Une longue histoire d’exil
Métisse Italo-Somalienne, Saba Anglana est issue d’une famille au long passé d’exil. Son grand-père maternel, éthiopien, a fait sa vie à Mogadiscio après avoir déporté dans cette ville par l’armée italienne, et épouse une éthiopienne elle aussi installée dans la capitale somalienne. Son père, colonel dans l’armée italienne, tombe amoureux du pays, quitte l’armée en 1945, s’installe à Alula, dans la région de Gardafui (Cap Horn), devient enseignant puis homme d’affaire et épouse sa secrétaire. La Somalie est alors une société très ouverte où se côtoient Italiens, Chinois, Indiens, Éthiopiens et Somaliens. En 1977 le conflit entre Somaliens et Éthiopiens se disputant la région d’Ogaden, envenime les relations entre communautés. La politique nationaliste de Syad Barré rend bientôt tous les étrangers suspects, sa mère et ses grands parents d’origine éthiopienne, comme son père italien, suspecté d’être un espion. Le gouvernement donne à sa famille 48 heures pour quitter le pays : ses parents s’installent alors en Italie. Saba a tout juste cinq ans mais conserve de la Somalie, les couleurs, les atmosphères et les sons: berceuses, musiques de l’église copte, de funérailles, tubes de pop éthiopienne des années 1970.
Une musique hybride
Au cours de son enfance, elle grappille d’autres musiques, la pop , la musique italienne, le reggae dont ses tantes raffolent : à 11 ans, elle assiste à un concert de Jimmy Cliff. Après des études sur les civilisations du début du XX° siècle à l’Université Sapienza de Rome , une brève carrière de comédienne, elle a joué dans une série populaire italienne, la Squadra, Saba se tourne vers la musique, rencontre son producteur, le Turinois Fabio Barovero, leader du groupe de fusion Mau Mau qui a enregistré deux albums au studio de Peter Gabriel. Ce dernier lui présente le Camerounais Taté Tsongan (guitare, basse, djembé, percussions et composition) et ensemble ils enregistrent l’album Jidka (“la ligne” en somali), en compagnie du joueur de kora Sénégalais Lao Kouyaté et du chanteur Gabonais Moungara Jean Félix. Sorti en 2008, l’album est une fusion entre pop, reggae, chants modulés somaliens et éthiopiens et musiques mandingues et bassa.
Cette artiste en quête d’une musique qui se veut universelle et sans étiquettes, tourne dans les communautés somaliennes, les festivals italiens et s’est produite au Sunset à Paris en Mai 2008. Suit en 2010, Biyo – Water is love (l’eau, c’est l’amour), un album de 11 titres sur l’eau, ce bien vital pour l’humanité. C’est aussi un hommage aux nombreux immigrés morts au large de l’île italienne de Lampedusa en essayant d’atteindre l’Europe (« Weha »).
Life Changanyisha : la vie nous mélange
L’année 2012 voit Saba Anglana réaliser l’opus Life Changanyisha (« la vie nous mélange »), résultat d’un projet d’AMREF Flying Doctors ou AMREF (African Medical and Research Foundation), une ONG humanitaire de santé publique, fondée au Kenya en 1957 par trois chirurgiens, Sir Michael Wood, Sir Archibald McIndoe et Tom Rees. Première Organisation africaine internationale, l’AMREF intervient auprès des populations les plus pauvres et les plus marginalisées d’Afrique pour améliorer leur santé. AMREF intervient en Afrique subsaharienne (Éthiopie, Kenya, Afrique du Sud, Soudan, Tanzanie, Ouganda, Sénégal). L’AMREF vient ainsi en aide à 7 millions d’africains chaque année.
Life Changanyisha raconte le voyage de l’artiste Italo-Somalienne Saba Anglana au Kenya pour soutenir et aider des milliers de gens rencontrés aussi bien dans les villages les plus reculés que dans la banlieue urbaine de Nairobi et qui lui racontent leurs histoires. Saba partage ainsi leur humanité, leur culture, leurs expériences, leurs rêves, leur nourriture, leur lutte pour la survivance.
S’inspirant de ses rencontres, échanges, brassages et partages, Saba écrit les textes qui vont donner naissance à l’opus Life Changanyisha qui signifie « la vie nous mélange ».
A cosmopolitan family
Saba was born in Mogadishu, capital of Somalia, to an Ethiopian mother (born in Somalia) and Italian father during the years of General Muhammad Siyad Barre’s corrupt and repressive regime. The perennially suspicious attitude towards Italians ,and the conflict with Ethiopia over the Ogaden region, forced her family to leave the country when she was just 5 years old. Saba recalls, ‘We were a mixed-marriage family: inconvenient, perhaps a threat. I still remember nights at Bolimog (Cape Guardafui, near Alula — the extreme east point of Africa, where my father was working) when policemen came to interrogate my father, as they thought he was a US spy. In reality, he was there because he loved Africa, and my sister and I were born there.’
Exile
Saba’s father originally went to Africa to forget the extreme suffering he experienced during World War II, when he was a colonel of the Italian Forces. As a prisoner during the colonial battles in Ethiopia, Saba’s grandfather had been deported to Mogadishu, and it was there that her mother was born.. When Saba’s parents married, their close friends and family considered their union as a symbol of reconciliation and peace — finally forgetting the past conflict of Ethiopia, Somalia and Italy.
At the height of the crisis for Saba and her family, the Somali government gave them forty-eight hours to leave the country, forcing them to migrate to Italy. Since that time, a deep homesickness has always been present. ‘I wanted to learn as much of the Somali language from my mother as possible, particularly the dialect of Xamar Weyne — the quarter were she was born with my uncles and aunts.’
Italy and Africa
After doing much of her growing up in Italy, Saba studied to become a mosaicist, completing a degree in Art History at the University of Rome La Sapienza, and also became known throughout Italy for her acting roles in some well—known television programmes (La Squadra in particular, in which she played a half-Italian, half-Somali policewoman). However, music was by far her greatest and most constant passion. She recalls, ‘at the age of 8, in Addis Ababa — where we went sometimes to visit my grandmother — I remember my sister and I performing songs and dances to entertain the neighbours’. Growing up, music became her main expression and African music allowed her to mend the broken thread with her homeland.
source : www.sabaanglana.com
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