêlant influences américaines, marabi et rythmique majuba. Composer, arranger and sax player, Edmund Ntemi Piliso aka "Bra Ntemi" was a legend of south african jazz. Born in 1925, he died in 2000. This musician who blended american jazz, marabi, and majuba rhythms , was a militant against apartheid. Leader of various bands (Alexandre All Stars and African Jazz Pïoneers), he toured internationally and founded a cultural center in Alexandre Township to teach south african black culture to children from the townships. ”

Live at the Montreux Jazz Festival

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L’Alexandra All Stars

Ce saxophoniste joue d’abord dans les big bands célèbres de l’époque, « Casablanca », « Harlem Swingsters », puis fonde en 1951 son propre groupe, l’« Alexandra All Stars », reprenant dans une coloration sud-africaine les morceaux de Duke Ellington, Count Basie et Glenn Miller. Ntemi Piliso crée également ses propres compositions dont certaines deviennent des hits comme « Sip ‘n fly » qui élargit la popularité du groupe au Botswana et à la Rhodésie. Sa musique repose sur les cuivres, les trompettes et les trombones en contrepoint des saxophones. Les solos sont très jazzy et les harmonies gardent la densité et le rythme syncopé du majuba.

Un militant anti-apartheid

A la fin des années 1960, après la démolition de Sophiatown, le mythique et très militant township, le Dorkay House, un club très en vogue de Johannesburg, devient le lieu mythique du jazz: Tim Ndaba, Wilson Silgee, Stompie Manana, Shep Ntsamai, Myriam Makeba, Hugh Masekela, Dollar Brand, Kippie Moeketsi et Ntemi en font les glorieuses heures. Mais beaucoup de musiciens s’exilent et les big bands disparaissent progressivement pour faire place à des formations plus restreintes (basses, batterie, guitare). Ntemi monte à Alexandre township un centre culturel visant à enseigner aux enfants les cultures noires sud-africaines. En 1974, « Bra Ntemi » rejoint « The Members », un groupe monté par Gallo pour concurrencer Dollar Brand et Lulu Masilela. Il enregistre alors 8 titres dont le plus célèbre reste « Way Back Riverside ».

Une mémoire du jazz sud-africain

L’exil des grandes pointures du jazz (Chris Mc Gregor, Dollar Brand, Johnny Dyani, Kippie Moeketsi, Myriam Makeba, Hugh Masekela, etc..), ainsi que la progressive américanisation de la culture nationale dans les années 1980 avec l’explosion de la « bubble gum music » ou mapantsula pousse ce dernier à relancer la notion de big band. En 1982, il fonde « l’African Jazz Pioneers » qui tourne internationalement et relance le jive sud-africain. Dans les années 1990, le renouveau de la scène jazz et son évolution vers une tendance « jazz fusion » offre à Ntemi Piliso une seconde jeunesse. Devenu une icône et une mémoire de la musique sud-africaine, il est sollicité par de nombreux artistes de la nouvelle vague et s’éteint le 18 Décembre 2000 à l’âge de 75 ans.

Sources :

itw Ntemi Piliso by Sylvie Clerfeuille, Johannesburg, 1998, 1999.

Mail & Guardian, « Back in fashion » by Yolandi Groenewald . November 24 2006

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À propos de l'auteur

Sylvie Clerfeuille

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