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“Né le 10 mars 1952 à Saint-Denis, à la Réunion, Alain Péters est un auteur-compositeur d'exception, merveilleux chanteur, guitariste, joueur de kayamb, de takamba (ngoni réunionnais) et poète. Il est l’un des précurseurs en matière de fusion musicale réunionnaise (maloya fusion) en rejoignant le groupe avant-gardiste Caméléon de l’accordéoniste René Lacaille.
Alain Péters décède le 12 juillet 1995 à Saint-Paul à l’âge de 43 ans.”

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Alain Péters et Caméléon

En rejoignant en 1979 le groupe avant-gardiste Caméléon de l’accordéoniste René Lacaille, aux côtés de l’ex- membre de West African Cosmos (WAC) et multi-instrumentiste français Alain “Loy” Erlich (piano, synthétiseur, guimbri, kora), Alain Péters devient l’un des précurseurs en matière de fusion musicale réunionnaise.

Ses débuts

Alain Péters a été très tôt initié à la musique par son père, chauffeur de taxi, mais batteur et joueur de flûte à ses heures pour l’orchestre de cuivres de Chane Kane. C’est dans l’orchestre de Jules Arlanda qu’il fait ses premières armes en choisissant comme instrument de prédilection la guitare. Alain, qui n’a alors que 13 ans, entame la longue tournée des bals de l’île et ses études à l’école des frères Saint-Michel s’en ressentent. Il abandonne définitivement celles-ci en seconde, faisant le choix de la vie d’artiste.

Son parcours

Au milieu des années soixante, la vague pop-rock déferle sur La Réunion et c’est toute une génération qui vibre au rythme de cette nouvelle mode. Le séga et la variété sont alors délaissés par les jeunes musiciens qui préfèrent pousser leurs amplis à fond et cracher des riffs infernaux copiés sur les disques vinyles, expédiés depuis l’Angleterre par le cousin d’Alain. Il est aux premières lignes, accompagné des frères Gilbert et Dédé Lebon ainsi que Gérard Legros (Mascotte) au sein des Lords, puis de Pop-Décadence avec Bernard Brancard, André Massena, William Justine et Mascotte. Il quittera le groupe en 1975 avec Bernard Brancard, quand René Lacaille les recrute pour fonder le groupe Caméléon. Entre-temps il s’est aussi plongé dans le rock progressif avec Satisfaction qui n’aura qu’une courte existence. En effet, à la fin des années 1970, le disco fait désormais fureur dans l’île, reléguant les orchestres aux oubliettes.
En 1977, Alain Péters redécouvre le patrimoine musical réunionnais et fonde le groupe Caméléon avec René Lacaille (guitare), Loy Ehrlich, venu de métropole (claviers), Bernard Brancard (batterie), Joël Gonthier (percussions) et Hervé Imare (chant).

Ader

Les textes de cet auteur-compositeur, chanteur et poète et ses collaborations avec son compatriote et poète Jean Albany (1917-1984) font qu’il fut soutenu par Ader qui a numérisés ses projets. Association des écrivains réunionnais, Ader, créée en 1975 par Alain Gili, est une maison d’édition perçue comme un véritable « vivier » littéraire et dont le but est de fédérer et de promouvoir la littérature contemporaine de l’île.

Le précurseur n’est plus

Alain Péters décède le 12 juillet 1995 à Saint-Paul à l’âge de 43 ans.
Sa vie a basculé en 1980 à la mort de son père. Il ne s’en remettra pas et va alors sombrer dans un alcoolisme ravageur. Pendant toutes ces années d’errance et de vagabondage, il ne cessera jamais de composer, de créer.

Un des précurseurs en matière de fusion musicale réunionnaise avec le groupe Caméléon, Alain Péters laisse un immense héritage cher aux Réunionnais, influençant toute la scène musicale de l’île, de Ziskakan de Gilbert Pounia à Danyel Waro en passant par les rappeurs…

Parabolér, le succès posthume

Le CD posthume « Parabolér », publié en 1998, est la meilleure vente du label Takamba et fait connaître l’œuvre d’Alain Péters à un public de plus en plus large. Des chanteurs comme Raphaël et Kent connaissent et apprécient ses chansons. En juin 2007, « Parabolér » est élu meilleur album francophone par le magazine musical Chorus.

Le festival Sakifo crée en août 2007 le « Prix Alain Péters » qui récompense un talent en devenir. Le trophée, sculpté en basalte par Eric Pongérard, représente une takamba, l’instrument fétiche d’Alain Péters. Pour la 1ère édition, le jury était présidé par Gilbert Pounia, leader du groupe Ziskakan et le prix a été remporté par Lo Griyo, trio composé par Sami Pageaux-Waro, Yann Costa (également membre de Zong) et Luc Joly.

Discographie

« La rosée si feuilles songes / Na voir demain » avec le groupe Caméléon, Royal – 1977 (45 tours)
« Chante Albany » – Textes de Jean Albany (1917 – 1984) dits par l’auteur et poète ou mis en musique par Pierrot Vidot, Jean-Michel Salmacis, Hervé Imare et Alain Péters, ADER en association avec Piros – 1977-1978 (Album)
« L’tonton Alfred / Bébett coco » – Textes de Jean Albany (1917 – 1984) – Ader en association avec les Disques Issa – 1979 (45 tours)
« Mangé pou le cœur » – ADER en association avec Village Titan – 1984 (Album)
« Romance pou un zézère / Panier su la tête mi chanté » – ADER en association avec Village Titan – 1984 (45 tours)
« Parabolér » – Takamba – 1998 (CD posthume)
« Ti galet : Tribute to Alain Peters » de Patrick Persée (2002) comprend le titre « Tappadanmontet la poliss » enregistré en 1992 au Studio du Verseau à Saint-Leu par Alain Péters
« Rest’la Maloya : Hommage à Alain Péters » : Cobalt – 2003 (album CD)
« Vavanguèr » – Takamba – 2008 – Les mêmes titres que « Parabolér » avec une nouvelle remastérisation et deux inédits en CD (« Romance pou in zézère » et « La rosée sur feuille songe ») plus un DVD de 90 minutes comprenant des extraits de concerts, un documentaire et une interview (album CD posthume)
« Rest’ la Maloya » – Moi J’connais Records – 2015 (33T posthume)

Bibliographie

« Alain Péters, Mangé pou le cœur : poèmes et chansons créoles » – ADER et Village Titan, Le Port, 1984

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À propos de l'auteur

Nago Seck

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