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Titres:
1. Alleluia (interlude) 1:07
2. Serré dans tes bras 3:47
3. Summertime 3:15
4. Taryam 2:53
5. Minipa 2:44
6. OGM 2:34
7. Besoin de Money 2:35
8. Sia 3:17
9. Fly 3:02
10. Gomindi iko 3:44
11. Tanda 3:33 ”

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Fondé en 1995, H’Sao commence son parcours au Tchad, d’où les membres du groupe, les frères et sœurs Rimtobaye, tous auteurs-compositeurs et interprètes, sont originaires. Puisant dans le gospel et dans leurs racines tchadiennes (dont le ngandja, rythme typiquement kabalaye), chantés en langues sara, kabalaye, arabe, français ou anglais, ce groupe de Montréal (Canada) s’inspire aussi de la musique soul, pop, jazz, blues, R&B, reggae… Les chants gospel ou a capella leur offrent une place originale dans le paysage musical des musiques du monde. H’Sao s’est notamment produit devant la Reine d’Angleterre à l’occasion de la célébration de la fête du Canada en 2010.

En juillet 2015, H’Sao dévoilait son quatrième album, « Saar », mot kabalaye qui signifie « la source ». Enregistré à Montréal, Saar est pour H’Sao un véritable retour aux sources. Les trois frères Rimtobaye et leur ami d’enfance Dono Bei ont décidé de remettre de l’avant leurs magnifiques voix et leurs habiletés harmoniques hors du commun, avec comme accompagnement une guitare, une calebasse et des rythmes traditionnels qui viennent soutenir ce tour de force vocal.

« Saar », le quatrième album des frères Rimtobaye et de leur ami Dono Bei L. a été annoncé comme le plus abouti du groupe. En tout cas, sa musique généralement épurée met pleinement de l’avant leurs harmonies vocales et les textes de leurs plusieurs compositions.

Ce sont d’ailleurs leurs prouesses harmoniques qui initient cet album sur la reprise chorale a capella de « Alleluia (interlude) ». Bien que l’interprétation soit très belle, elle sera loin de représenter l’album, qui n’a pas fait de « virage religieux ». Le vrai début se trouve alors dans Serré dans tes bras, au refrain berçant, accompagné simplement d’une guitare. On n’en a pas besoin de beaucoup pour apprécier une mélodie prenante, et cet exemple le représente très bien.

S’ensuit une version très intéressante du fameux « Summertime » de Gershwin, avec la participation de la soprano Marie-Josée Lord. Quand l’opéra rencontre une version acoustique, cela promet des surprises auditives. Notez que ce n’est la première fois que des Canadiens reprennent cette pièce mémorable cette année, comme Harry Manx a aussi offert une version, à la sauce indienne, sur album cet hiver.

L’album se poursuit avec une succession de pièces tantôt a capella, tantôt avec guitares. Parmi les compositions mémorables, on retient « Minipa », une chanson rythmée fort réussie, qui prend par moments les allures de dialogue musical entre deux mélodies. Le solo de guitare à la fin, sans être aussi explosif qu’une chanson rock, est tout de même très rafraîchissant. L’engagée OGM aura aussi l’avantage d’avoir une accroche hyper simple à retenir : « OGM, oh j’aime pas ». Besoin de Money, en grande partie a capella, offre une alternative intéressante aux nombreuses chansons qui parlent du manque d’argent pour bien vivre; on a en fait ici droit à une attaque en règle contre le capitalisme, mais sans nous plonger dans la déprime.

Amateurs de chansons plus douces, « Sia » vient répondre à ce besoin : une pièce lente, à tendance mélancolique, accompagnée d’une guitare. « Fly » débute aussi avec cette vibe un peu plaintive, qui se transporte vite un autre registre dès le premier refrain (presque gospel), puis tombe dans une ligne vocale qui rappelle presque la voix de Corneille par moments. On a même droit à une partie plus hip hop à partie de la moitié. Lorsque les membres se partagent le lead, on a droit à cet éclectisme, qui se poursuit d’ailleurs sur « Gomindi iko ».

La finale, « Tanda », où les membres se parlent et semblent se raconter des blagues, perd un peu la montée des titres précédents, qui étaient tous très accrocheurs. Comme le dernier titre reste souvent en tête à la fin de l’album, cela nous laisse une drôle d’impression. Mais c’était certainement assumé par le groupe.

H’Sao chante plusieurs de ses chansons dans un dialecte vraisemblablement local, mélangeant aussi français et anglais aux paroles. Si on n’arrive pas toujours à saisir chacun des textes du quatuor, on arrive bien souvent à comprendre la direction dans laquelle on nous envoie grâce au ton employé. Et même si la voix occupe une place prépondérance dans a musique de H’Sao, les paroles ne sont parfois qu’un prétexte pour se laisser porter par la mélodie.

« Saar » est un de ces albums qui nous rappellent qu’on peut faire beaucoup avec très peu. Le band montréalais offre, sur 11 titres, plusieurs mélodies très accrocheuses, aux arrangements minimalistes et précis à la fois. Il aurait seulement pu mieux choisir l’ordre de ses chansons pour mettre les titres plus mémorables à des moments-clés, afin de d’optimiser l’expérience auditive. Mais encore, en écoutant l’opus de façon aléatoire, on règle déjà en grande problème ce petit défaut.

Fiche:

H’Sao

Caleb – voix, guitare, production

Mossbass – voix, basse

Izra L – voix, keyboard

Dono Bei L. – voix, drums, percussion, calebasse

Enregistrements : Montréal – Canada

* Sources:

https://livingtheafricandream.org/

The African Dream

https://critiquedesalon.wordpress.com/

Olivier Dénommée

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À propos de l'auteur

Nago Seck

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