Une passion adolescente pour la kora
Elevée par sa grand-mère dans le village de Tataguine, en pays sérère, Senny Camara grandit à Tataguine (ouest du Sénégal), bercée à la fois par les chants de Yandé Codou Sène, la diva sérère, les musiques de transe des lébous héritée de sa grand tante, guérisseuse, et les épopées mandingues que chante Maa Hawa Kouyaté, sa référence.
Fascinée dès son adolescence par la kora , elle demande à un ami, Youssoupha, de lui en fabriquer une. Elle sera soutenue dans sa démarche par le grand-père de cette famille : « Le papa, âgé de 90 ans, m’a dit une seule chose qui m’a beaucoup aidée – l’important c’est de respecter l’instrument « .
Inscrite à l’Ecole des Arts de Dakar, Senny prend des cours de guitare, de balafon, de piano et surtout de kora auprès de Youssoupha Koutidio. « Nous les filles étions majoritaires dans les cours de kora mais, malheureusement, la plupart d’entre elles ont abandonné, du fait de la presse sociale« . Son seul concert au Sénégal aura lieu en 2001 au Centre Culturel Francais de Dakar, en compagnie de la danseuse Fatou Cissé.
L’Europe : terre de rencontres musicales
Animatrice et chanteuse au sein d’un groupe se produisant dans un hôtel de la petite côte, Senny Camara s’initie à divers styles musicaux comme la chanson italienne, la salsa, la variété française. la pop américaine puis s’envole avec le groupe et son mari français, ingénieur du son, pour la Belgique. Bientôt installée à Paris, puis à Saint Denis, la jeune femme se produit dans les petites salles parisiennes, les festivals et fait de belles rencontres professionnelles : Thierry Fournel, musicien français, spécialiste de musique mandingue, le virtuose Ba Cissoko, le groupe de reggae Baye Fall, le balafoniste Bakary Diarra et Ignacio Maria Gomez Lopez, un musicien argentin, passionné de musique mandingue.
La découverte de la harpe
En 2007, Senny décide de prendre des cours au Conservatoire de Saint-Denis et découvre la harpe. « Il y avait encore une place dans ce cours. Je ne connaissais pas cet instrument mais j’en suis tombée immédiatement amoureuse. Je me suis mise à en jouer en utilisant la technique de la kora. Ma professeure, qui me donnait des morceaux à travailler, découvrait, étonnée, ma façon très personnelle de les interpréter. Elle appréciait beaucoup « .
L’aventure O’Sisters entre électro et fusion
En 2019, Senny intègre O’Sisters, un groupe créé sous l’impulsion de la DJ et productrice française Missill. Ce collectif féminin réunissant des artistes des quatre coins du monde (France, Sénégal, Bosnie , USA, Tunisie) diffuse des messages positifs d’émancipation, d’unité et de solidarité aux femmes du monde entier. Leur style est un mix de sonorités électro, de percussions et de voix combinant rap espagnol et new-yorkais, chants indiens, percussions arabes, mélodies bosniaques et africaines, kora. Leur look psychédélique et leur show leur assure une certaine popularité dans le milieu électro et aboutit à signature en 2020 d’un album, « Unity is power », et de trois EP, « Olala Pimienta », « Moussolou » et « En3ria & Se3ny », un duo entre Missill et Senny chantant l’écologie.
« Boolo » : une approche originale des classiques sénégalais
En 2020, Senny Camara signe sa première œuvre solo, « Boolo » (l’unité), une série de compositions originales où elle propose notamment une réinterprétation de classiques sénégalais comme « Bim Bam ». Elle est accompagnée pour l’occasion de Thierry Fournel à la guitare, Bakary Diarra au balafon, Pierre-Yves Le Jeune à la contrebasse, Honoré Kouadio aux percussions et du rapper ivanhOs, présent sur le titre « Talibé ».
Ses titres qui dénoncent lees mariages forcés et la situation des enfants des rues sont le reflet d’une personnalité revendiquant avant tout l’égalité et le respect entre hommes et femmes. Ses références sont des personnalités charismatiques comme Frantz Fanon, Fela Anikulapo Kuti, Amadou Hampâté Bâ mais aussi Nina Simone, Joséphine Baker, Chimamanda Ngozie Adichie, et Maa Hawa Kouyaté.
Ellle intègre, la même année, le projet « L’Afrique à chanter » réunissant Alsarah & the Nubatones (Soudan/USA), Fatoumata Diawara (Mali), Oum (Maroc), Tubatsi Mpho Moloi (Afrique du Sud) et Blick Bassy (Cameroun)
Saint-Denis, Seine-Saint-Denis
Basée à Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis, Senny Camara livre son regard sur sa commune d’adoption : « Je suis rentré au Conservatoire de Saint-Denis pour perfectionner ma formation musicale après des études à l’Ecole des Arts de Dakar, au Sénégal. Comme il n’y avait pas de place au cours de guitare, on m’a proposé la harpe celtique. Je n’ai pas hésité tellement l’instrument était magnifique et correspondait à ce que je faisais à la kora. »
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