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“Courant musical populaire mauritanien, le medeh ou medh est répandu chez les iggawen (griots) et chez les Harâtîn, descendants d'esclaves d'origine négro-africaine... Le texte ci-dessus est sous licence libre (CC-BY-SA)

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Carrefour entre le monde africain et le monde arabo-berbère

Constituée à partir des communautés berbères, africaines et arabes qui se sont brassées et ont adopté la langue arabe, la Mauritanie est un carrefour entre monde arabo-berbère au nord et populations négro-africaines au sud. Cette situation géographique et ce melting pot culturel et forcément artistique lui offre une riche pluralité musicale : musique des (griots maures, azâwân, bedja et medeh, musiques arabe, soninkée, wolof, peule, berbère…sans oublier les musiques urbaines, fusion, folk song, rap, reggae, jazz

Chants de louange au prophète Mohamed, le medeh est répandu chez les iggawen (griots) et chez les Harâtîn, descendants d’esclaves d’origine négro-africaine chez qui c’est une musique de transe proche du vaudou du Bénin et de Haïti, du gnawa du Maroc, du gospel noir des États-Unis ou du candomblé du Brésil. Il est souvent pratiqué le jeudi soir, veille du jour de la grande prière du vendredi.

Musique religieuse et expression des esclaves

« Le medeh (chants et louanges, rythmes, cris et leurs différents lambeaux) et le redh (rythmes, danses et autres bruissements) est un genre musical qui s’apparente, sans exagération, au gospel américain. C’est une longue litanie qui valorise les faits marquants de l’Islam, qui détermine une rencontre et institue un regard et surtout, un espoir formulé dans les chants panégyriques dédiés au Prophète de l’Islam, à sa beauté subliminale et à la félicité dans l’au-delà, le Paradis, lieu d’une liberté éternelle retrouvée. »

Le medh des Haratin, sons, sens et transes inconnus du monde et dissimulés (disséminés et éclatés (4)) en Mauritanie, fournit une illustration particulièrement intéressante de ce que l’âme de l’esclave peut traduire et peut imposer dans la nuit cauchemardesque du maître. Par son contenu, le medh est, incontestablement, porteur d’un sens et d’une vision d’être et de comportement dans un univers contraint dans le moule de l’hostilité et de l’animalité subite de l’être humain.

Le medeh se singularise par un fort accent religieux. Le contenu des chansons est d’inspiration musulmane, car consacré aux louanges du prophète Mohamed et du message dont il est porteur.

Sources :

– Musiques de Mauritanie – Sylvie Clerfeuille – Sans Visa e guide des musiques vivantes de l’espace francophone – 1995.
– Musique et danse chez les Haratin de Mauritanie : Conscience identitaire et/ou dissidence culturelle* ? par le Dr. Abderrahmane N’GAIDE**, Enseignant-chercheur au Département d’Histoire de la FLSH de l’UCAD. Unesco – La Route de l’Esclave.

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Nago Seck

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