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“Groupe référence de la scène afro-jazz, jazz-rock ou jazz-fusion par sa technique musicale, ses innovations et ses idées, Xalam (ou Xalam 2), fondé en 1969, est sans conteste l’un des précurseurs du mbalax sénégambien moderne, avec le groupe gambien Ifang Bondi et leur compatriote Ouza Diallo.
Le 29 avril 1988, disparaît, suite à un cancer, Abdoulaye Prosper Niang, membre fondateur et batteur de la formation.”

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Le nom Xalam

Luth sénégalais de 3 à 5 cordes, Xalam fut choisi comme nom de groupe par leurs aînés, Xalam 1, fondé en 1965 par Sakhir Thiam (auteur-compositeur, arrangeur, guitariste et futur docteur d’État ès sciences mathématiques et président-fondateur de l’Université privée Dakar Bourguiba…

Xalam 1

Célèbre orchestre éphémère des années 1960, Xalam 1, était composé sous l’impulsion de Sakhir Thiam et de Tanor Dieng, d’artistes comme Cheikh Tidiane Tall (arrangeur, guitare, claviers), Seydina Insa Wade (guitare, voix), Idrissa Diop (percussions, voix), Tidiane Thiam et Mbaye Fall aka Otis (voix), Magaye Niang (batterie, voix), Madiama Fall (percussions), Ayib Gaye (timbales), Moustapha Diop (saxophone)…

Genèse de Xalam 2

D’abord appelé Cadets Xalam, en référence à Xalam 1, le groupe Xalam 2, soutenu financièrement par le Sénégalo-Libanais Daniel Gandour dont le frère Jean Pierre était guitariste de la formation, s’adonne alors à la variété, l’afro-cubain, le funk, la pop

Leur rencontre avec Moustapha Diop, chef d’orchestre de Xalam 1, sera déterminante. Ce dernier, devenu leur mentor, leur apprend la rigueur et les invitait aux concerts de Xalam 1 où ils jouaient pendant les pauses. Dès lors, des musiciens de l’orchestre comme Cheikh Tidiane Tall (guitare, clavier) et Ayib Gaye (percussions, timbales) leur prêtaient leurs instruments.

Cette première formation était composée de Sanoussi Sidibé (guitare), Henri Guillabert (guitare, percussions, claviers), Gaby (batterie), Capy Diagne (contrebasse pour afro-cubain), Serge Alvès (basse (pour le funk->11690]), Alain Da Silva (chant) et des chanteuses capverdiennes. Abdoulaye Prosper Niang aka Pros (futur batteur) était dans le staff, aux côtés de Daniel Gandour.

Une bande de copains

Bande de copains, de jeunes adolescents, Xalam est un groupe formé en 1969 au Plateau, un quartier de Dakar (Sénégal), autour de la musique et de Sanoussi Sidibé, un professeur de technologie du lycée Maurice Delafosse qui a initié à la guitare l’un de ses élèves, Henri Guillabert, alors percussionniste (conga, tumba). Ce dernier apprendra en autodidacte le piano et les claviers auxquels il adaptera les rythmiques africaines.

A la séparation de leurs aînés du groupe Xalam 1 quelques mois plus tard, ils prennent le nom de Xalam 2, et intègre le mbalax dans leur répertoire, rejoints par Moussa Diong, Khalifa Cissé et Abdou Mboup. Xalam 2 anime alors les fêtes de quartier de variété internationale, slows, afro-cubain, funk, R&B et mbalax.

La formation recevra de nombreux artistes, comme Ibrahima Coundoul « Brams » (voix, percussions), Abdoulaye Prosper Niang « Pros » devenu batteur, et plus tard Samba Yigo Dieng (guitare), Moustapha Cissé « Tapha » (percussions, voix), Yoro Guèye (trombone), Ansoumana Diatta (sax, percussions, voix), Baye Moussa Babou (basse), Souleymane Faye, Jean-Philippe Rykiel, Cheikh Tidiane Tall, Seydina Insa Wade et Abdoulaye Zon aka Ablo. Composé d’excellents musiciens d’origines diverses (wolof, capverdienne, mandingue, diola, peule, sérère), Xalam 2 deviendra Xalam (tout court) au bout de six ans d’existence.

L’afro-jazz

Après trois mois de recherches dans les villages du pays en 1975, Xalam, marqué par les styles musicaux, les techniques, les tenues de scène et les performances scéniques de Sun Ra, Eric Clapton, Jimi Hendrix et surtout Fela Anikulapo Kuti et le groupe ghanéen Osibisa, Xalam va bouleverser le paysage musical sénégalais. Ils introduisent la notion de concerts, des femmes choristes capverdiennes (qui arrêteront bien vite) et crée à partir de leurs propres référents culturels, une musique ouverte aux autres courants. Passe alors sur les ondes de la radio nationale ce nouveau genre aussitôt appelé afro-jazz : un style tiré des rythmes du terroir (mbalax des Wolofs, ndëpp des Lébous, musique peule, sahourouba et bougarabou des Diolas de Casamance, ndioup des Sérères, mandingue…), agrémenté de jazz, et, par endroit, de rhythm’n blues, rock et sonorités sud-africaines. Ce nouveau courant panafricain est basé sur une solide rythmique donnée par des tambours sabars (du mbalax), tama (talking drum), djembé, bougarabou et sahourouba (instrument, danse et rythme de la forêt sacrée de Casamance)).

Les titres de leur premier album Daïda (1975), chantés en wolof, mandingue, créole capverdien, halpulaar, diola, sérère… deviennent tous des tubes et sont fredonnés dans les rues du Sénégal : « Yumbèye », « Mbaye Sasu », « Andado », « Daïda » et « Bëre daxu gor ».

Xalam et Hugh Masekela

En 1976, lors d’un concert au Théâtre Daniel Sorano à Dakar du trompettiste afro-jazz sud-africain Hugh Masekela désireux d’écouter la musique des artistes locaux, les membres de Xalam lui proposent de venir les écouter le soir même après son concert. A 2h du matin, le Sud-africain part avec eux dans leur petit deux pièces (une chambre et une salon servant de salle de répétition). Subjugué par leur afro-jazz, il fait des jams avec eux avant de partir. Trois mois plus, Hugh Masekela les invite sur sa tournée africaine avec Miriam Makeba. Début 1977, il invite au Liberia pour un festival destiné à financer les exilés sud-africains de l’ANC. Xalam invitera Hugh Masekela sur le titre « Adé » de leur premier album Adé – festival Horizonte Berlin 79.

« Ade », l’envol international

Pour l’international, tout a commencé grâce à Wolker Kriegel (1943-2003), un musicien allemand venu jouer au Goethe Institute à Dakar. Musicologue et guitariste, il désirait écouter des musiciens locaux. est alors organisé une audition du groupe Xalam au Centre Culturel Blaise Senghor. Quelques mois plus tard, après son retour en Allemagne, Xalam est invité au Festival Horizonte de Berlin en 1979. Le public européen découvre un groupe innovant, faisant résonner depuis les loges ses tambours wolofs (sabars) amenant progressivement la rythmique mbalax, sa référence constante vers une structure jazz-rock donnée par les claviers, guitare, basse et cuivres, entrecoupés de solos de sabars pour accélérer ou relever le tempo. La même année, leur premier disque international Adé – festival Horizonte Berlin 79 fait un tabac en Afrique de l’Ouest avec des thèmes sur les maux de l’Afrique, les problèmes de la jeunesse, les enfants des rues, les « talibés » (ces enfants envoyés chez des marabouts pour une éduction coranique et que ces derniers envoient dans les rues pour demander l’aumône), les politiciens véreux, les paradis fiscaux, l’unité, la paix… L’année suivante, ils jouent au Festival de Jazz de Gorée en compagnie des jazzmen américains Dizzy Gillespie, Dexter Gordon, Stan Getz et Kenny Clarke. S’ensuit une tournée aux quatre coins du monde : Afrique, Europe, Etats Unis, Japon, Amérique du Sud…

Walt Disney et le cinéma

En 1981, ils sont choisis par les Productions Walt Disney pour participer à un film consacré aux musiques africaines puis composent l’illustration sonore du pavillon d’Afrique à Epcot en Floride (Disney World). Basé à présent à Paris, en France, Xalam est composé d’Abdoulaye Prosper Niang « Pros » (batterie, percussions, voix), Henri Guillabert (claviers, piano, percussions, voix), Ibrahima Coundoul « Brams » (voix, percussions), Samba Yigo Dieng (guitare, percussions, voix), Baye Moussa Babou (basse, percussions, voix), Yoro Guèye (trombone, percussions, voix), Ansoumana Diatta (sax, percussions, voix) et Moustapha Cissé « Tapha » (percussions, voix). Fin 1982, ces derniers sont au Ridge Farm Studio de Londres (Angleterre) pour enregistrer et mixer Gorée, une page sombre de l’histoire du monde, visitant divers rythmes musicaux du Sénégal (mandingue, ndioup sérère, sahourouba et bougarabou diolas, sabar ou mbalax wolof), auxquels s’ajoutent le jazz, le blues ou le funk… L’année 1984 voit Xalam apparaître en live dans le film français « Marche à l’ombre » de Michel Blanc avec Gérard Lanvin… et participer à la bande originale du film avec trois titres : « Africa », « Tenemba » et « Kaniane »…En 1985, le groupe réalise Apartheid (un engagement contre contre toute forme de discrimination et pour la libération de Nelson Mandela).

Xalam relooké

En 1985, Xalam accueille le claviériste Jean-Philippe Rykiel par l’entremise de leur batteur Abdoulaye Prosper Niang qu’il avait rencontré pour la première fois en 1983. En 1987, sort Ndiguël, un album dont la sortie au Sénégal fut un grand événement, grâce, notamment, aux titres « Nitou tey » (sur l’humilité), un énorme tube, « Keurgui » (la maison). Après l’opus Xarit (l’amitié n’est pas synonyme de charité), enregistré avec Prosper mais sorti après son décès survenu le 29 avril 1988 suite à un cancer, et le départ du chanteur Souleymane Faye, Xalam fait un break durant deux ans…

Il faut attendre 1990 pour les réentendre dans Gestú (retour aux sources). Sort ensuite Wam Sabindam (1993) enregistré avec Cheikh Tidiane Tall (claviers, guitare) et le père du folk sénégalais Seydina Insa Wade (guitare acoustique, voix), deux grands noms de la musique sénégalaise.

Xalam observera un nouveau break discographique jusqu’en 2008 et la sortie de Live à Montreux. En avril 2009, après la sortie de leur 2CD Best of Xalam, le groupe réalise une tournée triomphale au Sénégal avec une formation « relookée » : Ibrahima Coundoul « Brams » (voix, percussions), Moustapha Cissé « Tapha » (percussions), Henri Guillabert (claviers), Baye Moussa Babou (basse), Cheikh Tidiane Tall (guitares), Abdoulaye Zon « Ablo » (batterie) et Souleymane Faye (de retour).

Waxati

Après 15 ans de break discographique, le groupe mythique sénégalais Xalam est de retour en 2015 avec Waxati (« On en reparle » en wolof), un nouvel album plus aéré, avec des harmoniques plus longues, mais fidèle à leur style « afro-jazz », fusion de rythmes du terroir (sabar (mbalax), musique mandingue, musique peule, bougarabou et sahourouba diolas, ndioup sérère…), jazz, rhythm’n blues, funk, jive sud-africain, avec des parfums afro-pop, afro-reggae et brésiliens. Deux singles seront extraits de l’opus, “Kombitala” et “Nderaan” (en featuring avec l’excellent chanteur non-voyant, Pape Niang).

Enregistré au Studio 26 à Dakar (Sénégal) par le claviériste du groupe, Henri Guillabert aux manettes, Waxati, album de 12 titres, est réalisé avec les autres membres de la formation actuelle, Ibrahima Coundoul « Brams » (voix, percussions), Moustapha « Tapha » Cissé (percussions, voix), Baye Moussa Babou (basse), Cheikh Tidiane Tall (guitare) et Abdoulaye « Ablo » Zon (batterie), et des invités, dont Pape Niang (voix), Didier Awadi et Duggy Tee (rap).

« Waxati » est aussi le nom de la société qui gère le patrimoine de Xalam.

Les 100 premiers tirages de Waxati sont des collectors, avec un bonus surprise et une dédicace de tous les membres du groupe.

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Nago Seck

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