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Auteur, compositeur et excellent joueur de kora doublé d'un chanteur à la voix envoûtante, Elydia dit «~l'enfant de Yarakh~» (du nom de son quartier à Dakar au Sénégal) a cette aptitude à manier deux koras à la fois…”

Sur Un Air De Mandingue

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Deux koras pour Elydia

deux_koras.jpgElydia, l’enfant de Yarakh : dans la profondeur des classiques africains Mercredi 7 juin 1989 – Stade Iba Mar Diop de Dakar.

La star Youssou Ndour donne un concert humanitaire en faveur des lycéens démunis du Sénégal. En avant-première, un frêle garçon. Il s’appelle El Hadji Dia. Il est un peu intimidé par les lumières et le public. La kora qu’il tient entre les mains est trop grande pour lui. Pourtant, dès les premières notes et les premières envolées vocales, il arrache un tonnerre d’applaudissements aux spectateurs. Voilà ce que nous écrivions à l’époque, sur lui, dans un article paru dans «~Le Soleil~» du mardi 13 juin 1989 : «~El Hadji Dia, c’est un nom à retenir : cet élève du lycée Blaise Diagne est un excellent joueur de kora doublé d’un chanteur à la voix envoûtante. Son interprétation de «~Ceddo~» a arraché des applaudissements au public~». Trois ans plus tard, dans un autre article sous forme de portrait publié dans le même quotidien daté du 20 août 1992, nous titrions : «~Deux koras pour El Hadji Dia~». En effet, sa particularité c’est cette aptitude à manier deux koras à la fois, un talent qui n’est pas donné à tout le monde. Si nous avons tenu à faire ces rappels «~historiques~», c’est juste pour souligner le fait que nous suivons le parcours de ce musicien depuis deux décennies. Et vingt ans après son spectacle sur la scène d’Iba Mar Diop, nous sommes ravis de constater que le frêle garçon est devenu un homme qui, au fil des années, a accumulé un immense capital d’expériences. Celui qui porte désormais le nom d’artiste «~Elydia~» revendique fièrement son statut d’enfant de Yarakh, ce village de pêcheurs de la proche banlieue dakaroise qui l’a vu naître, où il a grandi et qui l’inspire dans ses compositions musicales et ses textes. L’élève de feu Bakary Cissokho (grand instrumentiste et ancien gendarme, décédé le 3 février 2008) chez qui il allait prendre des cours de kora dans le quartier Santa Yalla de Tharoye, a très tôt voué une folle passion pour cet instrument qui tire ses origines des traditions mandingues. Sur les scènes dakarosies, lors des fameux Printemps des cordes organisés par le Centre culturel français de Dakar dans les années 1990, durant sa prestation devant Nelson Mandela lors de sa visite mémorable à Dakar, ou tout simplement en tant qu’animateur d’ateliers de kora pour des élèves dakarois, Elydia s’est forgé une solide réputation d’artiste, mais aussi de pédagogue.

Hawa – Sur un air mandingue

compil_hawa.jpgCitoyen du monde, poreux à de multiples courants et influences musicales, l’enfant de Yarakh a sillonné la planète ces dix dernières années. De la France au Cuba en passant par les confins du Sénégal et de l’Afrique, il s’est frotté à d’autres styles. C’est ainsi qu’il a participé avec brio à la compilation Hawa : Sur un air mandingue (Weddo Music, juin 2008) aux côtés des grands Salif Keïta et Sékouba Bambino. A Paris, parallèlement à sa carrière musicale, Elydia a mené des études à l’Institut de Formation à l’Animation (IFA) où il a décroché, en 2006, un diplôme d’Etat en Animation culturelle avec une spécialisation en projets artistiques. Le résultat est là : son premier album solo, L’enfant de Yarakh, est un condensé de rythmes et de mélodies. Dans ces huit titres d’une composition assez épurée, il nous propose une musique qui nous plonge dans les profondeurs des classiques africains. Sa voix nous rappelle parfois celle du grand Soundioulou Cissokho, ses chœurs nous font penser à ceux du mythique groupe Xalam, sa kora au jeu limpide et inimitable, comme celui de Lalo Kéba Dramé, nous berce et nous rappelle les épopées des grands seigneurs de l’Empire mandingue. Ce disque d’Elydia constitue à coup sûr un souffle d’air pur dans l’univers de la musique africaine qui, hélas, succombe de plus en plus aux sirènes de cette world music qui a tendance à tout uniformiser.

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