Ali Farka Touré, l’oncle et le parrain
Ayant fait des études agricoles, Afel Bocoum commence à travailler à partir de 1978 dans le secteur du développement agricole. Mais sa carrière musicale débute en 1968. Agé de 13 ans, Afel Bocoum rejoint son oncle Ali Farka Touré, natif aussi de Niafounké, au sein du groupe Asco. S’il a quitté le groupe en 1978, il poursuit sa collaboration avec Ali Farka Touré pendant une trentaine d’année. Dans les années 1980, il fonde son groupe qu’il baptise Alkibar, qui signifie « Messager du grand fleuve » en langue sonrhaï.
Afel Bocum joue de la guitare, compose et chante. Les cordes traditionnelles, Njarka ou ndiarka (violon monocorde) et njurkel ou ndiourkel (guitare à deux cordes) ajoutent leurs sonorités singulières aux calebasses et percussions. L’atmosphère dépouillée ainsi tissée saisit lentement l’auditeur. Mariage forcé, hommage à des personnages de l’histoire locale, ode à la nature et chants de travail constituent les thèmes principaux des chansons. Délice de se laisser bercer par ces mélopées au glissement tranquille comme les pirogues qui avancent sans bruit sur le fleuve.
Afel Bocoum chante principalement en sonrhaï, sa langue maternelle, mais aussi en Tamasheq, la langue des Touaregs et en Bambara (langue mandingue). Ses chansons évoquent l’évolution de la société malienne avec la reconnaissance de la femme, les mariages forcés, le respect.
« Alkibar », l’album révélateur
En 1999, Afel Bocum sort son premier album « Alkibar » (World Circuit/Night & Day), enregistré au Mali, dans la foulée des séances d’Ali Farka Touré (« Niafunké »), profitant du studio d’enregistrement mobile apporté par le producteur d’Ali, Nick Gold; le fondateur du label anglais World Circuit.
Afel a voulu faire un album dans l’esprit de celui qu’il appelle affectueusement « Boss ». Avec la bénédiction de ce dernier, il a développé son répertoire dans un style doux et hypnotique qui lui est propre. Ses solos de guitare, les jeux de njarka (violon monocorde) et njurkel (guitare à deux cordes), ses mélodies de plus en plus dépouillées, son inspiration qui sent le terroir et sa conviction d’avoir donné le meilleur de lui-même sur chacune de ses compositions se retrouvent sur ce premier album de celui qui s’était déjà illustré sur l’album culte du parrain, « The Source ». Son style s’accompagne d’une certaine rondeur sonore. Son jeu est plus serein, plus confiant et moins torturé par le sens de la vie. Ce doit être une affaire de génération.
Damon Albarn de Blur
En 2002, Afel Bocum collabore avec le leader de Blur, Damon Albarn pour le très populaire album « Mali Music ». Les dates qui ont survis ont été très bien accueillies, surtout le concert qui à eu lieu à Londres au Barbican en juin 2003. Damon a aussi fait une apparition en tant qu’invité au côté d’Afel sur la plus grande scène de Roskilde au Danemark devant 65.000 personnes.
Desert Blues
En 2004 et 2005, Afel Bocum et son groupe participent au projet « Desert Blues », en compagnie d’Habib Koité et des Tartit, les femmes Touaregs de Tombouctou. Ce projet, au service de la diversité ethnique malienne, se veut un voyage au cœur du Sahara et du Sahel. Les 3 groupes ont mis leur talent en commun afin d’offrir un répertoire original pour à la fois se découvrir mutuellement et illustrer l’influence du Sahara sur les traditions musicales de chacun d’entre eux.
Niger, le confirmation
Début 2006, Afel Bocum enregistre son 2ème opus Niger au studio de son bassiste Barou Diallo à Bamako, avec la complicité artistique de Daniel Boivin à la réalisation. Avec « Niger », Afel nous emmène à nouveau sur les rives du grand fleuve, du côté de Niafounké, à l’une des sources du Blues…Les sujets des chansons sont, outre le fleuve et l’attachement à sa région, le respect de la Femme, les valeurs de la société malienne, la politique. Afel assume, dans cet opus, l’héritage musical de son oncle, Ali Farka Touré.
Malgré son succès grandissant, Afel Bocoum reste humble et garde une douce nature qui dirige modestement l’énergie de la reconnaissance vers l’importance du bien-être de son peuple et l’inspiration qu’il apporte à sa musique. Dans les mélodies dansantes du fleuve et le rythme palpitant du rude vent du désert, il n’y a aucun doute que l’héritage d’Ali Farka Touré est dans de bonnes mains. Avec une finesse remarquable et un talent sûr, Afel Bocoum a prouvé qu’il était un vrai « Messager du Grand Fleuve », et il est certain qu’il va contribuer pleinement à garder la musique malienne au devant de la scène internationale.
* Source: https://www.afelbocoum.com
Laissez un commentaire
Vous devez être logged in pour poster un commentaire.