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“Instrument de la famille des membranophones d'Afrique de l'Ouest, le sabar est un tambour joué notamment au Sénégal et en Gambie par les Wolofs, les Lébous et les Sérères. Le sabar est aussi le nom générique donné au rythme et à la danse liés à l’instrument.”

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Les tambours sabars

Les tambours sabars sont faits d’un fût en bois de « dimb » (poirier) évidé pouvant mesurer de 25 à 30 cm de diamètre et 45 à 65 cm de hauteur. il est percé tout autour de six à sept trous ou plus à 7/9 cm d’une des parties convexes. Il est généralement sculpté par les Laobés (bûcherons, spécialistes du bois). Une des parties convexes est recouverte d’une peau (« der » en wolof) de chèvre fixée aux trous par des « pëgs » (chevilles en bois) de 6 à 10 cm de long. Des cordelettes passant par des petites fentes faites tout autour de la peau et nouées aux « pëgs » permettent de régler les accords. Le sabar est joué à l’aide d’une baguette en bois (« galagne » en wolof) de « soump » (arbre aux fruits oléagineux dont le nom scientifique est « Balanites aegyptiaca ») ou de « daxar » (tamarinier). Le sabar est l’instrument des griots wolofs, des Lébous et des Sérères du Sénégal et de la Gambie.

Le rythme sabar

Le rythme communément appelé sabar est donné par divers tambours aux sons aigus, médiums ou basses : le « thiol », gros tambour au son sourd dont l’autre partie convexe est fermée donne la base rythmique, le « mbeung-mbeung » au son médium et de taille moyenne donne le mbalax (rythme d’accompagnement), le « nder », tambour effilé et long au son aigu est joué par l’un des solistes, le « tungune » (nain en wolof), le plus petit au son médium utilisé pour le « touli » accompagne les tambours joués dans la gamme des aigus, le « gorong yégué » (ou gorong talmbatt) et le « gorong mbabass », sabars au son sec et dont l’autre partie convexe est fermé est utilisé par l’un des solistes, le « lamb » ou « ndënd » au son de basse est généralement réservé au tambour major. Il faut noter que les tambours sabars typiques sont souvent associés au xiin des Bayefalls et au tama des Laobés (Bucherons).

Les sonorités de ces divers tambours sont obtenues, du début à la fin, dans un ordre d’exécution bien défini et, combinées, donnent ce que l’on appelle le rythme sabar dont tiré le mbalax initié par les formations modernes.

Le répertoire traditionnel du sabar comprend plusieurs danses et rythmes créés au fil depuis la nuit des temps par de grands maîtres tambours : ndaw raabin (rythme d’intronisation des hauts dignitaires), yaaba, saf, daga, naari gorong, farwujar, yaanap, taggumbar, taatu laobé, taggumbar, arwataam xagn ma si, goumbé, njor, thiéboudiène (Mpenda Mbaye), ardin, mbabass, baram-mbaye, ndawrabine, mbabas, guine tambal bath, taasu laobé ou encore ndëj…
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La danse sabar

Lors d’une des fêtes de sabar, le public, majoritairement composé de femmes, est assis en cercle pour délimiter l’aire de danse. Tour à tour, ces dernières rejoignent le centre et exécutent des pas de danse aériens face aux batteurs. Le tambourinaire soliste ayant pour rôle d’observer, d’accélérer, de ralentir le rythme ou d’anticiper les pas de danse, crée un rapport de grande complicité éphémère avec la danseuse.
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Les maîtres tambours

Dans les années 1950, le sabar a connu un impact considérable grâce à feu Boun Abass Guèye (Bouna Mbass Guèye), maître tambour attitré des « lambs » (combats de lutte sénégambienne) pour accompagner les lutteurs dans leurs « baaks » ou « tuus » (rythmes d’intimidation, d’auto-encouragement ou d’intimidation des lutteurs) mais aussi à Mada Seck et Macheikh Ndiaye. Jusqu’à l’indépendance du Sénégal en 1960, le sabar est particulièrement utilisé dans les « sabars » (fêtes de quartier, de village, mariage, baptême diurnes…), les « jébëlés » (annonces des nuits de noce), les « laabaans » (cérémonie traditionnelle annonçant la virginité de l’épouse au lendemain matin de la nuit de noce), les « simbs gaïendé » (danses du lion), les « mbapaats » (tournois nocturnes de lutte inter quartiers ou villages à la fin des récoltes), les « kassaks » (fêtes de circoncision nocturnes), le « ndëpp » (musicothérapie rituelle des Lébous) et les « tannebers » (fêtes de quartier ou de villages nocturnes). Il fait ensuite son entrée dans les manifestations officielles, politiques, culturelles ou sportives.

De grands tambourinaires comme Lama Bouna Mbass Guèye, devenu directeur de l’Ensemble lyrique traditionnel du Sénégal à la fin des années 1960, Doudou Ndiaye Rose qui a diffusé les rythmes des sabars à travers le monde (CD Djabote), Vieux Sing Faye, le père de Babacar Faye aka Baye Dièye Faye (Super Etoile de Dakar), Mame Less Thioune, Malick Mbaye, Riche Niang, Mar Guèye, Tapha Ndiaye, Pape Mboup ou Djogoye Mbaye perpétuent non seulement l’animation de toutes les fêtes traditionnelles mais sont aussi présents dans les stades de football et sur les scènes internationales.
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Le sabar nouvelle génération

Avec l’avènement du mbalax moderne, le sabar est devenu la base rythmique de la musique populaire du Sénégal développée par des artistes tels que Omar Pène, Thione Seck, Youssou Ndour, Ismaël Lo, Baaba Maal, Coumba Gawlo Seck. Cette génération lancera avec beaucoup de créativité de nouveaux rythmes et danses : « ventilateur », « xaath-bi », « tyson » (du nom d’un lutteur des années 1990) ou encore le « rimbax papaax » et le « rimbi rimbi » lancés par Mbaye Dièye Faye et le groupe Sing Sing Rythm composé de ses frères…

Parmi les percussionnistes de la scène actuelle, on peut citer Abdou Mboup, Arona Ndiaye, Bath Ndiaye, Ali Ndiaye, Doudou Ndiaye Jr, Pape Ndiaye Thiopète, Bou Ndiaye Rose, El Hadj Faye, Talla Seck, Lamine Touré, Idrissa Guèye, Badara Guèye, Ibrahima Guèye ou encore Ousseynou Diouf aka Kourkou…

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Nago Seck

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