Le tambour xiin est fait d’un fût en bois de «~dimb~» (poirier) évidé de 25 à 30 cm de diamètre et de 45 à 48 cm de hauteur, percé tout autour de sept à neuf trous à 5/7 cm d’une des parties convexes. Il est généralement façonné par les instrumentistes eux-mêmes ou par les Laobés (bûcherons, spécialistes du bois). Une des parties convexes de l’instrument est recouverte d’une peau («~der~» en wolof) de chèvre fixée aux trous par des «~pëgs~» de 6 à 8 cm de long (des chevilles en bois). Des cordelettes passant par des petites fentes faites tout autour de la peau et nouées aux «~pëgs~» permettent de régler les accords. Le xiin est joué à l’aide d’une baguette en bois («~galagne~» en wolof) de «~soump~» (arbre aux fruits oléagineux dont le nom scientifique est «~Balanites aegyptiaca~») ou de «~daxar~» (tamarinier).
Le rythme xiin au son médium s’apparente à celui du sabar «~mbeung-mbeung~».
Le xiin est joué par les Bayefall, confrérie soufie fondée par Cheikh Ibrahima Fall dit «~Cheikh Ibra Fall~» ou «~Lamp Fall~» (1858/1930), le premier disciple de Cheikh Ahmadou Bamba (1853/1927), le chef spirituel du mouridisme sénégalais.
Professant la foi de leurs deux guides, se soumettant à Allah (Dieu), à son prophète Mohamed et à leurs marabouts, les Bayefall appliquent à la lettre le respect des ordres de leur guide et prônent le travail considéré comme partie intégrante de la religion.
Culturellement et socialement, les Bayefall auraient inspiré nombre de stylistes par leur «~look~» : une chevelure hirsute ou de longs dreads locks (coiffure adoptée par les rastas), des vêtements en patchworks (boubous faits de divers tissus aux couleurs différentes), un long bonnet noir, un pilon en guise d’outil ou pour battre le tempo, une large ceinture en cuir et un long talisman pendu autour du cou…
A l’origine utilisé par les Bayefall pour accompagner leurs «~zikroullah~» (chants religieux, louanges à Dieu, à son prophète, à leurs guides et aux marabouts) ou leurs danses, le rythme xiin fait son apparition dans les musiques modernes sénégambiennes dont le mbalax et les musiques de fusion au début des années 1980 avec Moussa Ngom et Cheikh « Ndigël » Lô qui l’ont porté sur la scène internationale.
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