Originaires de Ponodougou, sous-préfecture de Boundiali, ses parents s’expriment dans diverses langues mandingues : malinké, bambara, dioula… Aussi, lorsqu’ils se déplacèrent pour finalement arriver au quartier de Treichville à Abidjan avec sa population de déracinés échoués dans le bric à brac urbain, (le Treichville de Jean Rouch, « Treichtown » pour les amateurs de reggae), les parents d’Ismaël s’y sentent chez eux. Mais à Treichville, les campagnes de vaccination ne sont pas encore de mode et à l’âge de deux ans, leur fils aîné Issiaka est terrassé par la polio.
C’est la fin des années 1970. Issiaka écoute le funk et rêve de smurfer comme les kids américains qu’il voit à la télé. En 1981, Bob Marley meurt et les aînés se mettent à écouter beaucoup de reggae.
Alpha Blondy, la révélation
Un soir à l’émission télévisée « Première Chance » de Roger Fulgence Kassy, la Côte d’Ivoire découvre Alpha Blondy. Lui-aussi chante en dioula, autre dialecte mandingue. Pour Issiaka, la voie est tracée. Il se choisit un nom d’artiste, Ismaël Isaac, et fait le siège de la télévision ivoirienne. Il se faufile sur le plateau de « Première Chance », mais personne ne veut l’écouter. Un jour, alors que les musiciens sont partis déjeuner. Georges Kouakou voit Ismaël tapi dans un coin. « Moi aussi je veux chanter !« . Georges, clavier et arrangeur de l’orchestre de la RTI (Radio Télévision Ivoirienne), est tout de suite conquis. Il amène son protégé voir Roger Fulgence Kassy qui décide sur le champ de le programmer à « Première Chance ».
Ismaël Isaac & Les Frères Keïta
Ismaël se consacre à sa carrière. Il travaille le chant avec les frères Keïta, Hassan aka Hass Keïta et Ousseine, deux jumeaux du quartier, il a trouvé un producteur. Koné Dodo, avec qui il enregistre deux cassettes, « Liberté » (Inclus Nelson Mandela), « Tchilaba » en 1986, « Yatiman » en 1989 (avec Aboubacar Sidiki Doumbia). Peu après, Ousseine Keïta meurt d’une tuberculose mal soignée, et Ismaël veut tout arrêter. Le jumeau Hass Keïta décide plus tard de poursuivre une carrière solo. Quant à Ismaël Isaac, il enregistrera par la suite « Rahman »(1990), son premier CD, produit par Ibrahima Sylla (Syllart Productions), avec Moctar Wurie et Boncana Maïga. Le succès de « Rahman » le fera connaitre jusqu’en France où Philippe Constantin le signe pour Island Records, « Taxi Jump » sort en 1993, avec Godwin Logie à la console et une pléiade de grands noms. Après le décès de son producteur, Ismaël Isaac quitte Polygram.
Treich Feeling
Pour « Treich Feeling » en 1997, Ismaël Isaac signe chez Dominique Misslin et confie la plupart des arrangements à Georges Kouakou, que l’on fait venir de New York pour l’occasion, d’autres à Moctar Wurie, tous deux complices de longue date, ainsi qu’a Cheick Tidiane Seck, représentant de la modernité mandingue. La majorité des musiciens est constituée par les « Vieux » d’Abidjan : Camus, Mao, Sam, Ibis, Christian Polloni et Amy Bamba (qui ont joué avec Alpha Blondy), Étienne M’Bappé et les cuivres (musiciens de Salif Keïta). Le style se rapproche du dépouillement de « Rahman », mais avec une coloration plus avenante.
Puis en l’an 2000, Ismaël Isaac qui tourne dans le monde entier avec son groupe Mandingo Gang Star sort « Black System » chez Syllart produit par Ibrahima Sylla. De sa voix candide, Ismaël énonce les enseignements que la vie lui apportés. Le tout dans des teintes de noblesse et d’humilité qui ont toujours été les siennes, avec sa foi profonde dans les valeurs d’humanité : les paroles d’un homme debout que rien ne peut abattre.
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