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Né à Mont Roland, un village sérère et fief de la communauté Ndut, à 17 km au nord de Thiès, dans l’ouest du Sénégal, l’auteur-compositeur, guitariste et chanteur, Marcel Salem propose un afro-reggae original qu’il apelle "reggae-groove-acoustique". Cette fusion de reggae et de musique acoustique, donnée par des guitares (solo, basse), claviers, batterie, cuivres, percussions ou encore kora, soutient des textes chantés en sérère, en wolof et en français, sur le colonialisme, le proxénétisme, l’hypocrisie, les mariages forcés, le système dynastique africain, les injustices, la pauvreté, la richesse de la terre, la culture sérère, sans oublier ses aventures, ses expériences musicales, ses voyages et sa vision du monde.”

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Une famille d’agriculteurs

Issu d’une famille de cultivateurs catholiques pratiquants très croyants, Marcel Salem est appelé, toit petit, « Liga » ou « Liga thiaw » (« le muet » en sérère). Il prononcera ses premières paroles à l’âge de 5 ans à son grand frère Hyacinthe lorsqu’il entendit la cloche de l’église sonner douze coups : « Midi tiip gnaam » (« midi sonne », manger en sérère).

Dès son plus jeune âge, Salem est initié aux travaux champêtres, ses parents n’ayant pas pu réunir 25 francs pour les frais de son année scolaire. Ce qui ne l’empêchera pas d’apprendre ultérieurement à lire et écrire… Vers ses 18 ans, il quitte son village pour la ville et ses petits boulots. Au marché de Rufisque, à 25 kilomètres au sud-est de Dakar, il aide les femmes commerçantes à porter leurs marchandises. Finalement sa connaissance de la terre fait qu’on lui confie l’entretien de champs et de jardins fruitiers (manguiers, citronniers, papayers)…

Marcel Salem, le boxeur

Dans l’espoir de s’en sortir, Marcel Salem décide de devenir boxeur. Entraîné par son grand frère, il s’inscrit au club Jeanne d’Arc de Rufisque, et remportera 28 combats sur 32, dans la catégorie amateur, de poids léger à poids walter. En 1983, il part tenter sa carrière comme boxeur en Côte d’Ivoire. Après un seul combat, il rejoint le Gabon pour son sport, avant de traverser le Ghana, le Togo, le Bénin, le Nigeria, le Cameroun et la Guinée Equatoriale. Par la suite, il décide de faire son retour, mais malheureusement les douaniers lui refusent l’entrée au Gabon, il retourne à Douala au Cameroun et abandonne la boxe…

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Les influences

Bientôt, Marcel Salem est pris par le virus de la musique, notamment le reggae : « Je me souviens, c’est à cette époque-là qu’un grand frère de retour des Etats-Unis nous a rapporté, entre autres, le premier disque de Bob Marley, Peter Tosh, Bunny Wailer & The Waillers« . Outre le reggae, il est aussi influencé par les musiques de BB King, Bob Dylan, Nina Simone et les rythmes traditionnels sérères « Ndut ».

En 1985, Marcel Salem retourne en Côte d’Ivoire où il trouve un petit travail dans un atelier dans lequel il dort à même le sol. A la même période, il fréquente la salle de répétition de l’orchestre Taboo d’Ali Jaber, où il retrouve son ami Moussa Doumbouia et commence à « toucher la guitare ».

« Pas d’électricité parfois à l’époque ; débrouillards, on écoutait les 33 tours, le tourne disque 504 branché sur la batterie d’une voiture. Pour du reggae ivoirien qui vibrent aux sons d’Alpha Blondy, d’Ismaël Isaac, des Frères Keïta…« , dit Marcel Salem. Avant de poursuivre « Une nuit, j’ai un rêve décisif… en voyant mon père et mon ami chanteur Mamadou Faty, chanteur du groupe Taboo d’Ali Jaber, qui me poussent à monter sur scène et à chanter« . Marcel Salem se réveille brusquement et interprète ce rêve comme un signe… C’est alors qu’il va s’achèter une guitare. Ses textes, dont « Aana Sow », écrits sur un cahier (qu’il possède encore aujourd’hui), vont constituer l’album « Carroy 44 » (Thiaroye 44).

Salem et son frère Hyacinthe

Avec ses économies, Marcel Salem monte son atelier de vitrerie à Koumassi, un quartier d’Abidjan, afin de s’offrir l’enregistrement d’une maquette de 7 titres aux parfums reggae roots version Abidjan. Son petit frère de 28 ans, Hyacinthe, qui est mécanicien le rejoint en côte d’Ivoire. Tous deux n’oublient jamais de soutenir financièrement la famille restée à Mont Roland, leur village. Mais huit mois après, Hyacinthe disparaît mystérieusement sans laisser de trace… Malgré ses recherches, Marcel ne le retrouva pas pendant des nuits entières. Il abandonne tout pour uniquement chercher son frère qu’il ne retrouva jamais. Il rentre alors à Mont Roland, au Sénégal, et retrouve sa mère Yakoume après 11 années d’absence et joue de la musique pour soulager sa douleur. Il achète finalement un lopin de terre, plante des arbres et construit de ses mains une petite case où habite actuellement sa mère, éclairée par une bougie posée à même le sol.

Marcel Salem Trio

Invité par son ami Babakar à le rejoindre au sud de Dakar, il fait escale à Saly Portugal. Dans ce royaume de plages, d’hôtels et de résidences de vacanciers sur la Petite-Côte, Marcel Salem, muni de sa guitare et de sa voix, forme un trio acoustique avec Babakar aux percussions et Djeli Sourakata Diébaté à la kora.

Réalisations

En 2005, il auto-produit « Carroy 44 » (Thiaroye 44), son premier album rendant hommage aux soldats français d’Afrique dits « Tirailleurs sénégalais » et tombés pour la France durant la Seconde Guerre mondiale. Il y relate ses aventures, ses expériences musicales, ses voyages et sa vision de la vie. Il y parle aussi des parents ou des filles d’aujourd’hui. Fidèle à ses origines et à la formation acoustique, et entouré d’excellents musiciens, il nous délivre un reggae très africain, un afro-reggae original, fusion de reggae et de musique acoustique. Trois chansons de cet opus, « Baappa », « Dusa bos » et « Lamane », sont accompagnées de vidéos filmées dans sa région natale sérère au Sénégal, tandis que dans « Geemumooko », il dit : « Toi qui clame que c’est ton frère. Pourquoi ne lui trouves-tu pas de filet ? Pourquoi ne lui apprends-tu pas à pêcher ? Ainsi ses problèmes seraient amoindris« …

La même année 2005, il investit avec son groupe Faam Ndiawor plusieurs salles françaises, dont La Flèche d’Or ou encore le New Morning à Paris (France) et joue aux USA, avant de faire en 2006 une tournée sénégambienne qui les mène à Thiès, Saly Portudal, Mbour, Kaolack, Banjul (Gambie), Ziguinchor, Cap Skiring et Dakar…

Sort ensuite « Africa Vigilance » (2007), un album dénonçant le proxénétisme, l’hypocrisie ou les mariages forcés. Quant à l’opus « Les charognards » (2016), il comporte 12 titres enregistrés avec son groupe Faam Ndiawor, et chantés en sérère, en wolof et en français. Marcel Salem y dénonce le système dynastique africain et les injustices que subissent les pauvres du continent, mais livre aussi des textes plus positifs pour louer les richesses de la terre ou mettre en lumière la culture sérère.

Discographie

Carroy 44 – 2005

Africa Vigilance – 2007

Les charognards – 2016

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À propos de l'auteur

Nago Seck

Nago Seck

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