Joachim Marcel Vomitiendé, l’oncle virtuose
Né d’une famille de chanteurs et de musiciens, Sultan Zembellat a toujours baigné dans la musique, envoûté par les mélodies et chants de l’Afrique profonde. Dès l’âge de 15 ans, il commence à chanter, se perfectionnant auprès de son oncle, feu Joachim Marcel Vomitiende, Chef de la Fanfare Nationale et professeur de musique à Bangui. Par son talent et sa grande silhouette, ce dernier ne passait jamais inaperçu lors du traditionnel défilé de la fête de l’indépendance du 1er décembre, jouant avec virtuosité de son bâton de Maître. D’ailleurs, Sultan Zembellat n’oublie jamais de rendre hommage à ses parents et à cet oncle qui lui a beaucoup apporté : «~Je rends ici hommage à mes parents disparus à ce jour, surtout à mon oncle Marcel Joachim Vomitiendé qui m’ont beaucoup apporté dans la musique. Tout le monde chante et joue d’un instrument dans ma famille, et ce qui m’a sans doute motivé de devenir chanteur musicien~».
Diversité culturelle
Auteur, compositeur et guitariste talentueux, Sultan Zembellat chante en «~sango~» (sa langue), en «~ngbaka~» (langue et ethnie du Sud et Sud-Ouest Centrafrique où vivent les Pygmées Aka), en lingala, en wolof et en français. Il parle de l’amour, de la nostalgie (de Bangui), de la terre de ses ancêtres, de la prise de conscience nationale et de l’âme du peuple centrafricain à travers ses nombreux disques: Mea Culpa (1985), Vini dansé (1987), Nzondamovo (1993), Séré Boulon (1996) et Baténgué (2007), une fusion de rumba de Bangui, des polyphonies des Pygmées Aka et de salsa inspirée du bal populaire centrafricain.
Maïgaro
Ex membre fondateur des ensembles Kongo Wara et Kokombo Stars à son arrivée à Paris, Sultan Zembellat dirige ensuite son propre groupe, Maïgaro, regroupant des musiciens de diverses origines dont le Congolais Umberto Luambo (guitare/voix et cousin germain de François Luambo Makiadi alias «~Franco~») et les Centrafricains Yahya Delmas Kélou (auteur, compositeur, interprète) et Princesse Léonie Kangala (voix). «~La musique n’a pas de frontière et c’est la diversité qui fait l’unité~», a-t-il l’habitude de dire.
Son jeu de guitare et sa rumba/salsa chantée en «~sango~» lui ont valu une participation à l’album Café noir – Bana Congo presents Papa Noël (2007) enregistré à la Havane, à Londres et à Paris et produit par le label anglais, Tumi Music. Pont musical entre l’Afrique (rumba congolaise) et Cuba (son cubano), Café noir réunit, autour du guitariste congolais Papa Noël (ex Franco & TP OK Jazz), des artistes de talent comme les guitaristes Gilberto Papi Oviedo (Cuba) et Sultan Zembellat himself (Centrafrique), le saxophoniste Manu Dibango (Cameroun) ou encore la chanteuse Abby Surya (Congo Kinshasa).
Le Sultan éducateur
Ancien élève de l’Ecole des Beaux -Arts de Dakar, Sultan Zembellat est titulaire d’un DEFA (Diplôme d’Etat aux Fonctions d’Animation), d’un DEUG d’Arts Plastiques et d’une Maîtrise en Economie Sociale. Ce qui lui fait dire qu’il est «~un éducateur, un véritable ambassadeur de la culture africaine.~»
Un militant du patrimoine
Tout au long de sa carrière, Sultan Zembellat a milité pour la réhabilitation de la contribution des musiciens centrafricains à la naissance des différents genres musicaux en Afrique centrale, la sauvegarde des nombreuses œuvres musicales menacées de disparition à la suite de la destruction lors de différents conflits armés des archives audiovisuelles de Radio Bangui, lieu de conservation des archives culturelles de la Centrafrique et la promotion de l’histoire musicale centrafricaine.
Sultan Zembellat est décédé le 12 février 2010. il avait 50 ans.