Chauffeur-livreur et taximan
Après l’obtention de son Certificat d’études primaires et élémentaires (Cepe) à l’école de la mission catholique de Nkoabang, Owona Apollinaire apprend la conduite automobile auprès d’un transporteur. Et, grâce à une connaissance de son père, qui était cultivateur de cacao, il trouve du travail chez un Grec. « C’était le père du gérant de la quincaillerie qui se trouvait à la montée Ane-Rouge à Yaoundé. Je devais transporter du cacao de mon village à Yaoundé. Quatre ans après mon embauche, je fus affecté à Douala pour livrer la marchandise au port« , explique-t-il.
Par la suite, il s’achète, grâce à ses économies et son héritage, une voiture de marque Citroën Traction à 237.000 FCFA pour en faire le taxi n°13 qu’il baptise « Chérami de la capitale« , devenu son surnom.
Les expatriés
A ses heures perdues, Owona Apollinaire fréquente les cabarets et les boîtes de nuit avec son épouse. Un privilège à cette époque où ce type de loisir était l’apanage des personnes nanties et des Blancs. « Nous allions souvent danser au Cercle municipal où l’orchestre était tenu par des Blancs. Au violon et au piano, c’était des Français qui jouaient vendredi et samedi. Nous allions aussi à l’actuel Centre culturel camerounais, où se trouvait un club également tenu par des expatriés« , révèle Chérami dont la carrière musicale n’a pas dépassé les frontières du Cameroun. Il mentionne ensuite : « Nous étions déjà assez populaires comme ça au Cameroun pour aller jouer hors du pays. Nous avions pourtant assez des propositions de nombreux organisateurs de spectacles à l’étranger« .
Le virus de la musique
A force de fréquenter les milieux de la musique, Chérami est piqué par ce virus et décide d’en faire son nouveau métier. Le déclenchement, c’est après sa rencontre avec N’na’a Ngômô, le chef pupitre de la fanfare du chef Charles Atangana fut déterminante. « C’est d’ailleurs lui qui a formé la majorité des anciens saxophonistes« , dit-il. L’accordéon classique, il l’apprend auprès de Luc Mbida, un féru de cet instrument.
L’expérience acquise, Chérami décide de se convertir définitivement à la musique et achète un orchestre chez un expatrié qu’il transportait régulièrement à bord de son véhicule. Commence alors, en 1956, la belle aventure musicale.
La notoriété
Un des plus célèbres musiciens camerounais des années 1960 jusqu’aux 1980, Owona Apollinaire, issu du peuple Beti, a composé de nombreux tubes, dont « Eding N°1 », « Sophie », « Merengue Saint-Paul », « Mot ane zeze », « Docteur Messimba », « Merengue propidon », « Enon etam e ne aba abui » ou encore « Merengue Gentil » (dédié à Margo, la copine d’un de ses musiciens nommé Ndoumou). Chérami de la capitale a contribué au rayonnement de la culture camerounaise à l’international au lendemain de l’indépendance du Cameroun, proclamée le 1er janvier 1960, faisant résonner sa musique (merengue, tango, valse, samba à la sauce camerounaise) sur les scènes d’Allemagne (Francfort), de France (Paris) et du Canada (Montréal).
Aujourd’hui encore, nombre de chansons de cet artiste qui s’est retiré à Nkollo III, une bourgade de Yaoundé où il passe sa retraite, sont reprises par des musiciens, notamment ceux de bikutsi et de balafon (mendzang), perpétuant ainsi sa notoriété.
* Source: http://www.nkul-beti-camer.com/
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