Le Tchad, espace transitoire entre Afrique noire et monde arabe, donne à Mawndoé ses premières influences musicales. Il apprend à chanter les émotions auprès de sa grand-mère « pleureuse » du peuple Ngambay. Il chante encore pour se donner du courage et éloigner les animaux sauvages, lors de ses déplacements solitaires en brousse. Mais Mawndoé, intéressé par d’autres formes d’art se met aussi à la sculpture dans l’atelier familial. Très attiré par la musique, il sèche souvent ses cours pour se consacrer à sa passion et décide bientôt de rejoindre le Burkina Faso, véritable eldorado pour ce jeune homme à la recherche d’une liberté de création. Jusqu’en 2003, Mawndoé se partage entre la musique et la sculpture. Chacune de ses sculptures est un thème d’une chanson façonnée par le rythme de ses mains sur le bois ou le fer. Sa vie est digne d’un roman, pourtant il se raconte peu. Seules ses mélodies laissent échapper le passé.
En 2000, Mawndoé créé, avec le rappeur-chanteur burkinabé Louis Salif Kiékiéta aka Smarty, Yeleen, un groupe de hip hop africain, intégrant divers styles : rythmes et chants Ngambay, musique mandingue, R&B, soul, gospel, jazz, afro-folk, afro-pop, afro-beat ou reggae etc. A la sortie de leur premier album Juste 1 peu 2 lumière en 2001, Yeleen devient aussitôt un phénomène de société, un modèle pour les jeunes (et les moins jeunes) et le porte-parole des sans-voix. Très vite, leur musique inonde les pays frontaliers où la jeunesse se reconnaît dans leurs textes sur les enfants des rues, le chômage, la liberté d’expression, la justice, la maltraitance et l’injustice conjugale, la femme africaine, l’unité ou l’amour. Dès 2003, les tournées s’enchainent en Afrique (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Tchad, Gabon) et en Europe (Festival Mondial de Tilburg). Après leur concert mémorable au Stade Municipal de Ouagadougou en 2004 devant 20.000 spectateurs, Yeleen est programmé à divers festivals, dont Les Francophonies en Limousin (2006), Scènes d’Afrique au Futuroscope de Poitiers (2007) ou encore Musiques Métisses d’Angoulême (2008), S’ensuit une tournée au Canada… Entre-temps, Yeleen est sacré Meilleur groupe au Kundé d’Or du Hip Hop 2007, récompense musicale au Burkina Faso. Parallèlement, Mawndoé travaille avec de nombreux artistes et est appelé pour la direction artistique de grands événements au Burkina Faso. Il organise aussi les « Yeleen Tours » ou les « 72 h Yeleen ».
A la scission, en 2011, de Yeleen, un groupe référence au Burkina Faso et en Afrique de l’Ouest avec lequel il a enregistré cinq albums, dont le dernier, Rédemption, paru le 15 novembre 2010, Mawndoé se lance dans une carrière solo, explorant d’autres univers musicaux. Après une série de concerts au Tchad, Mawndoé rejoint la France à l’initiative de l’association Talents d’Ailleurs, pour une résidence de création, « Neige au Sahel », dans le cadre du « Plan Régional des Musiques Actuelles » de la Région Poitou-Charentes en partenariat avec la ville de Loudun. C’est ainsi qu’en février de même année, il y crée son nouveau groupe et commence à se faire connaître en France, en jouant à Châtellerault, à Lessac, à Angliers, à Poitiers ou encore au festival Musiques Métisses d’Angoulême.
Au bout quelques mois d’absence, Mawndoé repart au Tchad pour la sortie, le 16 décembre 2011, de son premier opus personnel, Daari, composé de chansons écrites dans trois langues qui l’ont bercé, le ngambay, l’arabe et le français. Daari, ce sont aussi des escapades musicales au gré des rythmes et sonorités rencontrés au cours de ses périples : rythmes et chants Ngambay, R&B, soul, gospel, jazz, afro-folk, afro-pop, afro-beat, hip hop, reggae, électro… Après la présentation de ce disque sur la scène de l’Institut Français de N’Djaména, la capitale, Mawndoé donne une série de concerts au Tchad et au Burkina Faso. Mais ce retour, c’est aussi l’occasion de lancer le Festival Neige au Sahel où sont invités des artistes d’horizons divers (France, Côte d’Ivoire, Bénin, Burkina Faso, Sénégal). Par la suite, Mawndoé s’envole à nouveau pour la France où il sort, le 13 septembre 2013, son second album Doum Pah qui veut dire « Ce que l’on ne peut exprimer »… Et l’on est condamné à vivre avec… à moins de le chanter et de le danser… pour s’en libérer. Doum Pah, c’est un véritable voyage de la neige au sahel, sur des textes en ngambay, en arabe, en anglais, en moré, en kabalay ou en français. La diversité culturelle des musiciens (Français, Algériens, Canadiens, Tchadiens, Congolais) donnent une authenticité à ces rythmes d’Afrique.
Désormais accompagné sur scène par Kim Dan Le Oc Mach (violon), Valéry Bertrand (guitare), Jérôme Henry (batterie), Manuel Gablain (piano électrique), Richard Puaud (contrebasse) et Mahama Koné (djembé), Mawndoé tourne en Afrique, en Europe et en Amérique du Nord, notamment au Canada.
En 2019, Mawndoé a lancé le projet « Au nom de l’art » un concept qui réunit musique et sculpture, organise des expositions, des concerts, la sortie d’album et le festival Neige au Sahel ainsi que des résidences artistiques avec les enfants. Ce projet est soutenu par l’institut français au Tchad et Takoun production. La restitution de « Au nom de l’art » prévue en Mars 2020 sous le parrainage de A’salfo, le leader de Magic System a été repoussé en Octobre du fait de la pandémie de corona virus.
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