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“Né le 3 Août 1964, à Ermelo, Eastern Transvaal, en Afrique du Sud, Lucky Philip Dube aka Lucky Dube est un chanteur-compositeur d'afro-reggae originaire du Transvaal. Il a conçu un reggae original aux sonorités sud-africaines (mbaqanga, kwela, afro-folk, afro-soul ) qui lui a valu une consécration internationale et de nombreux prix. Lucky Dube a chanté en duo avec des artistes comme Peter Gabriel, Sinead O'Connor, Michael Jackson, Seal, Ziggy Marley, Céline Dion, Sting, etc.. Il est assassiné le 18 octobre 2007 à Rosettenville. Cet adepte du rastafarisme repose près de Newcastle, dans la province de Kwazulu Natal.”

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Peter Tosh et Richard Siluma

A l’âge de 9 ans, il est choisi comme assistant de bibliothèque de son école, découvre le monde, l’histoire controversée de son pays , la religion rastafari et le reggae. Influencé par Peter Tosh, il apprend la guitare, chante à l’adolescence dans des groupes de Rock n roll, fonde son premier groupe, le Skyway Band et retient bientôt l’attention de son cousin Richard Siluma, producteur et leader du groupe The Love Brothers qui pratique le mbaqanga appelé à l’époque « Township Soul & Boogie ».

Les années mbaqanga

En 1979, Lucky fait débute sa carrière professionnelle en tant que chanteur de mbaqanga et de soul en compagnie de Thutukani Cele et de Chris Dlamini et enregistre en 1982 au sein du groupe « The Love Brothers » l’album « Mbaqanga » mais aussi « Lucky Dube & the Super Soul ». A la même période, il sort plusieurs albums solo à dominante mbaqanga, soul et afro-folk : « Lengane Ngeyetha » (1981) qui lui vaut son premier disque d’or, « Kudala Ngikuncenga » (1982), et « Kukuwe » (1983) également disque d’or.

Reggae underground et rap provocateur

En 1985 et à l’insu de sa maison de disques, Teal Records, Lucky et Richard Siluma enregistrent « Rastas Never Die », le premier album reggae jamais enregistré en Afrique du Sud (le reggae est alors interdit par la censure). L’album qui mêle mbaqanga, soul et reggae obtient une certaine reconnaissance mais les ventes sont modestes. Les responsables des maisons de disques lui demandent de retourner au mbaqanga. Mais Lucky se tourne vers le cinéma, joue dans son premier film Getting Lucky et participe à la bande sonore. En 1986, « Think about the children », son deuxième album de reggae sort chez Gallo. Parallèlement, Richard Siluma et Lucky enregistrent sous le nom de Oom Hansie « Help My Krap », un album provocateur et humoristique de rap Afrikaans / Zulu : la langue afrikaner est alors combattue résolument par les militants anti-apartheid. L’année suivante sort « Slave » qui connait un énorme succès : plusieurs titres comme « I’ve Got You Babe” , « Slave » et  » Back To My Roots » sont des tubes.

Tournée « Franchement zoulou »

En 1988, à la demande du public sud-africain, Gallo ressort « Rasta never dies ». Lucky fait sa première tournée internationale et sort « Together as one » qui prône l’unité entre noirs et blancs. En compagnie d’une soixantaine de musiciens sud-africains, le reggaeman se produit dans le cadre de la tournée française « Franchement Zoulou » puis tourne bientôt aux Etats-Unis où il partage la vedette avec John Save dans un long métrage intitulé « Voice In The Dark ».

Sunsplash Festival

« Prisoner » sorti en 1989 est disque de platine en 5 jours. Il sera vendu à plus d’1 million d’exemplaires à travers le monde.
1991 est marqué par son passage au mythique Reggae Sunsplash en Jamaïque où il connait un réel succès et une tournée qui le mène aux USA, en Australie, au Japon et au Ghana. Suit le double album live « Captured Live » qui reprend quelques tubes de l’artiste avec de nouveaux arrangements et devient disque de platine. Lucky est sacré Meilleur chanteur de l’année au gala OKTV en Afrique du Sud. Sort ensuite « House of Exil » et Lucky est la vedette du premier festival de reggae jamais organisé en Afrique du sud – “Reggae Strong for Peace” (Reggae pour la paix) : les recettes de l’album live enregistré pour l’occasion et bientôt disque d’or sont reversées aux populations de Soweto. Militant, croyant, pacifiste, imprégné des valeurs humanistes du rastafarisme, Lucky Dube sera toute sa vie guidé dans ses textes comme dans ses actes par ces valeurs.

Womad et Peter Gabriel

En 1992, Lucky signe un contrat avec une maison de production locale, « Ace Maize Meal » : « Captured Live » et « House of Exile » ressortis sous ce label enregistrent à l’international des ventes de plus d’1 million d’exemplaires. Le reggaeman enchaîne bientôt les tournées mondiales (Europe,Etats-Unis,Japon, Caraïbes, Nouvelle-Calédonie, Australie, Pacifique Sud, Jamaïque ou il triomphe à nouveau au Festival Reggae Sunsplash). Peter Gabriel l’invite pour la Real World Recording Week en Angleterre et se joint à lui sur scène à l’occasion du 10e anniversaire du festival WOMAD pour interpréter le titre « It’s not easy ». Lucky Dube remporte le prix de la meilleure vidéo et de la meilleure pochette pour « House of Exile ». 1993 voit la sortie mondiale de « Victimes » suivi d’une tournée internationale et sa participation au concert « Africa Against Aids » à Sun City : Gallo lui consacre un documentaire « The Man & The Music ».

Sting and Midnight Oil

Au Kenya, la même année, son reggae aux couleurs sud-africaines et ses textes militants embrasent le Kenya où le public sera dispersé à coups de gaz lacrymogènes. Le triomphe est également total à l’Ellis Park Stadium de Johannesburg où il se produit en compagnie de Sting et de Midnight Oil. En 1994, Lucky signe avec la mythique maison de disques américaine Mowtown / Tabu et sort l’année suivante « Trinity » et le maxi-single de promotion « Feel Irie ».

1996 signe sa conquête de l’Amérique du Sud, dans le cadre des « Ruffles Reggae Concerts » : il se produit notamment au au Surinam, au Belize et surtout au Brésil en compagnie de Big Mountain, Inner Circle et Ziggy Marley devant une foule de plus de 60.000 personnes. Monte Carlo lui décerne le Prix mondial de la musique pour la « meilleure vente d’albums réalisée par un artiste africain ». Deux ans après le génocide rwandais, Lucky Dube est le premier artiste africain à se produire dans ce pays dévasté humainement et culturellement, un acte profondément militant. La sortie de « Serious Reggae Buisness » signe le 10e anniversaire de sa carrière de reggaeman : en une décennie Il a conquis non seulement le monde mais aussi l’ensemble de son continent : au Ghana où l’album s’est vendu à 20.000 exemplaires, il est consacré « Artiste international de l’année ».

National Chamber Orchestra & Sinead O’Connor

1997 est marquée par la sortie de « Taxman » mais surtout par la rencontre de Lucky Dube avec la musique classique : il réalise ainsi son rêve lorsqu’il donne un concert de reggae classique avec L’Orchestre National de chambre d’Afrique du sud au « Bank Arena Standard ». Aux SAMA 1998 (South African Music Awards), il décroche trois prix (Meilleur concert, Meilleur producteur et Meilleur Reggae pour « Taxman »). Les rencontres se multiplient : Shaggy, Buju Banton, Steel Pulse et Beres Hammond à l’occasion du « Spirit of Unity tour » et Sinead O’Connor pour l’enregistrement de « The Way It Is ».

Une mort tragique

Au cours de la décennie suivante, Lucky Dube se produit avec plusieurs stars internationales comme Michael Jackson, Seal, Céline Dion et sort plusieurs albums marquants dont « Soul Taker » (2001), « The Other Side » (2003) et « Respect » (2006). Le 18 Octobre 2007, il meurt tragiquement, tué par balles devant ses deux enfants au cours d’une tentative de vol de sa voiture à Rosettenville dans la banlieue de Johannesburg. Le jour-même, un hommage public lui est rendu dans sa ferme, près de Newcastle et le 24 octobre 2007, un concert-hommage est organisé à Johannesburg : les Mahotella Queens prennent à cette occasion la parole pour dénoncer l’insécurité dans le pays.

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À propos de l'auteur

Sylvie Clerfeuille

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