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“Né le 7 avril 1927 à Ajido, dans l'État de Lagos, au Nigeria, Michael Babatunde Olatunji aka Babatunde Olatunji ou Baba Olatunji est un auteur-compositeur, arrangeur, excellent percussionniste, professeur et militant des droits de l’homme.
Il est l'un des percussionnistes les plus doués de sa génération. Il a créé à New York (USA) une école de percussions comprenant les tambours ashiko. En 1958, il sort son premier 33 tours, " Jin Go Lo Ba (The Drums of Passion)". The Drums of Passion deviendra le nom de son groupe.
Grand promoteur de la culture du peuple Egun (Ogu) et Yoruba, Babatunde Olatunji meurt des suites de complications liées au diabète le 6 avril 2003 à Salinas, en Californie, aux Etats-Unis où il vivait depuis 1950. ”

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Ses origines

Membre du peuple Egun (Ogu), Babatunde Olatunji a été initié à la musique traditionnelle africaine dès son plus jeune âge. Son nom, Babatunde signifie « père est revenu », car il est né deux mois après la mort de son père, Zannu, membre du peuple Egun. Olatunji était considéré comme une réincarnation. Son père était un pêcheur local qui était sur le point d’accéder au rang de chef et sa mère était une potière qui était membre du même peuple. Olatunji a grandi en parlant les langues Gun (Egun / Ogu) et Yoruba. Sa grand-mère maternelle et une de ses arrière-grands-mères étaient des prêtresses des religions Vodun et Ogu, et elles adoraient les dieux vodun, comme Kori, la déesse de la fertilité.

En raison de la mort prématurée de son père, il a été préparé dès son plus jeune âge à occuper le poste de chef. Quand il avait 12 ans, il réalisa qu’il ne voulait pas devenir chef. Il a lu dans le magazine Reader’s Digest des informations sur le programme de bourses d’études de la Fondation Rotary International et a déposé une candidature qui a été acceptée. C’est ainsi qu’il part aux États-Unis en 1950.

Babatunde Olatunji au Morehouse College d’Atlanta

Grâce à cette bourse du Rotary, Babatunde Olatunji va faire ses études au Morehouse College d’Atlanta, en Géorgie, comme il le souhaitait, mais n’a jamais chanté au Glee Club de cette université. Il était ami avec le directeur du Glee Club, Dr Wendell P. Whalum, et a collaboré avec lui sur certaines chansons de la chorale, dont « Betelehemu », un chant de Noël nigérian. Morehouse College a eu des étudiants célèbres comme Martin Luther King, Spike Lee, Samuel L. Jackson…
Après avoir obtenu son diplôme à Morehouse, Babatunde Olatunji rejoint l’Université de New York pour étudier l’administration publique. Là, il monte un petit groupe de percussions pour gagner de l’argent en poursuivant ses études.

Reprises de « Jin-Go-Lo-Ba » par Carlos Santana sous l’intitulé « Jingo »

Après avoir entendu Babatunde Olatunji jouer avec l’orchestre de 66 musiciens de Radio City Music Hall, Columbia Records le signe sur en 1957. Un an plus tard, il sort sur ce label son premier album, « Jin-Go-Lo-Ba (The Drums of Passion) ».
Carlos Santana reprendra l’intitulé de cet opus, « Jin-Go-Lo-Ba », sous le titre « Jingo » de son album éponyme sorti en 1969 chez Columbia. Santana sera à la guitare sur l’album « Drums Of Passion : The Beat » du Nigérian paru dix ans plus tard.

Babatunde Olatunji et John Coltrane

En 1959, Babatunde Olatunji sort son album « Drums of Passion », caractérisé par les polyrythmies des percussions et devenu un succès majeur et contribuant à initier de nombreux Américains à la musique du monde. Drums of Passion deviendra le nom de son groupe. Dès lors, Babatunde Olatunji est reconnu par de célèbres musiciens de jazz, dont John Coltrane, devenu son ami et qui lui dédiera en 1962 la chanson « Tunji ».

High Life!

En 1963, Olatunji enregistre pour Columbia Records « High Life! », un album consacré au highlife, un courant musical très populaire du Ghana et adopté dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest (Nigeria, Bénin, Togo, Côte d’Ivoire, etc).

Reprises de « Drums of Passion » par Serge Gainsbourg

Après avoir écouté « Drums of Passion », Serge Gainsbourg utilise, sans le créditer immédiatement, certaines chansons de cet opus pour son album « Gainsbourg Percussions » paru en 1964 chez Philips Phonografic Industries.

Autres projets

Babatunde Olatunji a enregistré, parfois sous son premier prénom, Michael, des albums, dont « Soul Makossa Part 1&2 » (1973) de Manu Dibango, mais aussi avec de nombreux autres musiciens de grande renommée, dont Cannonball Adderley And His Orchestra (« African Waltz » – LP – 1961), Horace Silver, Quincy Jones, Pee Wee Ellis, Stevie Wonder, Randy Weston, Max Roach (avec la diva Abbey Lincol) sur l’album « We Insist Freedom’s Max Roach Now Suite », Mickey Hart (batteur du groupe Grateful Dead), sur « Planet Drum » nommé « Meilleur album World Music » aux Grammy Awards 1991. Il a aussi collaboré avec Bob Dylan et apparaît également dans l’épisode de la deuxième saison de « Olatunji – An African in New York » de CBC Television Show Quest broadcast diffusée le 6 mai 1962, une série qui mettait également en vedette Bob Dylan dans un épisode du 10 mars 1964.

Olatunji Center for African Culture

En 1964, Babatunde Olatunji organise des spectacles à l’Exposition Universelle de New York. Avec l’argent gagné, il fonde en 1965 le Olatunji Center for African Culture à Harlem. Le centre offrait des cours de danse africaine, de musique, de langue, de folklore et d’histoire pour deux dollars par séance. Un programme de formation des enseignants y était donné, et le dimanche, il y avait une série de concerts « Roots of Africa » mettant en vedette des musiciens légendaires comme Yusef Lateef, John Coltrane (1926-1967) et Pete Seeger. « John Coltrane a donné son dernier concert le 23 avril 1967 à mon centre, quelques mois seulement avant sa mort survenue le 17 juillet 1967 », se souvient Olatunji. Ce spectacle du saxophoniste américain fera l’objet d’un album intitulé « The Olatunji Concert : The Last Live Recording ».

Autres réalisations

Babatunde Olatunji enregistrera plusieurs autres albums : « Drums of Passion : The Invocation » (1988), « Drums of Passion : The Beat » (1989) (avec Airto Moreira et Carlos Santana), « More Drums Of Passion » (1996), « Love Drum Talk » (1997), « Circle of Drums » (2005 – originellement intitulé « Cosmic Rhythm Vibrations » et enregistré en 1995 avec le percussionniste et batteur américain Steven Bookvich aka Muruga Booker et le son compatriote et percussionniste Sikiru Adepoju).

Film, théâtre

Babatunde Olatunji a composé de la musique pour le théâtre de Broadway et les productions cinématographiques hollywoodiennes, dont « Raisin in the Sun » en 1961. Il participera, avec le titre « Mystery of Love », à la bande originale du film à succès « She’s Gotta Have It » de Spike Lee qu’il considère comme « son fils spirituel ».
Babatunde Olatunji et Spike Lee sont tous les deux passés par Morehouse College d’Atlanta, en Géorgie, pour leurs études, à des époques différentes.

Activisme

Panafricaniste convaincu, Babatunde Olatunji était connu pour avoir prononcé un discours passionné pour la justice sociale avant de se produire devant un public en direct. En 1952, trois ans avant que Rosa Parks ne contribue à déclencher le boycott des bus de Montgomery en Alabama, Olatunji a organisé ses propres manifestations dans les bus publics du sud. « Nous avons commencé la manifestation tranquillement… Nous faisions partie intégrante de la lutte pour la liberté au début des années 1950 », dit ce militant des doits de l’homme à propos d’une manifestation d’étudiants africains dans un bus à Atlanta.

Babatunde Olatunji participera à un événement à Harlem avec Malcolm X pour marquer l’indépendance du Nigeria le 1er octobre 1960. Lorsqu’il s’est produit devant l’Assemblée générale des Nations Unies, Nikita Khrouchtchev, secrétaire du Parti communiste de l’Union soviétique et président du conseil des ministres de 1958 à 1964, n’a pas résisté aux rythmes des percussions du Nigérian et a exécuté des pas de danse. Il fit aussi une tournée dans le sud des États-Unis avec le révérend Martin Luther King Jr. qu’il rejoignit lors de la Marche pour les droits civiques sur Washington de 1963. Ses convictions politiques progressistes sont décrites dans son livre autobiographique « The Beat of My Drum: An Autobiography » (Temple University Press – 2005), préfacé par Joan Baez.
Plus tard, il fut l’un des premiers artistes étrangers à se produire à Prague à la demande de Václav Havel (dramaturge, essayiste, homme d’État et président de la Tchécoslovaquie du 29 décembre 1989 au 20 juillet 1992). Le 21 juillet 1979, il est apparu au « Amandla Festival of Unity » avec Bob Marley, Dick Gregory, Patti LaBelle et Eddie Palmieri, Julian Jabula, entre autres.

Babatunde Olatunji, l’éducateur

En tant qu’éducateur, Babatunde Olatunji a inventé une méthode d’enseignement et d’enregistrement de notes de batterie qu’il a appelé la méthode « Gun-Dun, Go-Do, Pa-Ta » d’après les différents sons émis sur le tambour. Il fait des masterclass et a animé des ateliers de batterie dès la fin des années 1950. Au fil des ans, il a animé des ateliers à l’échelle nationale et internationale dans des collèges, des universités, des organisations civiques, culturelles et gouvernementales.
Il a co-écrit « Musical Instruments of Africa: Their Nature, Use and Place in the Life of a Deeply Musical People » avec Betty Warner-Dietz (John Day Company – 1965). Il a organisé des cours d’été de percussions et de danse africaines avec sa femme, Amy, à l’Omega Institute in Rhinebeck à New York, pendant de nombreuses années. Il a également enseigné à Esalen Institut en Californie à partir de 1985.

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À propos de l'auteur

Nago Seck

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