Ndour contre Ndour
Né le 1er octobre 1959 dans le célèbre quartier de la Médina à Dakar, un quartier populaire de Dakar, Youssou Ndour est issu, du côté maternel, d’une famille de célèbres chanteurs du Sénégal. Surnommé le « Gawlo » (il est griot par sa mère et noble par son père), le jeune artiste fait ses classes en chantant dans les kassaks et les fêtes de circoncision. Au début des années 1970, il intègre Sine Dramatique, la troupe théâtrale de la Médina où il est repéré, à 13 ans, par Pacheco de Dounia Orchestra qui en parle à son ami Charly Diop du Diamono qui l’engage comme chanteur.
Lors d’un concert de soutien à la famille du défunt chef d’orchestre du Star Band, Papa Samba Diop aka Mba, à Saint-Louis, Youssou Ndour interprète un morceau dédié à son idole. Aussitôt, il est adopté par le public local qui découvre la voix juvénile et haut perchée du jeune chanteur. Cette chanson sera interprétée, dans une version symphonique, au Théâtre antique de Lyon Fourvière (France) avec l’Orchestre de l’Opéra de Lyon dirigé par Scott Stroma.
Bientôt encensé par la radio nationale qui salue son timbre déjà exceptionnel, il devient rapidement une vedette de la scène nationale mais se heurte très vite à l’opposition paternelle qui préfère le voir poursuivre ses études. L’adolescent s’entête et rejoint en 1974 le Diamono de Dakar avec Babacar Faye aka Mbaye Dièye Faye. Un an plus tard, il « fugue » en partant avec ce groupe pour un concert à Banjul (Gambie) sans prévenir ses parents. Sur décision paternelle, il rentre au bercail entre deux gendarmes. A son retour, il réussit après moult explications à convaincre son père de le laisser poursuivre sa passion et s’inscrit à l’Ecole des Arts de Dakar, section musique.
Star Band de Dakar
En 1976, alors qu’il n’a que 17 ans, conseillé par son père, il signe un contrat avec Ibra Kassé, le patron du club Miami, et intègre le Star Band de Dakar, orchestre mythique du pays. Auprès de musiciens chevronnés, Youssou Ndour se perfectionne et devient bien vite le chouchou des mélomanes sénégalais. Conscient de son talent et surtout guidé par son ambition, il tente de renégocier son contrat mais se heurte au refus de Kassé. C’est la séparation au bout de trois ans.
Etoile de Dakar
En 1978, Youssou Ndour (« You » pour les intimes) rencontre l’auteur, compositeur et chanteur, El Hadji Faye, et ensemble ils décident de fonder l’Etoile de Dakar, avec Badou Ndiaye (chef d’orchestre, guitare), Babacar Faye aka Mbaye Dièye Faye (percussions), Assane Thiam (tama ou talking drums), Kabou Guèye (basse), Abdou Fall (timbales), Alla Seck (choeurs, maracas, animateur), Eric Mbacké Ndoye (voix, chœurs), Alpha Seyni Kanté (guitare rythmique), Matar Guèye (congas) et Rane Diallo (sax), Diogomaye (sax)… A cette période où l’afro-cubain est encore dominant dans le pays, l’Etoile de Dakar, conscient de la nécessité de créer une musique urbaine sénégalaise, tente de trouver sa voix, s’éloignant de plus en plus des titres à sonorités cubaines comme « El Hombre Misterioso » d’Eric Mbacké Ndoye.
Le mbalax
Sur le sillage de leurs aînés (Xalam de Dakar, Super Eagles de Banjul (actuel Ifang Bondi) et Ouza Diallo), précurseurs d’un afro-jazz (sénégambien) intégrant des rythmiques de « sabar » wolof et d’autres sonorités africaines, Youssou Ndour et l’Etoile de Dakar lance un courant musical, le mbalax. Compromis entre chants, mélodies et rythmes directement tirés du « sabar » (nom du rythme, de la danse et des tambours wolofs du Sénégal) et de petites doses de jazz, pop, rock, soul et funk, le mbalax est joué avec des instruments traditionnels (sabars, (tama des Laobés (bûcherons), djembé…) et modernes (guitare, basse, batterie, claviers, cuivres). Les Sénégalais se reconnaissent bien vite dans cette musique proche de leur sensibilité culturelle et gravée la même année sur Xaliss (l’argent). Composé par Badou Ndiaye, la chanson « Xaliss » va asseoir la notoriété de Youssou Ndour à la voix de soprano et devenir son premier tube national. On découvre dans cet album des titres comme « Laye souma Laye » de Fatou Kassé, « Sama xalatu adouna » chanté par El Hadji Faye, « Banana » de Sallo Dièye ou encore « Thiély », une reprise du fameux tube de Pape Seck interprété par Youssou Ndour. Dans « Nit kou gnoul » (l’homme noir), un titre sur l’exploitation (cassette « Tolou Badou Ndiaye »), Youssou Ndour « règle ses comptes » avec son ancien boss Ibra Kassé. Suite à des divergences de vue sur le professionnalisme entre Youssou Ndour et El Hadji Faye après l’enregistrement plusieurs titres dont « Thiapathioly » (Youssou Ndour), « Diandioli » et « Defal gnou guiss » (Eric Mbacké Ndoye) ou « Dounya » (El Hadji Faye), l’Etoile de Dakar se sépare…
Super Etoile / Marc Samb
Youssou Ndour décide alors de voler de ses propres ailes en créant en 1979 le groupe Super Etoile de Dakar, avec Ousseynou Ndiaye aka Ouzin (voix), Alla Seck (voix, animation), Jimi Mbaye (guitare solo), Assane Thiam (tama – talking drums), Pape Omar Mgom (guitare rythmique), Kabou Guèye (basse), Rhane Diallo (sax, voix), Maguette Dieng (batterie), Marc Samb (trompette), Mbaye Dièye Faye (percussions sabars), Benjamin Valfroi (claviers) – rejoints plus tard par Nicolas Menheim (voix) et Habib Faye (basse) – plusieurs de ses artistes comme Ouzin Ndiaye, Jimi Mbaye, Mbaye Dièye Faye ou Habib Faye enregistreront des albums solos…
Youssou Ndour et le Super Etoile de Dakar se tournent alors vers un mbalax plus « roots » et enregistrent pour Les Editions Madingo des titres devenus des classiques : « Walo », « Indépendance », « Ndakaru »… Ils lancent ensuite de nouvelles danses comme le « ventilateur » (un tournoiement des fesses à la manière d’un ventilateur en action) et le « xapati » une danse aérienne consistant à soulever une jambe après l’autre avec une rotation des hanches. En 1982, l’année où le talentueux auteur, compositeur et chanteur Manel Diop les rejoint, le groupe est frappé de plein fouet par la disparition tragique de leur excellent trompettiste, Marc Samb. Aussitôt, Youssou Ndour et le Super Etoile de Dakar lui rendent hommage dans leur 7ème volume À la mémoire de Marc Samb (Daby – Vol. 7).
Sorano / Demba Diop / Taximen sénégalais
Après avoir révolutionner le rythme et la danse populaires wolofs, Youssou Ndour tente d’en faire autant sur le plan professionnel en 1983: il acquiert à Dakar son propre club, le Thiossane, crée la Saprom, la Société Africaine de Production Musicale, salarie son personnel (une trentaine comprenant musiciens, roadies, techniciens et administratifs) et lance plus tard son propre label de production, Jololi.
Les premiers concerts majeurs de Youssou Ndour et le Super Etoile de Dakar ont lieu au théâtre Daniel Sorano puis au stade Demba Diop à Dakar. Son répertoire musical et linguistique s’est développé : Youssou Ndour chante en bambara, en sérère, en halpulaar et bien sûr en wolof. En 1983, il sort pour la première fois du Sénégal et se produit à Bamako où, dès son arrivée à la gare, il rencontre une vieille dame qui lui prédit son avenir. En remerciement de prédictions qui se sont avérées, il lui dédiera la chanson le titre « Bamako »dans son opus Gaïendé. En décembre de la même année, il s’offre son premier concert français au club Phil’One à La Défense, invité par l’Amicale des chauffeurs de taxi sénégalais de Paris dont un certain Moustapha Ndiaye dit « Tapha » qui deviendra un de ses managers européens. Ses compatriotes installés dans la capitale française découvrent alors sa magnifique voix griottique aux multiples octaves.
Higelin, Youssou et Mory à Bercy
Quelques mois plus tard, il réalise sa première tournée européenne qui s’ouvre sur le festival Africa Fête de Mamadou Konté, le 18 mai 1984 à l’Espace Balard à Paris, avec le groupe ghanéen Osibisa à l’affiche. La communauté sénégalaise venue de plusieurs pays d’Europe, les médias et le public français sont aussitôt séduits par les tenues traditionnelles des musiciens, la voix haut perchée de Youssou Ndour et le « mbalax » sénégalais. Cette polyrythmie frénétique à base de tambours sabars wolofs sera gravée par Celluloïd/Mélodie pour un premier album international, Immigrés / Bitim rew. C’est le succès immédiat. Suivent deux concerts mémorables à Lilles et à Lyon puis une tournée européenne (Allemagne, Scandinavie, Angleterre…), l’occasion de rencontrer pour la première fois la pop star anglaise, Peter Gabriel avec qui il va se lier d’amitié. A leur retour au bercail, Youssou Ndour et le Super Etoile sont invités en Côte d’Ivoire et en Mauritanie avant de se rendre au Printemps de Bourges 1985. Invités par Jacques Higelin, Youssou Ndour et le Super Etoile de Dakar et Mory Kanté assurent, une vingtaine de soirs durant (12 septembre/12 octobre), les premières parties du chanteur français au POPB (Palais Omnisport de Paris Bercy).
Peter Gabriel et Alla Seck, l’ami disparu
La fin de l’année le voit occuper le Théâtre de la Ville de Paris pendant une semaine puis participer au Maxi 45T, « Tam-tam pour l’Ethiopie », une opération initiée par Manu Dibango en soutien à la lutte contre la famine qui frappe ce pays. L’année 1985 voit Youssou Ndour signer l’une de ses œuvres les plus funky, le Maxi 45T, The Rubberband Man/Nelson Mandela et organiser dans le tout nouveau stade de l’Amitié à Dakar un concert de solidarité pour la libération de Nelson Mandela. Après la sortie, en 1986, de Jamm (la paix) et de la compilation Djamil (inédits 1984/1985) chez Mélodie, Youssou Ndour et le Super Etoile de Dakar rejouent plusieurs soirs au Théâtre de la Ville à Paris, s’envolent pour l’Amérique et le Canada où ils sont salués par la critique, notamment par le Time Magazine et participe au titre « In Your Eyes » de l’album So de son ami Peter Gabriel. Un an plus tard, Youssou Ndour et son groupe font les premières parties de la tournée européenne et américaine de l’Anglais, dont une soirée mémorable au Madison Square Garden de New York. Mais un drame vient frapper le groupe en pleine tournée avec le décès, le 14 juin 1987, du chanteur, danseur et animateur, Alla Seck.
Youssou Ndour et le Super Etoile de Dakar lui rendront hommage à travers leur 13ème volume, Kocc Barma (1987). Sa fille Mara Seck fera de même dans sa chanson « Alla ».
Si You et le Super Etoile ont la douleur de perdre un grand ami, ils tirent de cette expérience internationale une sérieuse formation à la scène, aux nouvelles technologies et à la langue anglaise.
Solidarité, droits de l’homme et écologie
Son évolution professionnelle se double d’une confirmation de son ouverture aux problèmes qui touchent le continent. Youssou Ndour se lance bientôt dans des missions de solidarité, monte une tournée nationale pour récolter des fonds destinés aux écoles, participe en 1988 à la tournée Amnesty International, « Human Rights Now ! », en compagnie de Sting, Tracy Chapman, Bruce Springsteen et bien sûr de Peter Gabriel. Reconnu par ses pairs et sur la scène mondiale, You enchaîne alors les tournées (USA, Mexique, Japon, Australie, Europe, Afrique…) et les albums à succès comme Gaïendé (le lion), un album produit en 1988 et qui fait référence à l’emblème du Sénégal. La même année, Youssou Ndour pose ses percussions sur les titres « We are the wave », « Amandla » et « Sisiwami (Sweet Sister) » de l’album Paradise in Gazankulu de Harry Belafonte.
En 1989, il sort internationalement The Lion (Gaïendé), une production de son compatriote Georges Acogny qui mêle mbalax, soul, jazz et funk. On y retrouve Peter Gabriel dans le titre « Shaking The Tree ». Set (propreté), produit en 1990 par Michael Brook, traite d’écologie, d’environnement et de paix : l’intitulé de l’album, « Set », parle d’hygiène, « Jaam » (la paix), composé en 1986, est une chanson sur l’unité et le désarmement tandis que « Toxiques » est une dénonciation du déversement des déchets toxiques sur le continent africain. Son leitmotiv, « Set-Setal » (être propre et rendre propre), provoquera une gigantesque prise de conscience de la jeunesse sénégalaise qui entreprend de nettoyer les villes, quartiers par quartiers.
L’année suivante, You fonde à Dakar, à l’initiative de son frère Bouba Ndour (un de ses managers) l’un des studios les plus perfectionnés du continent, Xippi (ouvrir l’œil, conscience), qui donne son nom à la première cassette qu’il y enregistre. La jaquette de celle-ci arbore un grand X, un clin d’œil à l’engouement des jeunes Noirs Américains pour Malcom X. Il enregistrera dorénavant la presque totalité de ses albums dans son studio. Le 3 avril 1991, l’enfant de la Médina devient une voix importante pour les enfants en étant nommé Ambassadeur Itinérant de l’Unicef.
Le 27 octobre de la même année à Nairobi (Kenya), à l’initiative d’Interpol et en collaboration avec la Fondation Chirac, Youssou Ndour et la Sud-Africaine Yvonne Chaka Chaka sont réunis pour le lancement de « Proud to be », une grande campagne de sensibilisation contre le trafic des faux médicaments. A cette occasion, ils interprètent en duo le titre « Proud to be » pour la première fois en public.
Youssou Ndour et Spike Lee
En 1992, Youssou Ndour participe à la Journée de la Terre au Foxboro Stadium de Boston puis sort des remix de Xippi et des inédits qui lui valent une nomination aux Grammy Awards : Eyes open, un CD au beat flamenco, halpulaar, rap, funk et bien sûr mbalax, co-produit par le claviériste Jean-Philippe Rykiel et le bassiste Habib Faye, laisse apparaître le cinéaste Spike Lee, un des producteurs exécutifs du CD et fondateur du label « 40 acres and a mule » (en référence à la promesse mensongère qu’Andrew Johnson faisait aux esclaves affranchis). Titre phare de cet opus, « Live Television » (« Live TV ») dénonce les séries télévisées américaines comme « Dallas » (véritable opium du peuple sénégalais) et l’absence de programmes culturels. Suivent Bir Sorano 93, l’album live de son concert au théâtre Daniel Sorano, et trois réalisations en 1994 : Undecided au beat électro/dance/mbalax coproduit et co-réalisé avec Deep Forest d’Eric Mouquet et de Michel Sanchez, Jean-Philippe Rykiel et Habib Faye, The Best of Youssou Ndour regroupant des remix des disques Immigrés, Set et The Lion (Gaïendé) et l’album de la consécration, The guide (wommat en wolof).
You et Neneh Cherry
Titre pop extrait de l’album, le single 7 seconds, interprété en duo avec la chanteuse suédoise Neneh Mariann Karlsson aka Neneh Cherry, devient bien vite un disque d’or puis un méga tube vendu à plus de 3.000.000 d’exemplaires. Il sera d’ailleurs nommé Meilleure chanson mondiale aux European MTV Awards 1995 et sera primé en Hollande. Quant à « Chimes of Freedom » (les carillons de la liberté), c’est une adaptation d’un titre de l’album Another side of Bob Dylan paru en 1964 chez Columbia, leur label commun. La même année, Youssou Ndour et le Super Etoile enregistrent Diapason + 95 dont « Casamance », un appel à la paix et à l’unité en Casamance puis croise ses intonations wolofs à celles, sérères, de la diva Yandé Codou Sène dans Gaïende – Voices from the heart of Africa. Un an plus tard, il est sacré Meilleur Artiste Africain aux Kora Awards à Sun City en Afrique du Sud.
Reconnaissance institutionnelle
En 1997, année de la parution chez Mélodie de Best of 80’s, Youssou Ndour est choisi par le Comité d’Organisation de la Coupe du Monde de Football 1998 en France dirigé par Michel Platini pour composer l’hymne officiel de ce grand événement sportif. Youssou Ndour invite alors la chanteuse belge, Axelle Red, pour un duo sur le single La Cour des grands (A ton tour de jouer). Le 11 décembre, les deux artistes l’interprètent à la remise du Prix Nobel de la Paix à Oslo en Suède. Un an plus tard, il met en musique « Kirikou », une chanson écrite par Boubacar Mendy pour la bande originale du dessin animé « Kirikou et la sorcière ».
Fidèle à sa fusion mbalax/pop et aux collaborations qui lui ont tant réussi, il enregistre en 2000, Joko (from village to town), dont le magnifique « Birima » avec de jeunes choristes sénégalais. Mais « Birima », c’est surtout l’histoire de Birima Fatma Thioube, le Damel (roi) du Cayor (royaume de l’ex empire Djolof) mort en 1832. Son frère Meïssa Thinde Dior Samba lui succédera au trône.
Youssou Ndour réalise ensuite plusieurs duos : « Don’t walk away » avec Sting, « This Dream » avec son ami Peter Gabriel, « How come ? » et « Birima » (remix) avec le producteur, rappeur, reggaeman et chanteur d’origine haïtienne Wyclef Jean. Le 21 octobre 2000 le voit drainer son nombreux public au Palais Omnisport de Paris Bercy pour Le grand bal à Bercy. Ce rendez-vous aura lieu annuellement.
Philanthrope
A l’occasion de la Journée Mondiale de l’Alimentation, le 16 octobre de la même année à Rome, Youssou Ndour est nommé, en même temps que l’actrice chinoise Gongli, Ambassadeur de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture), en présence de Miriam Makeba, Dee Dee Bridgewater et la comédienne italienne Gina Lollobrigida, toutes trois nommées l’année précédente. Moins d’un mois après, le 8 novembre, il devient Ambassadeur Honoraire de la Campagne Mondiale de l’O.I.T (Organisation Internationale du Travail) contre le travail des enfants. Février 2001 le voit s’associer au HCR (Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés) pour la direction artistique de Building Bridges, un album réalisé avec plusieurs autres artistes et dont la recette des ventes est entièrement destinée à financer des projets dédiés à l’éducation des enfants réfugiés. Quelques mois plus tard, Youssou Ndour enregistre pour l’association française Aide et Action, « La ronde des écoliers du monde », une chanson qu’il intègre dans la compilation Youssou Ndour et ses amis enregistré au profit de l’Association Écoliers du Monde.
Egypt: Grammy Award
Après la sortie et la tournée, en 2002, de Nothing’s in vain (Coono du réér) (« le travail paie toujours » en wolof) dont est extrait le single, « So many men » (tant de monde), en duo avec le Français Pascal Obispo, Youssou Ndour est aux côtés de ses voisins marocains touchés par le tremblement de terre qui a secoué la région d’Al Hoceima le 24 février 2004. La même année, il rend hommage au prophète Mohamed et aux dignitaires religieux sénégalais dans Sant Allah (merci à Dieu). Sorti internationalement sous l’intitulé Egypte, croisement de mélodies, rythmes et instruments sénégalais et orientaux, cet album co-réalisé avec l’orchestre cairote de Fathy Salam (co-producteur du CD) lui vaut le 13 février 2005 aux Etats Unis un Grammy Award dans la catégorie Musiques du monde.
Entre-temps, il enregistre, avec le soutien de sa Fondation Youssou Ndour, 4.4.44, comprenant un duo avec Ouza Diallo (« Défilé ») et des titres de Pape & Cheikh (« Ande »), de Tity (« Damay latche ») et de Sidy Samb (« Nda–ndan »). En avril 2007, il réalise pour Global Voice, Alsaama day, un album mbalax pure souche reflétant les mutations de la société sénégalaise, et au-delà, africaine… La même année, dans le cadre de la mobilisation pour le dénouement de la crise au Darfour, il participe, avec plusieurs autres artistes, à Make some noises, une reprise de l’album Imagine de John Lennon, interprétant « Jealous Guy ».
Artiste éclectique et prolifique (il sort généralement au Sénégal deux disques par an), You fait la part belle aux sonorités pulaar (peules) du Nord Sénégal dans Rokku mi Rokka (Give and take) (donner et recevoir en halpulaar), un double album sorti six mois plus tard. On y retrouve le titre « 4.4.44 » composé pour le 44 ème anniversaire de l’indépendance du Sénégal qui a eu lieu en 1960.
Depuis le 13 février 2008, Youssou Ndour a lancé un programme de micro crédit appelé « Birima » (titre d’une de ses célèbres chansons). Il a pour but « d’offrir des services financiers adaptés, et dans la mesure du possible, sans garantie (PME, commerçants dont les besoins ne sont ni couverts par les banques, ni par les institutions de micro finance). »
J’apporte ce que j’aime
La même année, « Youssou Ndour : I Bring What I Love » (J’apporte ce que j’aime), le film documentaire d’Elisabeth Chai Vasarhelyi retrace sa vie et son oeuvre depuis l’enregistrement du disque Egypt (2004), avec Peter Gabriel, Moustapha Mbaye, Kabou Guèye et Fathi Salama. Prix Spécial du Jury à la 2ème édition du Festival International du Film du Moyen Orient à Abou Dhabi (10 au 17 octobre), cette réalisation apporte un éclaircissement sur la vision musicale de l’artiste sénégalais : « J’ai toujours voulu faire des musiques aux styles différents et ceux qui ne comprennent pas cela ne comprennent pas ma démarche… »
You, le boss
Propriétaire de nombreuses sociétés dont un club (Thiossane), un studio d’enregistrement (Xippi), une radio (RFM), un site internet, une usine de production de cassettes, une fondation (Fondation Youssou Ndour), un Groupe Futurs Médias (le quotidien L’Observateur, une radio, Radio Futurs Médias (RFM), une Télé Futurs Médias (TFM)) et un label (Jololi) qui produit les nouveaux talents de la scène nationale comme les jeunes rappeurs et chanteurs, Youssou Ndour qui fait travailler près de 170 personnes est non seulement l’une des locomotives de la scène sénégalaise et un artiste engagé et un homme d’affaires averti. Youssou est aussi l’initiateur du festival Salam en 2016.
Youssou Ndour & Idylle Mamba
En février 2014, après son traditionnel grand Bal Bercy (décembre 2013), Youssou Ndour, de confession musulmane, et la Centrafricaine Idylle Mamba, catholique, enregistrent One Africa (Une seule Afrique), un titre pour la paix en Centrafrique, réalisé au studio de la Sodida, un quartier populaire de Dakar, au Sénégal, pays de la “téranga” (“l’hospitalité” en wolof) et de la tolérance religieuse.
Ce titre sera d’ailleurs interprété par le duo le lundi 10 mars 2014 au grand “Concert de Solidarité avec la Centrafrique” au Théâtre de la Ville à Paris (France), une initiative noble à laquelle ont participé Ray Lema, Bonga, Lokua Kanza et So Kalmery.
Youssou Ndour, le politicien
Après la sortie de son album Mballax Dafay Wax (2011) où il dénonce les incessantes coupures d’électricité au Sénégal due à une mauvaise gestion des politiques (« Leundeum » (l’obscurité)) et parle des détournements des fonds publics (« Alalou mbolo » dans le titre « Pot pourri 3 »), Youssou Ndour annonce sa candidature pour la présidentielle du 26 février 2012 au Sénégal contre le président Abdoulaye Wade. Malgré l’invalidation de sa candidature par le Conseil constitutionnel, il continue à jouer un rôle sur la scène politique sénégalaise… A l’élection de Macky Sall comme quatrième président de la République, Youssou Ndour devient, le 25 mars 2012, ministre de la Culture et du Tourisme du Sénégal. Quelques mois plus tard, il est ministre du Tourisme et des Loisirs dans le 2ème gouvernement en 2013, et le 1er septembre, il est nommé Conseiller spécial du président avec rang de ministre…
En 2015, Youssou Ndour sort « Dijiguéne gni » (« Les femmes » en wolof), une vidéo hommage aux femmes, appelant à la compréhension et à la tolérance à leur égard.
Youssou Ndour et Akon
En mai 2016, le ministre-chanteur Youssou Ndour lance sur le marché Sénégal Rekk (« Rien que le Sénégal » en wolof). Sorti sur le label Prince Art de ses frères Ibou et Ndiaga et sa sœur Ngoné Ndour, cet album a d’abord été présenté à Macky Sall, Président de la République du Sénégal, par la locomotive du mbalax.
Sénégal Rekk comprend 5 titres : « Sërin Fallu » (dédié second calife des mourides, Serigne Fallou Mbacké (1888-1968), fils de Cheikh Ahmadou Bamba (fondateur du mouridisme), « Doylu xaalis », « Doylu xaalis », « Bëgg naa leen », « Buur yi démb » (un hommage aux anciens rois du Sénégal) et « Song daan », en featuring avec Akon, star planétaire Sénégalo-Américaine de la pop, du R&B et du rap.
Youssou Ndour & Black M
Le 1er juin 2018, Youssou Ndour et Black M, vedette du rap français (ex Sexion d’Assaut) lancent le single « Gaïndé (Les Lions) », hymne officiel de l’équipe nationale du Sénégal, une des 5 représentantes africaines à la Coupe du Monde de Football devant se tenir du 14 juin au 15 juillet 2018 en Russie. Le clip, réalisé par Bastien Dosu et Black M, est filmé au Sénégal (plage de Saly, Centre de formation Génération Foot) et en France (Stade Océane – Le Havre).
* Crédits photos: Michel Bocandé (Youssou Ndour)
[…] ans agoAdd Commentby Nago Seck0 Views1 min read3 semaines ago Artistes: Jimi Mbaye, Youssou Ndour Pays: France, Sénégal, UK – United Kingdom Styles: Afro-pop, Jazz, Pop Music, […]
[…] Mbassi, DJ Makhtar, Geoffrey Oryema, Kanda Bongo Man, Maryam Mursal, Thomas Mapfumo, Youssou Ndour Groupes: Daara-J (Daara-J Family), Shikisha, Super Etoile de Dakar, Tinariwen Labels: […]