Le groupe
Tamikrest est composé de musiciens de divers horizons (Mali, Niger, Algeria, France). Voulant assumer pleinement leur identité touarègue, ils ont trouvé dans la musique rebelle ishumar le moyen de l’exprimer. « Un désert nous accueille, une langue nous unit, une culture nous lie. »
Plusieurs membres du groupe ont été ensemble à l’école « Les enfants de l’Adra », financée par des fondations européennes et située à Tinzaouaten, une petite ville-oasis dans le Sahara, où ils ont reçu une formation musicale de base.
L’histoire commence à Kidal, capitale de la huitième région du Mali, en faisant du thé bien sûr. Pino, Cheikh et Mossa venaient de terminer un stage de guitare avec Juhan Ecaré (guitariste de Meiway) lorsqu’ils décidèrent de former un groupe avec seulement deux vieilles guitares « faites maison ». Et ils se sont mis au travail… « Même si nous sommes jeunes, les guitares ont encore six cordes ! »
Après un an et demi de travail acharné, le groupe est complet et leur répertoire s’est étoffé pour contenir plus de vingt-cinq compositions originales. Si leur musique prend racine dans le rock ishumar ou le blues touareg, elle emprunte à diverses influences internationales ainsi qu’aux cultures voisines.
Alors naît en 2006 le groupe Tamikrest composé de Ousmane Ag Mossa (guitares électrique et acoustique), Ibrahim Ahmed aka Pino (calebasse, percussions), Cheick Ag Tiglia (guitares slide et acoustique, basse, voix), Aghaly Ag Mohamedine (djembé, darbouka, calebasse, guitare électrique, voix), Paul Salvagnac (guitares électrique et acoustique, guitare slide) et Nicolas Grupp (batterie, percussions).
Leur musique
Leur musique aux parfums dub et reggae par endroits, avec des voix à la fois ondoyantes et hypnotiques, intimement mêlés avec leur vision très personnelle de la musique touarègue, est donnée par des guitares électrique, slide et basse, calebasse, djembé, darbouka.
Ce blues du désert, appelé « assouf » signifie « la solitude » ou « la nostalgie » en tamasheq, fait la synthèse entre le blues, le rock, la musique traditionnelle touareg et la musique arabe.
A travers les messages de leurs chansons, Tamikrest veut rendre la poésie et la culture tamasheq accessibles aux habitants d’un monde plus vaste que l’immensité du désert saharien.
Tinariwen, la référence
Considérés comme le fer de lance de la nouvelle génération touareg, les Tamikrest sont les héritiers de Tinariwen dont le nom d’origine est Taghreft Tinariwen qui signifie « l’édification des pays » en tamasheq. Ce fameux groupe a reçu un Grammy Award avec l’album « Tassili » en 2012 aux Etats-Unis.
S’inspirant de la musique rebelle ishumar de ces derniers, Tamikrest ouvre de nouvelles voies entre le blues tamasheq du désert et le rock occidental porté par des voix totalement hypnotiques à l’état brut, un groove qui alimente les chansons, ces lignes de basse fines et serpentines, et ces mélodies de guitares tourbillonnantes, dont résulte un mélange éminemment naturel portant la griffe du Sahel et du Maghreb.
Les émeutes
Lorsque les émeutes éclatent en 2006 à Kidal, Ousmane Ag Mossa, né à Tin Zaouatine, et son camarade de classe Cheick Ag Tiglia se décident non pas de rejoindre la lutte armée mais à faire de la musique un moyen de soutenir les Touaregs dans leur combat et d’attirer l’attention sur leur situation.
Adagh
D’une rencontre avec le groupe australo-américain entre folk-rock, indie rock et musique ethnique, Dirtmusic lors du Festival de musique touareg, Festival au Désert, en 2008, dans la commune malienne d’Essakane, district de Goundam, à environ 70 Kilomètres à l’ouest de Tombouctou, naît une amitié et une coopération artistique. Tamikrest joue en 2010 sur le deuxième album de Dirtmusic, « BKO » (abréviation de Bamako), enregistré en studio à Bamako, au Mali. C’est lors de ces sessions musicales que le premier album de Tamikrest, « Adagh » voit le jour, produit par Chris Eckman (membre de Dirtmusic et de Walkabouts).
Toumastin
Cette même année 2010, les deux groupes partent ensemble en tournée en Europe et jouent entre autres au Sziget Festival et au Orange Blossom Special-Festival organisé par Glitterhouse, leur maison de disques commune. « Toumastin » (2011), leur deuxième album, est enregistré en octobre et à nouveau produit par Chris Eckmann.
Le conflit malien
La guerre du Mali, qui commence en 2012, empêche le groupe de jouer dans le nord du pays. « Nous vivons des moments très difficiles à cause des islamistes radicaux. Mais l’État malien est aussi largement responsable de la situation actuelle. Il ne fait rien pour les Touaregs et a laissé les terroristes s’implanter dans notre désert », précise le leader Ousmane Ag Mossa, marqué par Bob Marley, Mark Knopfler et d’Eric Clapton.
Chatma
En 2013, sort leur troisième album, « Chatma », réalisé avec la chanteuse Wonou Walett Sidati. Portés par des boucles de guitares blues entêtantes, y figurent des thèmes comme la défense de la culture, le désir d’indépendance et la souffrance des femmes. Ce sont « des explorateurs d’un blues saharien hypnotique et psychédélique », écrit alors les Inrockuptibles. La même année, le groupe voit l’arrivée d’un nouveau membre, le guitariste français Paul Salvagnac. Le batteur français Nicolas Grupp les a également rejoints.
Taksera
« Taksera » (« célébration avec de la musique » en tamashek), un album live brut enregistré le 1er août 2014 lors de leur tournée, sur la scène du festival d’été Burg Herzberg Festival à Alsfeld, en Allemagne, est destiné à donner un coup de fouet à la réputation déjà grisante du groupe rock touareg Tamikrest.
Paru en 2015, « Taksera » souligne énergiquement la mission culturelle de Tamikrest et son engagement à explorer de nouvelles possibilités pour la musique touareg. Il montre un groupe plein de confiance, toujours désireux de monter leurs amplis et de les laisser déchirer.
« Taksera » a été conçu et mixé par Jean-Paul Romann qui a produit des albums phares des légendes du blues touareg comme Tinariwen et Terakaft.
A travers « Taksera », Tamikrest revisite les trois premiers albums studio acclamés du groupe et donne un argument très précis sur la raison pour laquelle Tamikrest est l’un des jeunes groupes les plus appréciés du blues touareg.
Kidal
En mars 2017 sort « Kidal », leur cinquième album en hommage à la ville au nord du Mali, enregistré au studio Bogolan à Bamako. Sur cet album « la singularité de l’écriture musicale des Tamasheq n’a pas cédé au formatage, tout comme leur blues rock ou rock blues – hypnotique, cousin proche du registre de Tinariwen« , écrit RFI. Tamikrest se produit notamment sur scène en 2018 au Festival international des nomades, à M’Hamid El Ghizlane, au Maroc.
Tamotaït
Sorti en 2020, leur sixième album, « Tamotaït », compte parmi ses invités la chanteuse marocaine Hindi Zahra. Un album qualifié par FIP de « sans doute le plus aventureux du groupe propulsant ses mélodies et son rock touareg jusqu’aux contrées lointaines des îles reculées du Japon. »
* Sources :
https://www.tamikrest.net/
wikipedia
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