Enfance
Né en 1971 d’une mère française, professeur de sciences naturelles, et d’un père burkinabè, économiste, Smockey passe son enfance au Burkina Faso ainsi que son adolescence marquée par la révolution de Thomas Sankara (1983 à 1987).
Smockey et Lââm
Installé en France en 1991 pour effectuer ses études, le jeune franco-burkinabé commence à travailler dans la musique à Paris dans les années 1990 et s’ancre davantage dans les réseaux musiques africaines et world music, que dans les circuits rap. En 1999, il signe un contrat avec EMI et sort un premier single, en featuring avec la chanteuse Lââm.
Le studio Abazon : centre du hip hop burkinabé
Deux ans plus tard, Smockey décide de rentrer au Burkina Faso où il créé le studio Abazon. Basé à Ouaga, cette structure de production et d’enregistrement qui accueille et soutient la grande majorité des rappeurs du pays devient un lieu de rencontres de la scène hip hop. Abazon qui lui garantit une autonomie en matière de production et lui assure une grande liberté de création lui permet de sortir régulièrement des albums. Sa première oeuvre Epitaphe sortie en 2001 s’inscrit dans le genre « tradi-moderne », et comporte des textes militants dénonçant le régime en place. Elle est suivie en 2004 de Zamana (« le peuple » en langue bissa, ethnie de son père). Cet album proposant des collaborations avec Didier Awadi du Sénégal et le groupe Yeleen lui offre une reconnaissance nationale. L’année suivante, le maxi Votez pour moi dénonce les problèmes liés aux élections truquées. Sorti en 2007, Code Noir, fait parler de lui avec le titre « Y-yamma » dénonçant les mariages forcés. Smockey collabore ensuite avec Samsk le Jah, animateur radio et chanteur de reggae, sur le titre « On est dans la rue », en soutien aux manifestations étudiantes sur le campus ouagalais et initie le collectif « artistes unis pour Norbert Zongo ». A l’occasion des dix ans de la mort du journaliste, il produit l’album Dossier classé (Samsk Le Jah, Didier Awadi, Tiken Jah Fakoly, Faso Kombat, …) dont l’objectif est de faire pression sur la justice pour la réouverture du dossier du journaliste assassiné.
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Cravate, Costards et Pourriture» (2010) et «Pré’volution» (2015)
En 2010, un an avant le cinquantenaire de l’Indépendance du pays, son album Cravate, Costard et Pourriture est lancé par la chanson « 50 ans 2 dépendance », un texte fort dénonçant le système de la « Françafrique » (Verschave, 1998), Il sera suivi en 2015 du triple album Pré’volution.
Récompenses
Smockey a remporté durant sa carrière plusieurs prix. En 2006, il a reçu le Kundé d’Or – trophée de la musique burkinabé – dans la catégorie « Meilleur Artiste de l’année » et en 2010 le « Kora Awards » – trophée de la musique africaine – dans la catégorie « Meilleur Artiste Hip-Hop ». Il dédiera son trophée de meilleur rappeur africain en 2010 devant Blaise Compaoré à tous ceux qui se sont battus, à tous ces grands combattants, Lumumba, Thomas Sankara », un discours vécu par certains comme un véritable acte de bravoure, et par d’autres comme une provocation.
Les engagements de Smockey
Pour Smockey, l’engagement discursif dans les productions musicales doit s’accompagner d’actions plus concrètes. Ainsi, il collabore avec des associations ou ONG, dont Amnesty International et Semfilms, association locale de défense des droits humains et de la liberté d’expression. Cette dernière est l’organisatrice du festival Ciné Droit Libre et la fondatrice de Droit Libre TV, une web télévision produisant des reportages dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest. . Il s’est également engagé dans un combat mémoriel et contre l’impunité (affaire Sankara, affaire Norbert Zongo),
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En 2013, Smockey qui se réclame de l’héritage et des idéaux du capitaine Thomas Sankara cofonde avec le musicien de reggae, animateur radio et militant politique Sams’K Le Jah « Le Balai citoyen », un mouvement politique populaire. Luttant contre la corruption politique, il s’est notamment illustré par son opposition au pouvoir du président Blaise Compaoré et sa forte implication lors de la deuxième révolution burkinabè, qui a contraint ce dernier à abandonner le pouvoir. Le 17 septembre 2015, son studio d’enregistrement Abazon sera attaqué au lance-roquette et incendié par des éléments putschistes du Régiment de sécurité présidentielle, demeuré loyal au président déchu.
Smockey a également participé au projet collectif “Présidents d’Afrique”, produit par son ami et frère de lutte Didier Awadi. Dans ce projet ambitieux et multimédia, plusieurs rappeurs du continent se relaient pour rapper et illustrer, sur fond de portraits et de discours, l’histoire politique et l’avenir du continent.
Cinéma, musique et théâtre
L’artiste et producteur franco-burkinabé a fait ses premiers pas dans le cinéma en 2008 en participant au film de Missa Hébié, une adaptation du roman« En attendant le vote des bêtes sauvages» de l’écrivain ivoirien Ahmadou Kourouma. En octobre 2020, il a présenté aux Francophonies de Limoges « Le syndrome de la pintade », une pièce musicale, mélange de rap, de musique live et d’humour. L’allégorie de la pintade représente une invitation adressée au public à explorer le jeu démocratique actuel et ses contradictions, le changement des institutions, la gouvernance par les élites et les aspirations des peuples.
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